Face à la seconde vague, le gouvernement français, comme beaucoup de ses homologues, réagit dans l’urgence, sous la pression des événements. L’histoire des pandémies passées rendait pourtant extrêmement probable une seconde vague en septembre. L’arrivée de l’automne et des maladies saisonnières annonçait une rentrée compliquée, comme nous en alertions fin mai.

Dépassé par la situation, le gouvernement français, comme ceux de la Belgique, l’Italie, l’Espagne ou l’Irlande, est aujourd’hui rentré dans une course aux mesures restrictives, sans même savoir si elles sont pertinentes et seront efficaces. Après la fermeture des bars et restaurants, la mise en œuvre de couvres-feu, le ministre de la Santé agite la menace d’un reconfinement, partiel ou total, en suivant le mauvais exemple de l’Irlande ou de l’Espagne. Emmanuel Macron avait pourtant promis en juin qu’il ne reconfinerait pas.

Cette attitude suiviste est suicidaire. Nous savons tous que nous n’avons pas les moyens de reconfiner sans faire porter à notre jeunesse et aux générations futures une charge colossale. Le président de la République demandera-t-il aux retraités actuels de réduire leurs retraites de moitié ou de se remettre au travail pour faire preuve de la même solidarité que celle demandée aux jeunes ? Tout ceci n’a pas de sens.

Il serait tout aussi scandaleux de reporter les prochaines élections régionales et départementales, comme le souhaite le pouvoir actuel. Autant il était irresponsable de tenir les premier et second tour des élections municipales, en mars et juin dernier, alors que le gouvernement s’était fait surprendre par Covid 19, autant il serait contraire aux principes fondamentaux de notre République de retarder les prochains scrutins. Nous aurons eu plus d’un an pour mettre en place les protocoles nécessaires assurant leur tenue dans les conditions sanitaires appropriées.

Nous ne devons pas accepter qu’un virus asservisse notre peuple, comme c’est le cas aujourd’hui. Jean-Marie Burguburu, président de la Commission nationale des droits de l’homme, a rappelé hier que, jamais en temps de paix, la République n’a connu une telle restriction de libertés. Nos libertés les plus essentielles sont aujourd’hui entravées, à commencer par la liberté d’aller et de venir, celle de se réunir et celle de manifester.

Ne donnons pas au coronavirus la victoire contre nos libertés que nous nous employons à refuser au terrorisme islamiste. Le fait que l’Assemblée nationale ait accepté, la nuit dernière, de proroger l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 16 février, est une nouvelle illustration de la fuite en avant actuelle. Cela confirme que les digues sont tombées. Jusqu’où nos gouvernants seront prêts à aller par peur de possibles poursuites ? Se retrancher derrière l’alibi que d’autres États européens feraient de même n’est pas acceptable. On pourrait, avec le même raisonnement, justifier l’interdiction de l’avortement en suivant l’exemple de la Pologne, la remise en cause de la liberté de presse comme en Hongrie et bien d’autres mesures…

Dans ce contexte, il est urgent de rependre notre sang-froid et de ne plus céder à la panique. Cela suppose de nous doter des moyens nécessaires pour répondre à la seconde vague, mais aussi aux troisième, quatrième, cinquième et autres potentielles à venir. Il faut renforcer nos capacités de réanimation dans les hôpitaux et cliniques, ainsi que d’oxygénation dans les EHPAD, pour nous permettre de les adapter au nombre de malades nécessitant de tels équipements plutôt que d’être contraire de faire l’inverse. L’effort d’investissement coûtera moins cher que les sommes dépensées en pure perte pour tenter d’amortir les coûts du couvre-feu ou du reconfinement.

Il faut aussi préparer les Français et les Françaises à l’hypothèse, toujours forte, de l’absence de disponibilité d’un vaccin à court terme et d’une possible contamination. Elle est, dans la plupart des cas, bénigne. Notre devoir à tous est de prendre les meilleures mesures pour ralentir la propagation du virus et protéger les plus fragiles en pratiquant les mesures barrières les plus efficaces, à commencer par le lavage des mains, l’aération et la distanciation physique quand elle est possible.

Il est urgent de reprendre la main face à l’épidémie actuelle. L’avenir de notre démocratie, ainsi que la prospérité de notre nation en dépendent. Le temps de la soumission doit prendre fin. C’est parce que nous saurons ne pas sacrifier l’essentiel et sorties de l’urgence sanitaire que nous donnerons à notre pays l’avenir qu’il mérite.

lfm_2016