Chers Amis,
Les dirigeants de la France d’août 1939 avaient la religion de la ligne Maginot. Ceux d’août 2020 ont celle du masque en extérieur. Nous sommes une nouvelle fois en train de nous tromper de combra. Au regard des indicateurs sanitaires, l’heure ne devrait plus être à la prévention, mais au traitement et à l’action. Il ne s’agit pas de paniquer, mais bien au contraire de constituer les capacités de traitement nécessaires pour gérer le flux à venir. C’est ce qu’ont compris les Allemands. Comme à Lisbonne dimanche dernier, ils risquent de remporter le match en train de se jouer en nous laissant loin derrière.
Autant il était stupide et faux de dire aux Français, en mars dernier, que les soignants n’avaient pas besoin de masques, autant il est stupide de vouloir leur faire croire aujourd’hui que le port du masque les protègera du virus. Comme le rappelait le professeur Pittet, père du gel hydroalcoolique mercredi sur RTL, les deux seules vraies mesures protectrices sont le lavage des mains et la distanciation physique, le masque ne venant qu’en complément si celle-ci ne peut être respectée. C’est pour cela que le port du masque en extérieur n’a pas de sens, dans la majorité des cas. Il est compréhensible que le gouvernement reste traumatisé par les mensonges du printemps dernier. Mais cela ne justifie pas de prendre des décisions absurdes qui ne seront que très partiellement respectées.
Il n’est heureusement pas question chez nous d’utiliser les mêmes armes liberticides que les dictatures pour faire respecter les décisions publiques. Comme l’a souligné le grand artiste chinois AI Weiwei à l’occasion de la sortie de son film Coronation il y a quelques jours, la Chine peut être plus efficace que les démocraties occidentales pour contrôler le virus, au-delà même du trafic des chiffres. « Aucun autre pays ne peut mobiliser autant de monde de façon quasi militaire. Mais ce n’est pas un modèle. La Chine refuse explicitement les droits de l’homme, l’indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs, le droit de vote. La question qui se pose est donc : quelle société voulons-nous ?
Mon choix est clair, et avec moi celui de la France en marche. Il est celui de la liberté, de la démocratie, de la fraternité et du respect de l’Homme, bref celui de la France. C’est pour cela que nous devons nous battre contre l’impérialisme chinois, ce que les Etats-Unis font déjà, mais ce que nos gouvernants hésitent à faire. C’est pour cela aussi que nous devons agir en tirant toutes les conséquences de ce que nous sommes et de ce à quoi nous aspirons.
En l’absence de vaccin, au moins jusqu’à mi-2021, peut-être et sans doute plus tard, si ce n’est avant très longtemps, qui est l’hypothèse de travail à retenir, la stratégie d’évitement n’est pas tenable. Son seul objectif est de gérer le risque de saturation des hôpitaux. Le choix du gouvernement de ne pas renouveler l’erreur du confinement généralisé est le bon. Pour éviter la saturation du système médical, la seule solution restant à notre disposition est d’augmenter sa capacité. C’est ce à quoi ont travaillé les Allemands pendant l’été en renforçant encore leur capacité hospitalière, déjà meilleure que la nôtre, avec la création, par exemple, de l’immense hôpital de campagne de Berlin dont je parlais la semaine dernière.
Nos autorités n’ont pas été aussi efficaces, perdant un temps précieux. Comme au début de l’année, le comportement de la cigale l’a emporté sur celui de la fourmi. Il y a maintenant urgence à changer de braquets et à réaliser que la tactique de la prévention est dépassée. Le temps est venu de passer à la phase traitement et action.
Il en est de même pour le plan de relance, qui sera finalement dévoilé le 3 septembre, soit trois mois jour pour jour après que l’Allemagne ait annoncé et commencé à mettre en œuvre le sien. Le nôtre, même s’il contient beaucoup de bonnes mesures, comme celui de la baisse des impôts de production, est déjà pour partie obsolète. Il faut, par exemple, réviser le plan de trois milliards consacré à la culture en prenant en compte l’impact négatif sur la fréquentation de l’obligation généralisée du masque en extérieur imposée à Paris depuis vendredi matin.
Gouverner n’est jamais facile. C’est encore plus compliqué dans la période actuelle. Partout dans le monde, les gouvernements expérimentent cette difficulté. Mais il y a deux principes à respecter pour ne pas dérailler : la cohérence, sans laquelle la confiance ne peut s’établir, et la capacité à garder la perspective de long terme.
Cette cohérence manque aujourd’hui. Pour ne citer que quelques exemples. Où est la cohérence entre l’obligation de port du masque imposée aux Parisiens et aux habitants de la Petit-Couronne depuis hier matin et la suppression le même jour de la règle du siège libre sur deux à la RATP ou la prolongation de l’extension des terrasses dans l’espace public ? La COVID 19 s’arrêterait-elle aux frontières des terrasses des bars et restaurants ? Où est la cohérence entre la recommandation du Premier ministre d’éviter autant que possible les fêtes familiales et celle organisée demain par le ministre de l’Intérieur à l’occasion de son mariage ? Sans parler du feuilleton des masques pour les cyclistes et joggeurs à Paris. Il y a quelques jours, seuls les cyclistes et conducteurs de trottinette électriques étaient, dans les rues où le masque était déjà imposé, dispensés de port au motif que leur vitesse de passage évitait toute diffusion du virus, exception dont ne bénéficiaient pas les joggeurs. Il n’est pas évident de comprendre ce qui justifiait cette différence de traitement entre un cycliste lent et un joggeur rapide… Jeudi soir, cyclistes et conducteurs de trottinettes se voyaient à leur tour imposer le masque partout dans Paris et la Petite Couronne. Ils retrouvaient leur exemption, étendue aux joggeurs, hier matin. Il faut croire que la science a réalisé des découvertes importantes dans l’intervalle.
Ces cafouillages ne sont pas inévitables. Ils sont la conséquence d’une façon de gouverner, trop centralisée, trop lente et trop précipitée à la fois, faute de la réflexion et de l’anticipation nécessaires. Il y a cette croyance aussi, terriblement répandue dans l’appareil d’Etat, que les discours peuvent tenir lieu de politique. Ce qui vaut pour la politique sanitaire vaut aussi pour le reste de l’action et de l’inaction gouvernementales, en particulier concernant la sécurité intérieure. L’immense litanie des violences de l’été, en particulier contre les forces de l’ordre et de secours, montrent qu’il ne suffit pas de parler d’ensauvagement pour le combattre. La bataille reste à mener. Elle est urgente, comme l’est le combat contre le développement de l’islamisme dans la fonction publique ou à l’école, justement dénoncée par le livre de Jean-Pierre Obin et Le Point de cette semaine.
C’est parce que nous pensons qu’il est indispensable de changer en profondeur la façon dont l’Etat et le pays sont gouvernés, qu’il est nécessaire de leur faire réaliser les mêmes pas de géant que ceux que le secteur privé est en train d’accomplir sous l’aiguillon de la crise actuelle, que nous voulons agir, très différemment du gouvernement actuel, avec pour seul objectif le service du pays et de son peuple. Ensemble, donnons à la France l’avenir qu’elle mérite !
Bon départ aux coureurs du Tour de France et bon week-end à tous
François Vigne
Président de la France en marche