Chers Amis,
Il est urgent de reprendre le contrôle de la situation. Il ne s’agit pas de prétendre contrôler le virus. Ce serait vouloir maîtriser la mer. Mais il faut, malgré les nombreuses incertitudes qui demeurent, redonner à notre stratégie sanitaire la cohérence et la lisibilité qui lui manquent. Tous les exemples étrangers le confirment. La confiance est clef pour mieux réussir face à la pandémie actuelle. Reprendre le contrôle de la situation, c’est aussi ne pas céder à la facilité de la dérive à long terme des finances publiques. Le projet de budget présenté lundi fait un autre choix.
Pour restaurer la confiance, l’exécutif doit mettre un terme à la pagaille actuelle. 79% des Français se déclarent inquiets pour la situation sanitaire globale du pays. La politique et la communication gouvernementale en sont les premiers responsables. Personne ne peut reprocher au pouvoir de ne pas tout savoir sur l’évolution de la pandémie. Cela n’excuse pas de naviguer autant à vue ! La Covid-19 restera une menace pendant des mois, voire des années. Les pouvoirs publics peuvent et doivent faire mieux. Surtout, il faut abandonner le discours de la peur et de la menace, à la père fouettard, encore employé par le ministre de la santé jeudi soir, pour passer à une parole de vérité et de responsabilité sans hésiter à dire ce qui va bien. Comme me l’ont confirmé les plus hauts responsables de notre système de santé hier, les indicateurs sont toujours dans la zone rouge, mais ils sont stables et le système tient, ce dont nous devons tous nous réjouir. Il faut aussi nous projeter dans l’avenir et préparer la phase d’après, comme le font les meilleurs.
Ce qui vaut pour notre dispositif sanitaire vaut aussi pour les finances publiques. Le projet de budget annoncé lundi par le gouvernement donne le tournis. Après l’éclatement de tous les repères en cette folle année 2020, le déficit public devrait encore atteindre 6,7% en. 2021 et la dette représenter 116,2% du PIB. Plus grave, l’exécutif ne prévoit pas de retour du déficit sous la barre des 3% avant 2024, alors que nos amis allemands visent un retour à l’équilibre budgétaire dès 2022 ! Si nous ne rectifions pas cette trajectoire, la resolvabilisation de l’Etat ne pourra être réalisée qu’en taxant les épargnants modestes et les jeunes, bref en continuant à appauvrir le pays. C’est pour cela qu’il faut sortir de l’état d’exception budgétaire actuel et reprendre la maîtrise de nos finances publiques.
Il est urgent aussi de mettre un terme au régime d’exception qui continue à régir nos libertés. Les députés ont eu tort de prolonger une nouvelle fois l‘état d’urgence sanitaire, même s’il ne dit plus son nom. Nous le subissons depuis mars dernier. La Constitution ne prévoit que deux régimes d’exception, ceux de l’article 16 et de l’état de siège, qui ne peuvent être mis en œuvre que pour des durées courtes. Si la complaisance du Conseil constitutionnel a permis à l’exécutif de mettre en place le régime d’état d’urgence sanitaire hors du cadre constitutionnel, tous les défenseurs de la République, de la démocratie et de la liberté doivent s’alarmer de son maintien.
Ils le doivent d’autant plus que les effets de ces mesures d’exception, du confinement aux fermetures de restaurants, sont redoutables. Les chiffres rendus publics cette semaine par le Secours populaire sur l’explosion de la pauvreté pendant le confinement, comme le sentiment de honte affectant beaucoup de malades de la covid-19, en témoignent. La période actuelle constitue un profond bond en arrière en humanité pour notre société. Afin de repartir de l’avant, il est essentiel de bâtir une fraternité nouvelle, vécue avec tous. A rebours des messages assénés par la propagande gouvernementale, l’autre doit cesser d’être considéré comme un porteur de risques ou une menace pour redevenir notre prochain. C’est pour cela que nous devons résister à l’instrumentalisation de la peur, à laquelle recourt trop souvent le pouvoir actuel, et renouer avec un régime d’état de droit véritable.
Il le faut d’autant plus que la dérive ne date pas de mars dernier. Le rapport d’Amnesty international dévoilé mardi a justement dénoncé les restrictions injustifiées aux libertés publiques et la répression des manifestants pacifiques en France pratiquées depuis 2012. La police n’est pas en cause. Les instructions qui lui sont données par les gouvernements qui se sont succédé sont les vrais responsables. Les menaces sur l’état de droit en Hongrie ou en Pologne ou le débat de mardi entre Donald Trump et Joe Biden confirment que l’avenir de la démocratie reste à gagner, dans ces pays, mais chez nous aussi. C’est pour cela que nous devons nous montrer intransigeants et faire cesser les dévoiements actuels.
Dans cette perspective, nous devons nous honorer du succès français face aux mesures d’intimidation turques contre la Grèce. Il reste à conforter, mais démontre que seul le rapport de forces permet de l’emporter face aux despotes qui occupent actuellement le pouvoir dans trop de grands pays. C’est une raison de plus de nous réarmer et de renforcer les moyens de notre défense nationale et européenne dans un monde aux menaces multiples. L’avenir de notre liberté et de nos droits fondamentaux en dépend.
J’en suis convaincu. L’espérance ne doit pas disparaître. Rien n’est perdu, pour la France, pour l’Europe et pour le monde. Mais il est clair aussi que rien de bon ne se produira si nous n’agissons pas, ensemble, au service du bien commun. C’est notre responsabilité de tout faire pour que l’âme de notre nation ne s’éteigne pas, mais qu’elle s’épanouisse au contraire, ainsi que la France et nos libertés. Ensemble, donnons à notre pays et à nos enfants l’avenir qu’ils méritent.
Bon week-end à tous et bon vote dimanche à tous nos compatriotes de Nouvelle-Calédonie
François Vigne