Chers Amis,

Il y a 76 ans exactement, au soir du 24 août, les premiers éléments de la 2ème DB pénétraient dans Paris. Ils lançaient le combat décisif qui allait conduire à la libération tant attendue le lendemain. En cette rentrée, c’est à tous nos libérateurs et aux combattants de la liberté de 1944, bien sûr, mais aussi à ceux de notre époque que je veux rendre hommage. Ils nous montrent la route à suivre. Dans la situation actuelle, une rentrée de combat s’impose avec trois priorités : réussir la rentrée scolaire et universitaire, assurer l’emploi des jeunes et gérer efficacement la crise sanitaire actuelle dans le respect de nos valeurs essentielles et en assurant le futur de la France.

La réussite de la rentrée scolaire et universitaire est un impératif. Après la débâcle du printemps dernier, il ne serait pas possible de sacrifier de nouveau la formation de notre jeunesse sur l’autel d’autres intérêts. Le ministre de l’Education nationale a eu raison de refuser de céder aux sirènes de ceux qui demandaient le report de la rentrée scolaire. C’est notre devoir à tous d’œuvrer à la réussite de cette dernière et de permettre à l’ensemble des élèves, ainsi qu’aux étudiants, de bénéficier d’une scolarité normale, en présentiel, tout au long de l’année. Il en va de leur avenir et de celui du pays tout entier.

C’est dans cette même perspective que nous devons tout mettre en œuvre pour assurer le travail des jeunes, très particulièrement de ceux qui débutent dans la vie active. Il serait inacceptable d’en faire les victimes collatérales du coronavirus. Au delà des dispositifs gouvernementaux, c’est le rôle des entreprises et des partenaires sociaux de déployer l’imagination nécessaire et de faire le pari de l’audace, ainsi que de la confiance, pour assurer l’emploi de l’ensemble de notre jeunesse. La responsabilité des employeurs est engagée. N’ayons pas peur !

La troisième priorité est d’assurer une gestion efficace de la crise sanitaire et la protection des plus vulnérables dans le respect de nos valeurs fondamentales. Le virus reste largement insaisissable et mal connu. Chaque jour, les développements de la pandémie continuent à surprendre et viennent démentir les vérités officielles d’hier. Qui aurait dit, il y a quelques semaines encore, que la Mayenne et la Sarthe deviendraient des foyers majeurs d’infection ? Cela vient battre en brèche beaucoup de discours des autorités publiques sur le lien entre densité et contamination.

Je l’ai déjà affirmé à plusieurs reprises. La crise de la COVID 19 appelle à l’humilité et à l’intelligence. Comme l’ont confessé les responsables médicaux hier dans le JDD, nous ne savons pas en réalité, dans l’immense majorité des cas, d’où proviennent les contaminations. Santé Publique France a d’ailleurs dû reconnaître la semaine dernière que, contrairement aux messages gouvernementaux relayés par beaucoup de média, la contamination en milieu professionnel restait pour l’instant anecdotique et que la fonction publique était le premier foyer d’infection.

Comme le montrent les exemples de tous les pays qui ont mieux géré la crise sanitaire que nous, à commencer par l’Allemagne, nous gagnerons la bataille du coronavirus parce que nous saurons être pragmatiques, très réactifs et rester fidèles à nos principes fondamentaux. Il faut regretter à ce titre que l’annonce du plan de relance français ait encore été retardée d’une semaine, alors que l’Allemagne met en œuvre le sien depuis mai. Il est également dommage de n’avoir pas mis à profit l’été en gagnant du temps comme l’a fait la ville de Berlin en construisant un hôpital de campagne géant pour parer à toute deuxième vague automnale. Et nos pouvoirs publics continuent à pécher par excès de centralisme et de dirigisme en imposant le port du masque dans toutes les entreprises sans laisser à leurs dirigeants et aux partenaires sociaux le soin de gérer la situation.

Le président de la République a en revanche eu raison de rappeler, jeudi dernier, que le risque sanitaire 0 n’existe pas, bref que nous sommes tous mortels, et que nous devons  nous habituer à vivre avec le virus. C’est une raison supplémentaire pour ne pas abdiquer, en contrepartie d’une protection illusoire, nos valeurs fondamentales, à commencer par l’ouverture aux autres et la défense de la liberté. Au-delà de ce à quoi nous assistons dans les différents régimes autoritaires, nous devons nous alerter d’entendre des responsables d’autorités sanitaires françaises affirmer que leur objectif est, par des messages appropriés dans les médias et sur les réseaux sociaux, de  « transformer les normes sociales, ce que l’introduction du confinement avait immédiatement réussi à faire ». Les dictatures de la pensée décrites par George Orwell dans 1984 ou par Aldous Huxley dans le Meilleur des Mondes ne sont pas loin.

L’enjeu est là. Il faut gérer la crise actuelle sans renoncer à l’essentiel, ni perdre la perspective d’ensemble. Car, pendant la crise sanitaire, les problèmes de fond n’ont pas disparu.

Le nouveau record de température atteint en juillet et la multiplication des incendies, de l’Amazonie à la Californie, sont de nouveaux témoignages de l’urgence climatique et de l’impérieuse nécessité d’agir sans tarder. Sur le front international aussi, les défis restent immenses, comme le montrent la poursuite de la mise au pas chinoise de HongKong, les menées turques aux portes de la Grèce et en Libye ou la situation au Sahel. Au sein même de l’Union, l’impasse des négociations du Brexit et le repli sur soi des États membres dans le cadre de la crise du COVID 19 constituent autant de facteurs d’incertitudes et de perturbation grave.

Face à ces enjeux, l’expérience des dernières années confirme que seuls le rapport de forces et la capacité d’entrainement comptent. Ce n’est donc pas avec des discours sans lendemain, ni de belles images, mais en capitalisant sur nos forces, en rassemblant l’Europe et en réalisant le rétablissement nos finances, sans lequel nous ne sommes pas crédibles, que nous réussirons

L’objectif est clair. Il appelle une rentrée de combat au service de la France, de l’Union et du bien commun. Cette rentrée sera aussi pour nous l’occasion de définirles meilleurs moyens d’exercer l’action la plus efficace dans cette perspective. Nous vous tiendrons rapidement informés de nos décisions en la matière.

Je souhaite une bonne reprise à chacune et chacun de ceux qui ont la chance de prendre des vacances, ainsi qu’une bonne rentrée à tous, à la France et à l’Europe.

Amicalement

François Vigne

Président de la France en march

lfm_2016