Chers Amis,

Je veux d’abord rendre hommage aux deux policiers gravement blessés à Colombes lundi dernier. Ils ont été lâchement attaqués, alors qu’ils remplissaient leur mission au service de la France et de leurs concitoyens. Ce deuxième attentat depuis le début du confinement le confirme. Si la crise sanitaire a anesthésié le pays, les problèmes et les enjeux, auxquels notre nation est confrontée, n’ont pas disparu. C’est pour cela qu’il ne faut pas relâcher l’effort et que nous devons sans attendre nous atteler à les relever. Il a manqué mardi au discours du Premier ministre cet esprit de combat et la vision nécessaire, au-delà du catalogue de mesures annoncées.Il est temps de retrouver cet esprit français décrit par Stefan Zweig dans Marie Stuart, cette communion du courage et de l’insouciance : on aime la vie et cependant la mort n’est point redoutée !

Comme l’a confirmé la Cour des Comptes dans son rapport publié mardi, la France aborde la crise dans une situation plus précaire qu’avant la crise de 2008. A l’inverse de leurs homologues, nos gouvernants n’ont pas profité de la période 2012-2020 pour redresser les comptes publics et restaurer les marges de manœuvre de la France. L’année dernière encore, la masse salariale a continué à déraper de façon incontrôlée. Elle a même cru à un rythme supérieur à celui des sept années précédentes. Les conséquences sont claires. Le déficit budgétaire a atteint en 2019 son plus niveau depuis 2010. Notre dette publique a plus que doublé par rapport aux années précédant 2008. Nos capacités sont d’autant plus limitées qu’impôts et prélèvements obligatoires sont déjà plus élevés que partout ailleurs.

C’est pour cela que nous ne devons pas rater le train de la reprise. La France est déjà en retard par rapport aux pays qui ont mieux géré la crise du coronavirus que nous, à commencer par l’Allemagne, l’Autriche et tous les pays de l’Europe du Nord. Même en Espagne et en Italie, les usines ont moins été à l’arrêt que chez nous. Elles sont également autorisées à redémarrer plus vite. Ne perdons plus de temps ! Certains se font plaisir en discutant du sexe des anges et en discourant sur les prochaines relocalisations. La réalité est différente. Tous les industriels avec lesquels je me suis récemment entretenu confirment qu’ils vont accélérer les délocalisations, non pas vers l’Asie ou d’autres continents, mais vers l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne, où il est beaucoup plus facile de travailler et de reprendre que chez nous !

La France subit aujourd’hui l’influence néfaste de différentes forces promptes à la paralyser. S’y ajoutent désormais les soi-disant experts médicaux du moment qui font commerce de la peur. Il est temps de dépasser le mortifère « restez chez vous ». Le professeur Raoult a eu raison hier de dénoncer l’incompétence des membres du Conseil scientifique. Ce dernier l’a largement démontré, comme l’Académie de médecine, au cours des dernières semaines. Pendant que les hommes et les femmes de réseaux siègent dans les comités Théodule, les vrais et bons professionnels agissent sur le terrain.

La crise sanitaire a le mérite de nous appeler à l’humilité. Pour reprendre l’expression de Bismarck, on n’a jamais autant menti que depuis son déclenchement. Et combien de certitudes ont été balayées en deux mois, qu’il ‘agisse de l’usage du plastique, du recours au véhicule individuel, de l’efficacité des dictatures ou de la supériorité du système de soin français… Il en a été de même des réformes développées depuis le début de quinquennat, abandonnées aussi rapidement qu’elles ont été douloureuses à faire voter. Cela montre leur vacuité. Une réforme qui ne passe pas l’épreuve de la première crise ne saurait être bonne. Tout cela doit tous nous appeler, à commencer par nos dirigeants, à une profonde humilité. De gros efforts restent encore à faire en la matière, comme l’ont montré les mesures gouvernementales annoncées mardi par le Premier ministre pour le déconfinement ou plutôt le moindre confinement.

