Chers Amis,
Il y a eu le temps de la sidération, celui du retrait imposé et celui de l’attente. Après six semaines de confinement, l’heure est venue de chasser le virus de la peur et de revenir à la vie. Les deux derniers mois ont permis de démentir beaucoup de fausses informations et de slogans infondés. Place maintenant au terrain, au bon sens, à l’expérimentation, à l’initiative et à l’anticipation. L’expérience de nos meilleurs voisins montre le chemin. Rien ne justifie de différer le déconfinement.
Les deux mois de confinement auront un coût colossal pour notre pays. Comme l’a confirmé l’étude mensuelle Markit publiée avant-hier, l’activité du secteur privé s’est effondrée en avril. La chute était prévue. Son ampleur dépasse tous les pronostics. Elle augure d’une contraction sans précédent du PIB et de la richesse nationale. La note conjoncturelle de l’INSEE publiée le même jour n’est pas plus optimiste. L’économie marchande française a chuté de 49% depuis que les Français sont enfermés chez eux. Dans le contexte d’incertitude actuel, le climat des affaires, le marché de l’emploi, ainsi que les perspectives d’activité sont au plus bas.
Face à cet effondrement, le bilan sanitaire est maigre. En cette fin de semaine, la France continue à trôner dans le quarté de tête des pires pays en matière de mortalité globale ou de mortalité par habitant. Je ne prends aucun plaisir à dénoncer ce fiasco. C’est avec une très grande tristesse, et avec honte aussi, qu’il faut constater que nous aurions, à date, sauver 17 494 Français (sur 21 856 victimes) si nous étions Allemands, 11 775 si nous étions Américains et 8 315 si nous étions Suédois. Mais l’heure n’est pas aux regrets. Elle est à l’action.
L’échec de la France, c’est d’abord celui de l’arrogance, de l’impréparation et de la bureaucratie. Tant de bêtises ont été dites depuis le début de la pandémie. Il y a deux mois, les autorités affirmaient que les enfants étaient plus contagieux et que le tabagisme était un facteur de risque. Ces contre-vérités sont aujourd’hui démenties par la réalité. La méthode doit changer. La période appelle à l’humilité. Face aux incertitudes qui continuent à dominer, le pouvoir doit renoncer au centralisme, aux fausses certitudes et aux ordres venus d’en haut. C’est en faisant le choix du bon sens, du pragmatisme, de l’expérimentation, de l’observation des meilleurs exemples européens, en laissant aux hommes et femmes de terrain, entrepreneurs et maires en particulier, en s’armant contre une possible seconde phase et en stoppant le discours de la peur que l’exécutif permettra à la France de sortir de la crise.
Pour forcer les Français à rentrer chez eux après trop de messages contradictoires, le pouvoir s’est efforcé, à la mi-mars, d’apeurer les Français. Il est temps de faire disparaître du devant de la scène les professeurs Salomon, Mattei et autres Delfraissy, que leurs erreurs récentes et passées discréditent au surplus.
Nous devons aussi remettre les choses en perspective. Sur le fondement des chiffres officiels publiés lundi soir, les moins de 65 ans non atteints de facteurs de comorbidité représentent seulement 2% des victimes du coronavirus. 400 Français de moins de 65 ans sont donc morts depuis le début de la pandémie, soit beaucoup moins, sur une base annuelle, que le nombre de victimes du même âge d’accidents de la route. Le confinement a été imposé par notre impréparation face à l’épidémie, mais il y aurait autant de sens à le maintenir qu’à interdire toute circulation routière à l’avenir !
Il faut de même se garder de tromper les Français sur l’usage du masque. Tant mieux si son port peut rassurer les plus inquiets. Mais aucune étude sérieuse n’a pour l’instant démontré sa réelle utilité, par rapport aux vraies mesures barrières de l’hygiène et de la distanciation physique. Tous les bons spécialistes mettent en garde sur ses limites et ses risques, par le faux sentiment de sécurité qu’il peut procurer. Il était utile que le ministre de la Santé reconnaisse enfin hier matin qu’il n’y avait aucune vraie recommandation scientifique en faveur du port du masque pour les enfants.
Comme l’a enseigné Platon, l’homme n’est pas fait pour rester confiné. Il doit sortir de la caverne. La France, quant à elle, ne mérite pas la triple peine : record de morts, record de déficit, record de dette publique. Après avoir raté la gestion de l’épidémie, elle ne doit pas manquer la reprise et subir un nouveau déclassement. Notre responsabilité collective est, en reprenant les mots de Stefan Zweig sur l’Europe de 1941, d’éviter le suicide de la France. C’est pour cela que nous devons cesser de suivre la voie chinoise de traitement de la crise sanitaire. Nos dirigeants actuels ressemblent aux moutons de Panurge. Il faut sortir de ce piège. C’est vrai pour le redressement de notre économie. C’est vrai aussi pour le rétablissement de nos valeurs.
