Une sortie de crise est nécessaire !
Le président de la République et son entourage ont évoqué la possibilité de réaliser un référendum sur les vœux des Français tels qu’ils ressortiront du Grand débat et de l’organiser le même jour que les élections européennes, le 26 mai prochain. Choisir une telle date serait une funeste erreur.
Le calcul politique est clair. Une telle manœuvre permettrait à Emmanuel Macron d’essayer de récupérer, pour sa politique intérieure, le soutien de toutes les Françaises et de tous les Français qui souhaitent la poursuite de la construction européenne et veulent le renforcement de l’influence de notre nation au sein de celle-ci. Ce subterfuge l’aiderait aussi, dans le cas où ses opposants l’emporteraient très largement, à justifier son échec par la montée du sentiment antieuropéen.
Mais rien ne peut justifier de prendre en otage les élections européennes à des fins politiciennes. L’enjeu est trop important. Il est essentiel de laisser les Français s’exprimer le 26 mai prochain sur leur vision et leur volonté pour l’Union au cours des cinq prochaines années. Cela suppose de les laisser se concentrer sur ce seul sujet et de leur offrir le temps d’une campagne pleine et responsable dans les semaines précédant l’élection.
Imposer une double consultation européenne et référendaire le même jour, c’est à coup sûr faire prévaloir les préoccupations nationales sur les enjeux européens. Au regard de la défiance de l’immense majorité des Français vis-à-vis du président de la République, c’est aussi faire le jeu de tous les ennemis de la construction européenne, à commencer par les Insoumis et le Rassemblement national, et prendre le risque d’affaiblir encore un peu plus la voix de la France au sein de l’Union.
Le sens des intérêts supérieurs et de l’avenir de la nation, ainsi que celui de l’Europe, impose de choisir une autre date que le 26 mai pour la tenue d’une éventuelle consultation référendaire. L’urgence de la sortie de la crise des Gilets jaunes rend aussi nécessaire de réaliser le référendum, s’il est décidé par le chef de l’Etat, dès que possible après le lancement du Grand débat, soit entre le 16 mars et le 6 avril au plus tard au plus tard, en tenant compte des congés scolaires d’hiver et de printemps. Un temps suffisant serait alors laissé pour une campagne européenne sereine.
L’intérêt de la France et de l’Union est clair. C’est maintenant au président de la République de décider en se fondant sur ce seul critère.