C’est l’ancrage dans la modestie et le réel qui leur manque le plus. Les Français ont besoin de moins de menaces de punitions, de plus de précisions sur la réelle disponibilité des tests, masques, gels, respirateurs et autres matériels, ainsi que d’un appel clair à la mobilisation pour la reprise. Personne ne peut reprocher au gouvernement de ne pas encore y voir clair sur le virus et son évolution. Mais il devrait, dans ces conditions, avoir beaucoup plus recours à l’observation de ce que nos voisins font mieux que nous, ainsi qu’à l’expérimentation, et faire enfin confiance aux vrais professionnels, qu’ils soient maires, entrepreneurs, commerçants, transporteurs, restaurateurs ou autres, pour la mise en œuvre sur le terrain. Laissons-les faire !

Dans un pays où le tourisme représente une activité essentielle, il est destructeur de ne pas encore avoir de cadre, ni de calendrier de sortie de crise. Comme le chef Bruno Verjus l’indiquait sur RTL mardi dernier, les restaurateurs sont des spécialistes de l’hygiène. Pas plus que les hôteliers, ils n’auront à court terme à faire face à la suroccupation de leurs établissements. Le vrai problème sera celui de la sous-fréquentation. C’est pour cela qu’il est urgent de leur permettre de rouvrir dans des conditions de sécurité sanitaires adaptées.

Il en va de même pour l’école. Alors que l’ensemble des études les plus récentes démontrent la faible contagiosité des enfants et des jeunes, il est redoutable que les enseignants aient peur de leur faire cours. Nous sommes loin du courage des hussards noirs de la République ! Il n’est pas question de faire le procès des enseignants. Ils exercent un métier difficile avec des moyens limités. Mais il est dramatique que les prophètes de malheur aient réussi à les effrayer au point de leur faire perdre le bon sens. Nous devons être lucides. Il est improbable qu’un miracle change beaucoup la situation sanitaire entre mai et septembre. Retarderons-nous encore la rentrée pour autant ? Il serait irresponsable de condamner une génération d’élèves à perdre le bénéfice de l’école pour un risque sanitaire très limité, quand il est remis en perspective d’autres causes de mortalité.

Il y a finalement deux bonnes nouvelles. La première est que cette crise sanitaire n’aura qu’un temps. Nous en verrons le bout, rapidement j’espère. La seconde est que de la pandémie est mondiale. Frappant tous les pays au même moment ou presque., elle permet de conjuguer les capacités de recherche médicales communes.  Elle nous offre aussi la possibilité de mettre en œuvre des solutions de sortie de crise coordonnées et solidaires. Encore faut-il que nous saisissions cette opportunité en ne ratant pas le train de la reprise commune. La crise sanitaire en cours ne doit pas nous pousser à nous replier sur nous-mêmes, mais à développer une nouvelle stratégie d’alliance, au sein de l’Union d’abord, mais aussi avec d’autres puissances.

Comme le général de Gaule le rappelait dans son appel du 18 juin 1940, nous ne sommes pas seuls ! Il nous revient à sa suite de transformer cette situation en atout pour permettre à la France de repartir de l’avant et de retrouver sa liberté, comme sa grandeur. Cela suppose de nous mettre tous au travail.

Je vous souhaite à tous une belle fête du travail et du télétravail, ainsi qu’un excellent week-end dans la préparation active du déconfinement

Amicalement

François Vigne

Président de la France en marche

 

Statistiques du coronavirus au 29 avril 2020 au soir      
Pays Population (millions) Nb de cas Nb de morts Morts par hab
Etats-Unis 330 1 048 834 60495 0,183%
Espagne 47 236 899 24275 0,516%
Italie 60 203 591 27682 0,461%
France 67 165 911 23660 0,353%
Allemagne 83 160 479 6374 0,077%
Royaume-Uni 67 165 221 26097 0,390%
Turquie 83 117 589 3081 0,037%
Belgique 11 47 859 7501 0,682%
Suisse 9 29 407 1703 0,189%
Pays-Bas 18 35 729 4711 0,262%
Canada 38 50 373 2904 0,076%
Brésil 210 74 493 5158 0,025%
Portugal 10 24 505 973 0,097%
Autriche 9 15 402 580 0,064%
Corée du Sud 51 10 761 246 0,005%
Russie 144 99 399 972 0,007%
Israël 9 15 782 212 0,024%
Suède 10 20 302 2462 0,246%

lfm_2016