Chers Amis,
Errare humanum est, sed perseverare diabolicum, comme disait la sagesse romaine. À 6 mois d’intervalle, l’exécutif aura réussi le tour de force de se faire surprendre deux fois. L’impréparation, qui pouvait encore être pardonnable en mars dernier, ne l’est plus en septembre. Elle l’est d’autant moins que les événements se déroulent selon une séquence très prévisible et que la pandémie semble partie pour durer 18 à 24 mois.
Les mesures annoncées mercredi et jeudi montrent un pouvoir réagissant une nouvelle fois en mode panique, adoptant des décisions contradictoires sous la pression des événements et sans aucune capacité d’anticipation. Rien de ce qui se passe aujourd’hui n’était imprévisible. Tout se déroule au contraire comme nous l’écrivions avant l’été. Les autorités allemandes l’ont affirmé mercredi lors du sommet mondial de la santé. C’est uniquement parce qu’elles ont réagi plus tôt que leur pays a beaucoup mieux résisté à la première vague.
Il y a urgence, en France, à changer de mode de gestion et à anticiper. Nous l’avons répété à plusieurs reprises. Il faut passer de la prévention, totalement dépassée, à l’action. Des mesures immédiates doivent être prises concernant l’accès prioritaire aux tests des personnes disposant d’une ordonnance médicale. Il faut installer, devant tous les hôpitaux, des barnums permettant de tester en masse et d’éviter que des patients atteints du coronavirus ne viennent contaminer d’autres malades aux urgences. Il convient aussi de construire des hôpitaux de campagne pour augmenter notre capacité hospitalière dans les grandes villes, en particulier à Marseille, Bordeaux ou Montpellier, où elle manque. Toutes ces mesures sont à notre portée. Elles coûteront moins cher que l’arrêt de l’activité économique décidé par le gouvernement. Il est plus que temps d’anticiper, de décider et de bien exécuter pour éviter d’infliger de nouveaux coups de massue aux Français
L’incohérence actuelle doit cesser. Il est hallucinant d’avoir maintenu les journées du patrimoine le week-end dernier avant d’ordonner, trois jours plus tard, la fermeture des bars et restaurants dans la métropole d’Aix-Marseille, comme il avait été irresponsable de maintenir le premier tour des élections municipales à la veille du confinement. Il est tout aussi incohérent d’inventer une nouvelle carte de France aux multiples nuances colorées, où s’appliquent des règles différentes, trois semaines après avoir tenté de justifier l’obligation du port du masque en extérieur par un besoin de clarté et de simplicité pour les administrés…
Les autorités belges viennent intelligemment de mettre un terme à l’obligation du port du masque en extérieur, sauf exception justifiée par une densité exceptionnelle, au regard de l’inutilité et de l’inefficacité de la mesure. Ce qui est vrai en Belgique devrait l’être en France, où l’explosion des contaminations quatre semaines après la mise en œuvre de la measure confirme qu’elle ne sert à rien. Comme l’a justement déclaré la Première ministre belge, nous devons aller vers une situation qui permettra d’offrir une certaine stabilité et d’anticiper les événements. C’est ce que font aussi les autorités allemandes en inscrivant leurs mesures dans un calendrier s’étendant jusqu’à la fin 2021, échéance probable de la pandémie. Plutôt que de raisonner à 15 jours ou d’indiquer un horizon de quelques mois, nos pouvoirs publics seraient intelligents de s’inspirer de leurs homologues européens s’ils veulent éviter que le désordre de leurs décisions conduise le pays à la révolution.
L’incohérence est la face sombre du en même temps macronien. L’allongement du congé de paternité en est le dernier exemple. Il faut saluer ce temps supplémentaire accordé aux jeunes pères pour exercer pleinement leur paternité. Mais il est totalement incohérent de justifier cette mesure par le rôle déterminant joué par la présence du père dans les premiers jours de la vie des enfants tout en privant certains d’entre eux de père dans le cadre de la loi PMA pour toutes adoptée par l’Assemblée nationale le 1er août dernier. La logique exigerait d’allonger le congé paternité et de renoncer à la PMA pour toutes dans l’intérêt de l’enfant.
Le même souci du bien commun imposerait aussi de revisiter le rôle et le mode électif du Sénat. L’immense majorité des Français ignore que 50% de ses membres seront élus ce week-end. Le quinquennat actuel confirme l’utilité de la Haute assemblée. Mais cette élection en catimini ne fait pas honneur à la démocratie française. Si nous voulons rendre un vrai rôle au Sénat et reconstruire sa légitimité, il est indispensable que les prochaines élections se déroulent dans la transparence et la vérité, sous le regard de tous les Français.
Je souhaite, pour conclure, renouveler mon soutien à l’appel des journalistes pour défendre la Liberté publié mercredi. Les nouvelles menaces, proférées à leur encontre à l’occasion du procès des attentats islamistes de janvier 2015, sont inacceptables. L’attaque au couteau d’hier confirme que la menace reste entière. Plus que jamais dans cette époque incertaine, nous devons avec eux réunir nos forces pour chasser la peur et faire triompher notre amour indestructible de la Liberté.
Ensemble, mus par un même amour de notre pays et par l’héritage que nous ont légué les générations qui nous ont précédés, construisons la France que nous voulons, une France forte et libre !
Bon week-end à tous
François Vigne