La proposition de Paul Giacobbi, président du Conseil exécutif de Corse, d’imposer cinq années de résidence sur l’île aux non-résidents pour devenir propriétaire, ou de se baser « sur l’attachement familial à la Corse » est un non-sens.
Cette proposition provocante est en fait sans enjeu puisqu’elle ne passerait les filtres ni du contrôle de constitutionnalité, ni de la juridiction communautaire. Paul Giacobbi le sait parfaitement, en ancien Sciences-Po, énarque et membre de cabinet du ministre de la décentralisation…
Sa proposition purement démagogique et électoraliste est en effet contraire a tous nos principes républicains essentiels, en particulier aux principes d’unité et d’indivisibilité de la Nation. On n’imagine pas les autres départements et régions imposer réciproquement aux Corses une semblable condition de résidence d’au moins cinq ans sur leur territoire ou « d’attachement familial » à ce même territoire. Ils en seraient les premiers scandalisés et ils auraient raison.
Le fait que Paul Giacobbi lui-même n’aurait pu – si la proposition qu’il a formulé avait alors été applicable – se présenter aux élections municipales de 1983 et législatives de 1986 faute de pouvoir acquérir un bien immobilier en Corse après 26 ans de résidence parisienne démontre – si besoin était – l’absurdité de sa proposition…
Mais il est grave qu’elle émane du premier responsable exécutif de
l’Ile et figure éminente de la majorité présidentielle. L’enjeu des prochaines municipales ne peut justifier de dire n’importe quoi.
Il revient au président de la République, qui a revendiqué récemment le rôle de chef de la majorité, au Premier ministre, au ministre de l’Intérieur, de le rappeler fermement et d’appeler leur collègue Paul Giacobbi au respect de la morale républicaine la plus élémentaire. Leur silence actuel aussi navrant que troublant. La morale est encore une fois pour les autres.
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