Chers Amis,

Il est temps de revenir sur terre. Certes, la comparaison entre Emmanuel Macron et son prédécesseur est flatteuse. Mais n’importe quel candidat élu aurait été meilleur que François Hollande !

En dépit de toutes les fariboles journalistiques, nous ne sommes pas en 1958. La situation est très différente. Les enjeux aussi. Surtout, Emmanuel Macron n’est pas l’homme du 18 juin. Charles de Gaulle avait une vision et un programme clairs pour le pays, annoncés avec précision dans son discours de Bayeux de 1946 et mûris patiemment ensuite pendant 12 ans. Emmanuel Macron a fait établir son programme par les services de France Stratégie à Bercy cinq mois avant l’élection. Ce programme n’est toujours pas clair.

Dans ce contexte, c’est une erreur de vouloir précipiter la réforme du code du travail. François Hollande et Manuel Valls, mus par de seules considérations tactiques, ont fait la même, réussissant le tour de force de rendre hostile à la loi El Khomri 71% des Français, dont la même proportion lui était initialement favorable.

Démarrant avec 51% de Français hostiles à son projet, ainsi qu’au recours aux ordonnances, le président de la République prendrait sinon le risque de miner encore un peu plus un sujet sur lequel il faut au contraire rassembler l’immense majorité du peuple. Cela suppose du temps, de la pédagogie et du leadership.

Les Français les moins favorisés ne doivent pas avoir le sentiment qu’ils subissent une nouvelle réforme dictée par le MEDEF. Il faut vraiment être un patron ou un fonctionnaire enfermé sur lui-même pour ne pas comprendre l’injustice que peut représenter, aux yeux des salariés, le plafonnement des indemnités chômage.

La réforme du code du travail ne pourra réussir que si l’ensemble des salariés sont convaincus de participer à la mise en place d’un système juste permettant de remporter la bataille nationale de l’emploiau bénéfice de leurs enfants et de leurs petits-enfants.

C’est d’autant plus souhaitable que la réforme du code du travail n’est qu’un élément, parmi d’autres, pour viser le plein-emploi. Adéquation de la formation à l’emploi, aménagement du territoire, positionnement stratégique sur les industries du futur, baisse de la pression fiscale et réduction de la complexité administrative, sont encore plus déterminants, comme le montrent tous les exemples étrangers.

La réforme du code du travail nécessite du temps. Plutôt que de la brusquer, Emmanuel Macron devrait employer son énergie à éviter un énième renouvellement de l’état d’urgence en s’efforçant de mettre en place très rapidement un nouveau régime permettant de concilier, dans la durée, le succès de la lutte contre le terrorisme islamiste et la garantie des libertés fondamentales des Français. Il devrait aussi, sans plus attendre, faire preuve d’exemplarité en mettant un terme aux fonctions de François Bayrou, garde des Sceaux mis en examen, et de Richard Ferrand, empêtré dans ses affaires familiales.

Ce sont là les vraies urgences pour réconcilier les Français avec l’autorité politique et combattre efficacement le populisme. Un quinquennat qui démarrerait sous le signe du renouvellement de l’état d’urgence, des ordonnances sur la loi travail et des premiers scandales ministériels ne serait qu’un remake du précédent et Emmanuel Macron se condamnerait à n’être qu’un François Hollande plus jeune.

La France mérite mieux. Le bol d’oxygène créé par le départ de François Hollande doit être utilisé au profit du pays tout entier. 15 jours après l’investiture, le moment est venu de redresser la barre.

Bon week-end à tous

François Vigne
Président de la France en marche

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