Chers Amis,
Je veux de nouveau rendre hommage à Samuel Paty. Son assassinat sauvage a bouleversé la nation entière. Il méritait un hommage solennel. Celui-ci a eu lieu. Il est maintenant urgent de passer à l’action, qui seule compte vraiment. Comme l’a affirmé le président de la République, nous devons à Samuel Paty de poursuivre le combat pour la liberté, la liberté sous toutes ses formes. Car la liberté ne se divise pas !
La lâche exécution de Samuel Paty par un jeune terroriste islamiste vendredi dernier nous a tous glacés d’horreur. Ce terrible attentat n’était malheureusement ni surprenant, ni imprévisible. Il s’inscrit dans la lignée de tous ceux qui ont frappé la France depuis 2014, dont l’attentat de la préfecture de police du 3 octobre 2019. Ils ont causé la mort de 267 de nos concitoyens et fait des centaines de blessés. Contrairement à ce que certains de nos gouvernants ont pu dire, ce n’est pas la laïcité et la République qui étaient spécifiquement visées, mais bien notre nation, la France, avec son histoire, ses principes fondamentaux et ses valeurs.
Nous devons en être conscients. La France est le pays le plus touché par les attentats islamistes commis en Europe et en Amérique du Nord depuis 2014. Cette situation n’est pas le fruit du hasard. Elle n’est pas non plus la conséquence de l’engagement fort de nos armées sur le terrain, puisque les Etats-Unis ou le Royaume-Uni ont subi beaucoup moins d’attentats que nous. Elle est le résultat de quarante ans de dérive de notre politique d’intégration. Par clientélisme, électoralisme ou lâcheté, nos dirigeants politiques ont cédé à la facilité du communautarisme et des petits arrangements. Ils ont également laissé nos services de police et de justice s’appauvrir. Nous en voyons les résultats avec des zones de non-droit qui continuent à prospérer dans l’hexagone et pour lesquelles les dirigeants actuels de la République privilégient la stratégie de l’évitement.
Après l’effondrement de notre système administratif pendant le confinement, la mort de Samuel Paty est une nouvelle illustration de la faillite de nos services publics. L’absence de réaction de la police au signalement du compte de son meurtrier six jours avant son crime est une faute grave. Il est clair aussi que la principale du collège où enseignait Samuel Paty et les services de l’académie ont mal géré l’affaire de son cours sur les caricatures de Charlie Hebdo. L’enseignant n’a pas reçu la protection et le soutien qu’il méritait.
Face à ces immenses dysfonctionnements, il y a urgence à agir. La mort de Samuel Paty doit servir de réveil. Nous pouvons et allons gagner le combat contre le terrorisme islamiste. Mais nous vaincrons d’autant plus vite que nous en prendrons les moyens. Cela suppose de transformer en profondeur la gestion actuelle et de reprendre une véritable politique d’intégration. Il faut aussi mettre en tête de nos priorités l’éradication des zones de non-droit. Nous devons simultanément renforcer les moyens de la justice. La France lui consacre encore moitié moins de ses dépenses publiques que l’Allemagne. Il convient de donner à nos magistrats les moyens de travailler. Lui consacrer ne serait-ce qu’une infime partie des 500 à 600 milliards € que vont coûter les mesures de confinement et de couvre-feu permettait de changer du tout au tout la situation.
Agir sur le seul territoire national ne suffira pas. Il faut poursuivre l’effort sur les terrains d’opération, du Moyen-Orient au Sahel. Le général Bernard Barrera reconnaissait il y a deux jours, au moment de son adieu aux armes, que la situation n’y était pas bonne et qu’aucun succès durable n’y serait possible sans renforcer, en plus de notre action militaire, l’aide au développement. Cela demande des ressources. C’est pour cela que nous devons être économes de nos moyens et de ne pas les dilapider inconsidérément dans le contexte de la crise sanitaire actuel.
Nous devons, pour la même raison, résister aux pressions de nos dirigeants actuels en faveur de nouvelles mesures de couvre-feu ou de confinement. Hanté par conséquences de l’affaire du sang contaminé pour les dirigeants politiques et administratifs de l’époque, terrorisé par la récente perquisition à son domicile, Olivier Véran fait tout pour obtenir un nouveau confinement. Les mesures de couvre-feu mises en œuvre depuis 10 jours vont avoir un impact très lourd pour notre économie. Celles d’un nouveau confinement seraient encore plus dramatique.
Sauf vaccin, toujours très incertain, il y aura une troisième, une quatrième, une cinquième vague et peut-être d’autres encore. L’histoire des épidémies montre que la seconde est toujours la plus haute en termes de contaminations, rarement en nombres de morts. Nous assistons actuellement à une forte accélération des contaminations. Contrairement aux messages alarmistes du ministre de la Santé, notre système sanitaire a pourtant les moyens de tenir, surtout si nous à utilisons efficacement les données prédictives ou généralisons Covidom sur toute la France. Le seul vrai critère important est celle du solde des entrées en et sorties de réanimation. Il progresse, mais n’explose pas et reste maîtrisé.
Face aux nouvelles vagues à venir, nous ne pouvons nous permettre, d’un point de vue social, économique, éducatif, culturel et tout simplement humain, de mettre la France à l’arrêt ou sous cocon tous les deux, trois ou quatre mois. C’est pour cela que, au-delà même des enjeux de liberté, le couvre-feu ou le reconfinement ne sont pas des solutions. Comme viennent de le rappeler Henri Bergeron, Olivier Borraz, Patrick Castel et François Dedieu, chercheurs respectivement au CNRS, à la Fondation nationale des sciences politiques et à l’Inrae, qui viennent de publier Covid 19, une crise organisationnelle, nous ne disposons d’aucune information sérieuse sur les effets du confinement ou du couvre-feu, qui n’ont jamais été véritablement testés ou étudiés, ni sur leurs impacts sanitaires, économiques ou sociaux.
La liberté ne se divise pas. La liberté d’expression ne peut exister que s’il y a aussi liberté d’aller et de venir. Prétendre défendre l’une sans respecter l’autre conduit à une impasse. L’urgence est donc de responsabiliser l’ensemble des Français et d’augmenter notre capacité de lits en réanimation. L’argument selon lequel il ne serait pas possible de former les personnels nécessaires ne tient pas. Pendant les dernières guerres, dans des conditions très dégradées, les générations précédentes ont su le faire. Il n’y a donc aucune raison que nous n’en soyons pas capables.
C’est la force des hommes et des femmes libres de ne pas avoir peur. Qu’il s’agisse du terrorisme islamique ou du coronavirus, n’en remettons pas le poids à nos enfants et petits-enfants. C’est à nous d’en supporter le tribut et d’y apporter les meilleures solutions, dans le respect des valeurs de liberté, de fraternité et de responsabilité qui font la fierté de notre peuple et la force de notre nation.
Bon week-end à tous
François Vigne
Président de la France en marche