Une soixantaine de gens du voyage ont pu, pour appuyer une revendication, bloquer la circulation sur l’un des plus grands axes routiers français et entraîner sa fermeture pendant près de 24 heures sans que les pouvoirs publics interviennent pour faire cesser cette atteinte ià l’ordre public et à la libre-circulation de tous.
Les manifestants voulaient faire pression sur la justice et obtenir qu’elle donne son feu vert à leur demande de libération provisoire du fils d’une des victimes de la fusillade de mardi dernier, actuellement incarcéré à la maison d’arrêt d’Amiens pour vol et voie de fait, afin qu’il puisse assister aux funérailles de son père, sous escorte policière. Quelle que soit la légitimité de cette revendication, il n’est pas acceptable que le gouvernement les ait ainsi laissé contraindre l’autorité judiciaire et se faire justice eux-mêmes.
La défaillance de l’Etat a un triple effet négatif. Elle renforce d’abord le ressentiment populaire contre les gens du voyage et autres roms, qui n’a vraiment pas besoin de cela pour prospérer. Déjà le FN a-t-il commencé, par la voie de Marine Le Pen, à exploiter ce scandale. Il va sans aucun doute continuer. Elle décrédibilise ensuite l’autorité judiciaire, corrompt la décision positive qu’elle a finalement donnée à la demande de libération provisoire qui lui était soumise et légitime d’autres actions futures pour faire pression sur la justice. Cette démission des autorités piétine enfin ce fameux « vivre ensemble » qu’elles font pourtant profession de promouvoir.
Comme le déclarait le général de Gaulle, « l’Etat existe à condition d’être fort, cohérent, efficace, impartial, respectable et donc respecté, obéi parce que probe et droit ».
En décidant de ne pas intervenir, le gouvernement et son ministre de l’Intérieur ont décrédibilisé l’Etat et affaibli la République. M. Cazeneuve devrait en tirer toutes les conséquences en présentant sa démission au Président de la République.
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