Hier soir, Samuel Paty, professeur de collège à Conflans-Sainte-Honorine à été sauvagement décapité par un jeune islamiste de 18 ans, d’origine tchétchène. Samuel Paty a été assassiné parce qu’il avait choisi d’éduquer ses élèves à la liberté d’opinion. Je veux d’abord lui rendre un vibrant hommage et m’associer à la peine de sa famille et de tous ses proches. Mais les hommages ne suffisent pas. C’est aussi et surtout en poursuivant son combat contre l’obscurantisme, pour l’éducation et pour la liberté que nous nous montrerons dignes de son sacrifice.
En frappant l’un de nos concitoyens qui avait choisi de servir notre pays en se consacrant à l’éducation de notre jeunesse, le meurtrier et ceux qui l’ont manipulé ont non seulement voulu s’attaquer à un homme, mais aussi à toute notre communauté nationale, à notre liberté et aux valeurs qui font la grandeur de notre nation.
Le 5 octobre, Samuel Paty avait simplement montré à ses élèves de la classe de quatrième dont il était professeur principal, des caricatures de Mahomet issues de Charles Hebdo a l’occasion du procès de la tuerie de 2015. Il avait pris le soin de demander aux élèves de religion musulmane de sortir de la classer avant de montrer ces caricatures. C’était l’acte courageux et respectueux d’un homme libre voulant former ses élèves à l’intelligence et à la liberté. Rien de cela n’aurait dû choquer.
Cette sanglante attaque nous le rappelle. La menace terroriste islamiste reste entière. Ce meurtre sauvage est aussi un formidable démenti à tous ceux qui ont recommandé, malgré l’attentat contre Charlie Hebdo, celui de la préfecture de police de Paris et tous ceux qui se sont succédé, de se taire et d’accepter de lâches accommodements.
Après le drame de vendredi soir, l’heure est à la mobilisation. L’unité nationale est notre devoir. Le combat contre l’islamisme doit être mené sans attendre. Les discours, fussent-ils présidentiels, ne suffisent pas. C’est sur le terrain, partout en France, ainsi que sur les terrains étrangers où nos troupes sont déployées, qu’il faut mener la lutte contre les fanatiques de l’intégrisme islamiste, de l’obscurantisme et les ennemis de la liberté et des valeurs qui fondent notre nation.
Nous devons aussi tirer toutes les conséquences des insuffisances et des dysfonctionnements que cette tragédie révèle. Il ne suffit pas de répéter « ils ne passeront pas », « nous sommes en guerre » ou de convoquer une fois encore les « valeurs de la république » pour vaincre le terrorisme.
Il faut reconnaître que trop peu a été fait, depuis les attentats de janvier 2015, pour dégager de nouveaux moyens pour l’éducation nationale, la police, la justice et la défense. Trop peu a été fait pour refonder notre citoyenneté et éliminer les foyers terroristes au sein même de la nation et chez nos plus proches voisins.
Il est temps de renforcer enfin les moyens humains et matériels de l’éducation nationale, de la police, de la justice et de la défense en procédant aux économies nécessaires dans l’ensemble des autres dépenses publiques. C’est le prix de notre liberté et de notre indépendance et c’est parce que nous aurons retrouvé la maîtrise de nos finances publiques que nous pourrons les assurer.
Nous devons abandonner toute naïveté et toute complaisance dans la lutte contre les foyers terroristes et contre l’islamisme. Aucune tolérance n’est possible à l’égard des discours de haine faussement prononcés au nom d’une religion. Les lieux de culte qui en sont les théâtres doivent être fermés leurs auteurs systématiquement poursuivis et condamnés. De même, toute personne partie s’entraîner dans un camp étranger doit être considérée comme ennemie de notre pays et être incarcérée si elle revient sur le territoire national. Face à une menace aveugle, mobile et agile, c’est un devoir national de doter nos forces de sécurité des moyens d’être encore plus fortes, mobiles et agiles.
Le combat victorieux contre le terrorisme implique aussi d’éradiquer tous les trafics, d’armes et de drogue, qui l’alimentent, et d’assécher toutes ses sources de financement, en procédant, si nécessaire, aux révisions diplomatiques nécessaires. Nous ne devons plus tolérer qu’aucun Etat dans le monde soutienne, d’une manière ou d’une autre, les réseaux terroristes qui nous attaquent.
Il faut enfin renforcer d’urgence la coopération européenne en matière de renseignement et de lutte contre le terrorisme. Dans cette lutte mondiale contre le terrorisme, aucune nation ne pourra gagner seule. Il revient aujourd’hui à notre pays de prendre l’initiative et d’assurer enfin une pleine coopération européenne pour ce combat commun.
Nous avons devant nous une épreuve de première grandeur, bien plus grande que celle de la pandémie actuelle. Comme pour celle-ci, nous avons devant nous de longs mois, des années mêmes sans doute, de combats et d’épreuves. Sonnés vendredi par la lâcheté et la brutalité de l’attaque, nous pourrons vaincre demain par une détermination totale et une organisation sans faille.
Plus vite nous prendrons les moyens de notre liberté, plus vite nous l’emporterons et ferons triompher les valeurs de la France.