Le président de la République s’est exprimé. Il faut se réjouir de sa décision d’accélérer le déconfinement. Tous les voyants sanitaires sont aujourd’hui au vert. Ralentir la sortie du confinement ne nous protégerait en rien d’une éventuelle nouvelle vague. Si la vigilance doit rester totale, il est urgent de faire preuve de l’agilité et de la capacité d’anticipation qui ont fait défaut depuis 3 mois. Dans cette perspective, deux éléments-clefs ont manqué à son propos : la vérité du diagnostic et la clarté du plan de sortie de crise.
Aucun problème ne peut être efficacement traité si le diagnostic préalable est faussé. En affirmant que l’Etat avait tenu, que nous n’avions pas à rougir de notre bilan et que le virus nous avait frappés plus fort que beaucoup d’autres, le chef de l’exécutif n’a pas dit la vérité aux Français. Tout le monde le sait désormais. L’Etat a failli. Si soignants, militaires, pompiers et policiers ont été à la hauteur de leur mission, il n’en a rien été de l’école, de la justice, de la poste, des transports publics et de bien d’autres services publics qui ont lâché quand les entreprises privées tenaient bon.
C’est également une faute présidentielle que d’opposer la santé à l’économie en évoquant un choix humaniste pour placer la santé au dessus de l’économie. La réalité est plus simple. Il n’y a pas d’économie sans santé des acteurs. Il n’y a pas non plus de système de santé en bon état sans économie florissante. La comparaison entre l’échec français et le succès allemand face à l’épidémie de Covid 19 parle mieux que tous les discours.
Il y a donc urgence à dire à rétablir la vérité et à entreprendre le redressement de l’Etat. Cette priorité est absolue. Elle doit s’accompagner d’un assainissement de nos finances publiques. C’est à cette double condition que nous pourrons assurer demain la croissance, le plein emploi, la bonne santé de toutes les Françaises et de tous les Français, ainsi que la souveraineté nationale. Nous devons tous en être conscients. La fuite en avant actuelle et la dérive incontrôlée de nos finances publiques nous placent aujourd’hui dans la dépendance totale de l’Allemagne et sous son bon vouloir concernant nos marges de manœuvre budgétaires.
Le chef de l’Etat a aussi manqué de clarté. Le simple fait que les services élyséens aient été obligés de corriger son propos 15 mn après son intervention pour expliquer que les lycées ne seraient pas concernés par le retour à l’école annoncé en est la meilleure illustration.
Une nouvelle fois, Emmanuel Macron a préféré le discours aux actes, les grands concepts à la réalité des faits. La France a moins besoin d’une reconstruction économique, écologique et solidaire que d’un plan de relance clair à mettre en place sans délai. En se laissant l’été pour le structurer et la rentrée pour l’annoncer, alors que l’Allemagne a déjà mis en place le sien depuis 15 jours, nous prenons de nouveau un retard important qui nous coûtera beaucoup dans l’avenir.
C’est pour cela qu’il y a urgence à remettre de l’ordre dans les priorités. La question du remaniement ministériel est accessoire, de même que les faux débats sur l’après. Ce dont notre pays a besoin, c’est d’un véritable programme de combat permettant d’accélérer la reprise, de donner la confiance nécessaire aux entreprises pour investir et aux ménages pour consommer, d’assurer enfin le redressement de l’Etat et de nous doter des équipements nécessaires pour parer à une éventuelle nouvelle vague de coronavirus après l’été.
C’est à ces conditions que nous pourrons sortir grandis de la crise actuelle et éviter un nouveau déclassement. Il y a urgence à changer de braquets. C’est maintenant que se joue l’avenir de la France !