Chers Amis,

Il y eut le moment de l’entretien présidentiel. Il y eut celui du discours de politique générale. Il est maintenant urgent de passer à l’action. C’est vrai pour la préparation de la rentrée scolaire dans le contexte de la résurgence du virus dans de nombreuses régions. Il s’agit d’organiser la gestion de l’apparition inévitable de cas dans les écoles sans bloquer tout le pays. C’est vrai aussi pour l’éradication des zones de non-droit. La multiplication des attaques contre les pompiers, après les drames de la semaine dernière, confirme qu’il n’est plus possible de lanterner.

Le monde a rarement été aussi incertain. L’imprévisibilité du virus rend difficile les projections à court terme. Qui de nos épistémologues et de nos soi-disant spécialistes auraient prévu, il y a seulement quinze jours, que la Mayenne deviendrait un foyer infectieux actif, que HongKong et la Japon, malgré le port du masque, connaîtraient jeudi leur plus fort taux de contamination, ou que la Californie, gouvernée par un démocrate, où le déconfinement avait été très progressif et où le port du masque était très développé, serait à son tour victime de propagations accélérées, à l’égal du Texas ou de la Floride ?

Nul n’est de même encore en mesure d’expliquer pourquoi les Etats-Unis ou le Brésil continuent à avoir 10% à 20% de moins de morts que la France en proportion de leur population, tout en ayant quatre fois plus de personnes atteintes. Cela nous oblige à l’agilité et à l’humilité. Les Français ont droit à la vérité. Si les gestes barrières sont utiles, il ne faut pas leur faire croire que le port du masque permettra d’échapper à la contamination.

Sans vaccin efficace, dont personne ne peut dire quand nous l’aurons, seule l’immunité collective viendra à bout de la pandémie. La stratégie d’évitement sera au mieux une manœuvre de retardement pour éviter l’embouteillage des structures de soin. L’histoire dira si les moyens employés auront permis de faire mieux que les 2 et 1 millions de morts respectifs causés par les épidémies de grippe asiatique et de grippe de Hongkong en 1957 et 1968, par rapport à des populations de 3 milliards et de 4 milliards respectivement.

Si le monde est incertain, il y a aussi des vérités claires. Il est certain en particulier que les discours ne suffisent pas à régler les difficultés et que les problèmes laissés en jachère finissent toujours par exploser. C’est le cas de l’ordre public et du développement des zones de non-droit. Patrick Kanner, ministre de la Ville, promettait le 27 mars 2016 de supprimer la centaine de Molenbeek qui existaient en France. Quatre ans après, le tir à balles réelles contre un pompier mardi soir à Étampe ou le blocage d’une ambulance des pompiers mercredi soir à Melun confirment que rien n’a été fait.

Le Premier ministre a promis mercredi une réponse ferme et sans complaisance aux minorités ultraviolentes qui empoisonnent le quotidien des Français. Mais rien n’indique que les choses vont changer. Il y a pourtant urgence à ce que les pouvoirs publics se décident à agir vraiment pour assurer l’application de la loi et le respect de la sécurité publique partout sur le territoire.

Dans le brouillard actuel, nous ne l’emporterons collectivement que si nous sommes humbles, agiles, mais aussi clairs sur nos valeurs et sur nos objectifs, bref si nous savons où nous voulons aller. De ce point de vue, l’entretien présidentiel de mardi et le discours du Premier ministre de mercredi de mercredi ont montré que le pouvoir actuel n’avait d’autre horizon que la présidentielle de 2022.

L’exécution est importante. Jean Castex a eu raison de présenter sa méthode. Mais celle-ci ne vaut qu’au service d’une ambition politique et d’un dessein pour la France. Ils font aujourd’hui défaut. Rien d’étonnant dans ces conditions à ce que la grande majorité des Français n’ait pas été convaincu par les propos du chef de l’Etat le 14 juillet, comme le confirment les derniers sondages.

Le temps de la politique spectacle est révolu. Les électeurs ne sont plus dupes. C’est pour cela que la nomination d’Éric Dupond-Moretti au ministère de la Justice et de Gérald Darmanin à l’Intérieur sont des erreurs, comme le seraient celles de François Bayrou à la tête du Plan ou de Christophe Castaner à celle du groupe parlementaire présidentiel à l’Assemblée. Après l’affaire Benalla, Emmanuel Macron n’est pas crédible en affirmant croire son ministre de l’Intérieur sur le fondement d’une simple discussion d’homme à homme. Pour retrouver la confiance publique, nos gouvernants doivent se montrer respectueux de leurs concitoyens par la légitimité des nominations qu’ils pratiquent.

Cette légitimité et cette confiance, l’Union européenne doit aussi les reconquérir. Dans cette perspective, l’adoption du plan de relance est sans doute moins importante que la cohérence des positions diplomatiques européennes, en particulier vis-à-vis de la Chine ou de la Turquie. L’Union n’a fait preuve à leur égard ni d’un courage, ni d’une volonté de fer. Elle se refuse jusqu’à présent à regarder la réalité en face.

En matière de relations internationales, comme dans beaucoup d’autres affaires, c’est pourtant le rapport de forces qui compte. La Chine et la Turquie l’ont bien compris, qui cherchent en permanence à nous tester et à nous diviser pour asseoir leur puissance. Nous ne devons pas tomber dans leurs pièges. L’exemple des vols d’Air France vers la Chine vient de confirmer que la fermeté paie. C’est parce que nous montrerons un front uni, plutôt que des positions divergentes, guidées notamment par des enjeux commerciaux, que nous serons en mesure de parler d’égal à égal et de défendre nos intérêts collectifs. Dans ce domaine, comme sur le plan national, l’Union fait et fera la force.

J’ai profondément confiance en notre peuple et en l’avenir de notre pays. Mais rien ne se fera sans nous. La grandeur et la prospérité ne sont jamais dues. Elles se méritent. C’est parce que des générations précédentes ont travaillé dur et se sont battues, dans des conditions difficiles, que la France est devenue ce qu’elle est.

L’état de notre pays et le délabrement de son État nécessitent des changements profonds et des mesures audacieuses. Notre dette est plus importante qu’il y a six mois. Nous nous sommes collectivement appauvris. Mais nos capacités demeurent intactes. Nos esprits ne sont pas moins inventifs, notre peuple n’est pas moins doué, notre pays n’est pas moins attrayant qu’ils n’étaient en février ou en mars dernier. C’est maintenant notre responsabilité collective de nous mobiliser, de nous relever et d’agir pour commencer à reconstruire la France et l’Union.

C’est le projet politique que nous poursuivons au service de notre pays, de sa grandeur, ainsi que de l’avenir de nos enfants et petits-enfants. Nous déclinerons à la rentrée l’ensemble des actions que nous allons mener à cette fin dans le contexte renouvelé en train de se dessiner.

Je souhaite à tous ceux qui peuvent en prendre de belles vacances, en formant le vœu que l’évolution du virus permettra à chacun d’en profiter pleinement, dans un esprit de liberté, de solidarité et d’espérance.

Amicalement

François Vigne

Président de la France en marche

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