Le plan d’urgence annoncé hier par EDF est un nouveau signe de la défaillance publique. L’ampleur de l’augmentation de capital de 4 milliards d’euros et les trois autres mesures de durcissement du plan d’économie, d’augmentation du volume de cessions et de réduction des investissements montrent l’intensité de la crise que traverse l’énergéticien public.
Cette situation n’est pas seulement la conséquence de la crise que traverse actuellement le secteur. Le comparable le plus proche, Engie, ne se débat pas dans les mêmes difficultés…
Le ministre de l’économie regrette justement, dans le JDD, les prélèvements excessifs de dividendes pratiqués par le gouvernement depuis plusieurs années, dont il doit assumer, avec ses prédécesseurs, la responsabilité. Mais il passe sous silence le fait qu’EDF a pâti, comme Areva, CGG, Eramet ou la SNCF notamment, de graves défauts de gouvernance, d’une absence de vision stratégique et de choix guidés par les calculs électoraux à court terme du pouvoir au lieu de l’être par l’intérêt de l’entreprise et celui de la France.
Le sauvetage en cours d’EDF a un coût financier immédiat : 5 milliards d’euros pour les finances publiques. Il a un coût humain durable, avec les suppressions de postes déjà annoncées et les prochaines à venir. Il a aussi un coût stratégique et industriel immense, puisque le groupe public apparaît durablement affaibli et qu’il a perdu l’avance qu’il avait sur ses grands concurrents internationaux.
Derrière l’avenir d’EDF, c’est l’indépendance énergétique de la France et l’approvisionnement de tous les Français, ainsi que de toute les entreprises installées sur le territoire national, en électricité au meilleur coût qui sont en jeu. Par leurs erreurs et leur inaction, nos dirigeants les ont mises en péril.
Il n’y a pas de fatalité à cette faillite de l’Etat actionnaire. Pour renouer avec le succès, il est essentiel de transformer en profondeur les règles de la gouvernance publique, afin que la compétence l’importe sur les arrangements politiques. Il faut aussi définir une politique industrielle claire, au service d’objectifs ambitieux, sous le contrôle d’un ministre de l’économie mobilisé par sa seule mission de serviteur de l’Etat.