Un an après la naissance du mouvement, ce sont entre 30 000 et 40 000 Gilets jaunes qui ont encore défilé ce week-end en France, soit trois plus que lors de la marche trop médiatisée contre la soi-disant islamophobie. La Place d’Italie et certaine autres quartiers de la capitale ont été le théâtre de scènes de chaos. La situation a aussi été tendue à Nantes ou à Montpellier.

Deux principales conclusions doivent être tirées de l’acte 53 des Gilets jaunes. La première est qu’il est urgent de s’attaquer vraiment aux casseurs et de prendre les moyens de mettre fin à leurs agissements. Malgré l’ampleur des moyens déployés, de nouveaux saccages inacceptables ont eu lieu. Les Français ont eu de nouveau honte de voir leurs policiers poursuivis et obligés de se barricader dans une laverie pour échapper à leurs poursuivants. Et le courroux des Gilets jaunes se trouve renforcé par la répression dont ils s’estiment par ricochet injustement victimes.

Cette situation ne doit plus durer. Les scènes auxquelles nous avons assisté sont indignes d’une République dans laquelle la liberté et la sécurité de chaque citoyen doivent être assurées et garanties. Elles ont un coût immense pour notre pays, par les dommages causés, par les traumatismes provoqués, par les failles du système de maintien de l’ordre mis au grand jour et par leur effet désastreux sur l’image de notre nation dans le monde.

Il n’est plus possible que les centres-villes des grandes villes françaises, à commencer par celui de Paris, continuent à être en état de siège tous les samedis comme ils le sont depuis maintenant plus de quatre mois. Paris était hier et aujourd’hui, en son centre, une ville morte. Toutes les mesures doivent désormais être prises pour que de telles exactions ne puissent plus se reproduire et que l’ensemble des Parisiens, comme des Français, aient enfin la liberté, tous les week-ends, de vaquer à leurs différentes occupations sans crainte pour leur personne ou pour leurs biens.

La seconde conclusion, tout aussi importante, est que la crise politique des Gilets jaunes reste entière. Il est trop rapide de dire, comme la porte-parole du gouvernement Sibeth Nidaye que « le mouvement des gilets jaunes est, depuis un certain nombre de mois, gangrené par des ultras ». La mobilisation en hausse, aussi forte qu’en mars dernier, montre que le Grand débat et les 17 milliards dépensés par le gouvernement n’ont pas réussi à les convaincre, ni à calmer leur mécontentement.

Les Gilets jaunes continuent à se sentir méprisés par un pouvoir qu’il considère hautain et déconnecté de leur propre réalité. Pour que cette perception change, il est indispensable que tous les responsables politiques, à commencer par l’exécutif et tous les représentants de la majorité, aillent sur le terrain à la rencontre de ces Français qui se sentent délaissés. Il faut aussi que l’ensemble de la politique gouvernementale leur envoie les signaux clairs d’une volonté déterminée de leur réintégration complète dans la communauté nationale et de la considération qu’ils méritent, comme tous les autres citoyens.

Après un an d’une crise majeure, née de la révolte populaire contre le matraquage fiscal et l’arrogance du président de la République, il est urgent d’agir vraiment pour permettre à notre pays d’en sortir par le haut et à notre peuple de retrouver son unité. Les Gilets jaunes ont toute leur place dans la nation. Ils doivent, avec l’ensemble des autres citoyens, l’aider à répondre aux défis de notre temps et participer à la construction de son avenir.

lfm_2016