La Commission Européenne a donné mercredi son feu vert à l’entrée de la Lettonie dans la zone euro.

C’est une erreur. Il n’y a pas de sens à ouvrir la zone euro à de nouveaux membres tant que celle-ci n’est pas stabilisée. Contrairement à ce que certains veulent faire croire, la crise de l’euro n’est pas terminée. L’Union Bancaire reste à finaliser, la gouvernance de la zone euro à réinventer, son équilibre économique à rétablir et sa croissance à relancer. L’admission dans la zone euro ne doit pas être une récompense pour efforts effectués. Elle doit d’abord être conforme aux intérêts de la zone euro.

Admettre un nouveau membre aujourd’hui n’est pas un signe de force, c’est un aveu de faiblesse. L’adhésion de la Lettonie à la zone euro créera un nouveau foyer de risques dans une zone qui n’en manque pas. L’économie lettone reste très fragile et les dépôts russes fuyant Chypre s’y sont réfugiés. Faire entrer la Lettonie dans la zone euro, c’est nous préparer une nouvelle crise de Chypre à régler dans les prochaines années.

Au surplus, seuls 10% des Lettons sont aujourd’hui favorables à l’entrée du pays dans la zone euro, mais 62 % contre. La construction européenne ne doit pas se faire contre les peuples.

Cette nouvelle affaire démontre l’impérieuse nécessité de réformer nos processus d’adhésion et d’intégration. La bureaucratie bruxelloise pense que la seule façon de construire l’Europe est de faire le pas de plus au risque de faire le pas de trop. Cette politique est en train de la tuer. En laissant faire, par paresse ou par faiblesse, les dirigeants des 17 Etats membres jouent avec et contre la zone euro. A élargir sans refonder, on met la construction européenne en péril. Technocrates et politiques démontrent une nouvelle fois que la monnaie est un sujet trop sérieux pour leur être confié.

La priorité de la zone euro, comme celle de l’Union Européenne, doit être de redéfinir, avec l’ensemble de ses membres actuels, un projet commun et de lui donner des bases solides. Alors seulement pourra être envisagé l’élargissement à de nouveaux membres. Il en va de la survie de l’Europe.

Proposition R2F n°3 pour l’Europe
Aucun nouvel élargissement de l’Union Européenne et de la zone euro avant que celles-ci n’aient été stabilisées et refondées

 

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