Chers Amis,
Je veux d’abord rendre hommage aux forces françaises déployées autour de notre ambassade de Ouagadougou, qui ont de nouveau fait preuve de leur efficacité lors de la lâche attaque terroriste d’hier matin. Elle confirme encore, si besoin était, que la menace reste très élevée sur nos fronts extérieurs comme sur le territoire national. C’est pour cela qu’il est urgent de renforcer les moyens de l’armée après trop d’années de sous-investissement.
C’est pour cela aussi qu’il est temps d’oser la réforme, comme l’a déclaré le Premier ministre lundi matin. Mais Edouard Philippe aurait dû ajouter de l’Etat plutôt que de s’arrêter à la SNCF… Que l’extinction du statut de cheminot s’impose, tous les Français en conviennent. Mais cela ne suffit pas !
La SNCF ne va pas bien, c’est un fait. L’Etat ne fonctionne malheureusement pas mieux et sa dette de 2276 milliards est beaucoup plus inquiétante que les 47 milliards de notre société nationale de chemins de fer.
Comme le déclarait Roosevelt, gouverner, c’est maintenir les balances de la justice égales pour tous. C’est vrai du système judiciaire. C’est vrai aussi de la justice économique et sociale.
La vraie priorité pour la France, c’est la réforme de l’Etat. Il eut été beaucoup plus puissant et efficace d’inscrire la réforme de la SNCF dans un projet ambitieux de refondation de l’Etat. Et il serait beaucoup plus convaincant de demander aux cheminots l’abandon de leur statut dans un mouvement général d’abolition du statut de la fonction publique pour tous les emplois qui ne le justifient plus.
Pourtant, s’il est bien un sujet sur lequel notre conteur de président et son gouvernement se sont montrés très frileux depuis les élections du printemps 2017, c’est celui de la réforme de l’administration, ainsi que de la réduction des dépenses et de la dette publiques. Au rythme mis en œuvre dans le budget 2018, il faudra plus de 31 ans pour réaliser l’engagement présidentiel d’une réduction de 120 000 du nombre de fonctionnaires sur la durée du quinquennat. Autant dire qu’il ne sera pas tenu !
C’est parce que les cheminots n’auront plus le sentiment d’être, avec les retraités, les victimes expiatoires des 35 dernières années d’incurie française, mais qu’ils participent au contraire d’un mouvement décisif de transformation nationale qu’ils accepteront les efforts demandés et en seront demain les meilleurs promoteurs.
Il est urgent aussi de redonner un sens à la réforme. Je conseille à chacun la lecture du compte-rendu du Conseil des ministres de mercredi sur le nouveau Pacte ferroviaire. Vous y trouverez tous les motifs d’économies nécessaires. Mais je défie quiconque d’y retrouver une seule vision de ce que doit être le service public ferroviaire de demain. Là est pourtant l’essentiel. C’est parce que nous saurons développer cette vision d’un nouveau service public ferroviaire au service du développement économique du pays, de l’aménagement de son territoire, d’une offre de transport efficace pour tous les Français, partout dans le pays, ainsi que de la préservation de son environnement, et définir sur ce fondement les moyens appropriés, que nous réussirons la réforme de la SNCF.
Il faut enfin incarner cette volonté de réforme. Qui peut croire que le président de la SNCF, après avoir docilement appliqué les politiques gouvernementales désastreuses qui ont mené l’opérateur ferroviaire dans l’impasse où il se trouve aujourd’hui, comme
dirigeant de la société depuis plus de 20 ans et président depuis 10 ans, sera l’homme de son renouveau ? Il est incompréhensible qu’Emmanuel Macron, si prompt à limoger un aussi grand serviteur que le général de Villiers, maintienne en fonction les dirigeants de la SNCF après tant d’années d’échec. C’est la responsabilité du chef de l’Etat de couper court aux soupçons de connivence et de parisianisme, qui minent aujourd’hui la confiance des Français dans leurs institutions, en prenant les décisions qui s’imposent pour la gouvernance de la SNCF.
La situation italienne doit nous alerter. Il serait profondément dommageable pour la France qu’un réformisme sans vision et préférant cibler l’accessoire plutôt que les vraies priorités soit le plus court chemin vers le populisme.
C’est pour cela que nous sommes déterminés à préparer l’alternance sur le fondement d’un projet de redressement du pays qui commence par la transformation de l’Etat et ne laisse personne, d’abord et y compris les derniers de cordée, sur le bord du chemin.
Bon week-end à tous et bon vote au peuple italien dimanche
François Vigne
Président de la France en marche