Nous venons de vivre une immense régression. L’internement des pensionnaires des EHPAD et le confinement autoritaire de la population, sous la double férule de la peur et de la culpabilisation, assorti d’une limitation stricte des sorties autorisées et de la détention obligatoire d’un papier laissez-passer, constituent un cas unique dans l’histoire de la démocratie. C’est un terrible retour en arrière, et une privation inacceptable de liberté. Au regard à la faible létalité du virus, cette dernière n’est conforme ni au principe de liberté, ni au principe de proportionnalité, comme le démontre Maxime Tandonnet dans sa tribune au Figaro de mercredi.
C’est pour cela que nous devons refuser le placement obligatoire des personnes atteintes du coronavirus dans des hôtels, poussé par certains fanatiques de l’APHP ou par les responsables du groupe Accor, avec des intérêts bien compris. C’est pour cela aussi que nous devons refuser la renonciation au principe d’école obligatoire. Les parents doivent réaliser que priver leurs enfants d’école menacent beaucoup plus leur avenir qu’il ne les protège d’un risque sanitaire minime. Nous devons écouter la sage voix du grand professeur américain, Joshua Mitchell, profondément inspiré de Tocqueville. Il faut nous méfier du doux despote qui veut nous protéger de la mort à tout prix, ou plutôt se servir de la peur collective de la mort pour nous priver de liberté.
La sortie par le haut de la crise sanitaire ne pourra s’effectuer que dans la liberté. Elle suppose également une bonne coordination européenne. L’entrée dans la crise sanitaire se fit en plein désordre, selon la règle du chacun pour soi. C’est l’intérêt de chacun de nos pays, comme l’intérêt commun, de sortir ensemble de la crise, en coordonnant les dates déconfinement, en adoptant les bonnes solutions qui ont fonctionné chez nos voisins, en nous dotant des moyens nécessaires pour affronter l’éventuelle seconde vague et en facilitant la reprise des échanges. Ce sont sinon les puissances étrangères, à commencer par la Chine et les Etats-Unis, qui profiteront de nos divisions. Là est le vrai enjeu, plutôt que dans les appels un peu désespérés du président de la République à aller plus loin et plus fort vers la souveraineté européenne. Personne n’en veut, pas même en France. C’est en construisant une véritable union de la santé et du redressement économique que nous ferons progresser l’Europe !
Notre combat est là. Il y urgence à retrouver la liberté. Il y a urgence à retrouver la vie. Nous entendons agir en combattants d’une France redressée, d’une France vive, d’une France libre. Reprenons tous dès que possible le chemin du travail, de l’école, de nos commerces, de nos associations et de nos lieux de culte, en respectant les mesures barrières pour limiter les risques de nouvelle contagion, mais sans peur de notre prochain, ni de la vie. C’est ainsi que nous agirons pour notre pays, ainsi que l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants. Ensemble, faisons le choix de la France, de l’espérance et de la liberté.
Bon week-end à tous, dans la lumière naissante du prochain déconfinement
Amicalement
François Vigne
Président de la France en marche
Statistiques du coronavirus au 23 avril 2020 au soir | ||||
Pays | Population (millions) | Nb de cas | Nb de morts | Morts par hab |
Etats-Unis | 330 | 876 174 | 49651 | 0,150% |
Espagne | 47 | 213 024 | 22157 | 0,471% |
Italie | 60 | 189 973 | 25549 | 0,426% |
France | 67 | 158 183 | 21856 | 0,326% |
Allemagne | 83 | 151 784 | 5404 | 0,065% |
Royaume-Uni | 67 | 138 078 | 18738 | 0,280% |
Turquie | 83 | 101 790 | 2491 | 0,030% |
Belgique | 11 | 42 797 | 6490 | 0,590% |
Suisse | 9 | 28 496 | 1549 | 0,172% |
Pays-Bas | 18 | 35 729 | 4177 | 0,232% |
Canada | 38 | 41 791 | 2141 | 0,056% |
Brésil | 210 | 49 492 | 3313 | 0,016% |
Portugal | 10 | 22 353 | 820 | 0,082% |
Autriche | 9 | 15 002 | 522 | 0,058% |
Corée du Sud | 51 | 10 702 | 240 | 0,005% |
Russie | 144 | 62 773 | 555 | 0,004% |
Israël | 9 | 14 803 | 192 | 0,021% |
Suède | 10 | 16 755 | 2021 | 0,202% |