Chers Amis,

Notre objectif est clair. Il est urgent de prendre de la hauteur par rapport à la crise sanitaire. La priorité est de préparer l’alternance de 2022 en évitant à la France d’être condamnée au dilemme Macron-Le Pen. Rien ne sert de rester les bras ballants à attendre que cela se passe. C’est maintenant qu’il faut agir pour relever les défis auxquels notre pays fait face et choisir l’avenir que nous voulons.

Les annonces du Premier ministre jeudi soir furent sans surprise. La machine à communiquer gouvernementale avait largement préparé les esprits. Il est possible de comprendre le désarroi du pouvoir face à un virus dont l’évolution lui échappe. Mais il est regrettable que les mesures gouvernementales pèchent toujours par leur incohérence et leur caractère infantilisant. Surtout, il est profondément dommage que le gouvernement continue à manipuler les chiffres et les esprits.

Nos gouvernants savent pourtant très bien, puisque nous parlons aux mêmes experts, que les chiffres globaux de contaminations ne veulent rien dire. Ce qui compte, c’est la pente. Il n’est pas plus pertinent de les comparer les chiffres d’aujourd’hui à ceux du printemps, époque à laquelle un tiers seulement du territoire français était vraiment touché. Il est clair enfin que la situation, très différenciée selon les territoires, aurait justifié une approche régionalisée du déconfinement, qui aurait permis d’éviter à beaucoup de Français des sacrifices inutiles.

Pour gagner la bataille de la sortie de crise et donner les meilleures chances à la reprise, il est essentiel d’abandonner cette tactique de manipulation des esprits, qui alimente la défiance. Il n’y a pas de temps à perdre. Avec seulement 36% de Français lui accordant leur confiance pour lutter efficacement contre l’épidémie de Covid-19, le gouvernement serait bien inspiré de changer sans tarder.

Il est temps également d’élargir l’horizon. Comme je l’ai indiqué, l’enjeu est pour nous de préparer l’alternance de 2022. Nous y travaillons déjà. L’une des grandes erreurs des présidents qui se sont succédé fut de conduire leur mandat en réaction à celui de leur prédécesseur, quitte à jeter le bébé avec l’eau du bain. Il conviendra au contraire de conserver ce qui restera le principal acquis du quinquennat Macron, à savoir la modération fiscale. Il faut dire que le président de la République avait pu voir, de l’intérieur, en tant que conseiller économique et ministre de François Hollande, les immenses dégâts du matraquage fiscal.

Pour permettre à la France de repartir de l’avant et de sortir des crises à répétition qu’elle subit depuis 2017, il sera en revanche essentiel de dépasser le « en même temps », qui constitue la signature présidentielle. Il ne s’agit pas de renoncer à penser la complexité, propre à la société contemporaine. Mais il est urgent d’échapper au relativisme et à l’immobilisme auxquels condamne inévitablement la philosophie présidentielle. L’actualité des huit derniers jours le confirme sans ambiguïté.

C’est parce que le chef de l’Etat a voulu en même temps séduire les membres de la Convention citoyenne sur le climat et préserver les Français de nouvelles règles radicales qu’il se trouve dans l’impasse. C’est parce qu’il a choisi de condamner les violences des manifestants et de donner en même temps raison à ceux qui dénoncent violences policières et contrôles au faciès qu’il est de nouveau coincé. C’est parce qu’il cherche à obtenir le soutien des Français désireux de stopper l’islamisme radical et, en même temps, à conserver le vote musulman qu’il a transformé le projet de loi contre le séparatisme en projet de loi confortant le respect des principes de la République… qui n’atteindra pas son but, mais restreindra de nouveau les libertés fondamentales.

Gouverner, c’est choisir. En s’y refusant, le chef de l’Etat condamne le pays au surplace. Sous la IVème République, les gouvernants repoussaient les problèmes en créant des commissions. Avec Emmanuel Macron, l’exécutif fait de même en accolant le nom du ministère concerné au problème en question. Après le Ségur de la Santé et le Grenelle de l’Education, c’est un Beauvau de la sécurité qui est annoncé. Quitte à poursuivre, le plus urgent serait de démarrer un Elysée de l’Etat, puisque là est l’origine du problème.

La France mérite mieux. Nous entendons structurer la relance autour de trois principes fondateurs : restaurer la liberté, redresser l’Etat et regarder les réalités en face.

Il est essentiel de restaurer la liberté et de mettre un terme aux atteintes actuelles. Jeudi soir encore, l’exécutif a montré ses véritables intentions. Après que le Premier ministre ait annoncé renoncer, pour des questions éthiques, à l’isolement forcé des victimes de la Covid, Olivier Véran a expliqué comment il entendait mettre en place, à partir de janvier, des brigades chargées d’accompagner chez eux les patients, dès la sortie du laboratoire, afin d’y tester les autres occupants du logement et de les mettre sous surveillance. Nous pouvons heureusement compter sur l’incapacité du pouvoir à mettre en œuvre ce qu’il annonce et sur l’esprit rebelle des Français pour mettre en échec ce projet liberticide. Mais il trahit l’état d’esprit de nos gouvernants actuels.

Nous devons également nous élever contre les trois projets de décrets autorisant le fichage politique, syndical ou religieux des personnes surveillées par la police, qui sont en cours de finalisation. Le motif officiel de prévention des violences est respectable. Mais le champ très large de ces décrets est profondément dangereux. Il permettrait en pratique le fichage politique, syndical et religieux des opposants à la politique gouvernementale. Nous reviendrons alors aux pires heures de l’histoire nationale.

C’est pour cela qu’il y a urgence à rendre sa pleine place au principal cardinal de liberté, qu’il s’agisse de la liberté d’aller et de venir, de la liberté de pensée, de la liberté de culte, de la liberté de commerce et d’industrie, de la liberté d’entreprendre, etc. qui fait la force et la grandeur de notre nation, et à leur rendre leur caractère sacré.

Nous voulons aussi mettre au centre de notre action le redressement de l’Etat. Les nouvelles violences du week-end dernier, la confirmation lundi du bonnet d’âne français en matière d’éducation mathématique et scientifique et le rapport sénatorial rendu public jeudi sur la gestion de la crise sanitaire montrent l’ampleur de l’enjeu. Mais le défi pourra être relevé dès lors qu’il y aura la volonté et l’action.

C’est cette volonté de regarder les difficultés en face et d’agir, plutôt que de parler, pour les régler que nous entendons constituer en troisième pilier de notre action. Il faut regarder en face les problèmes de l’Union européenne. Il faut aussi regarder en face la menace chinoise et, par exemple, ne pas rester silencieux, comme c’est le cas aujourd’hui, face à l’exclusion d’un savant taïwanais par l’Unesco sur ordre de la Chine. Pour défendre la paix du monde, nous devons empêcher que la Chine ne fasse tomber Taïwan après avoir annexé Hong-Kong. Il faut tout autant regarder en face la fracturation de notre nation, encore illustrée cette semaine par les manœuvres d’intimidation contre sept prêtres dans le Vaucluse.

La tâche est immense, mais le relèvement est possible. Il est temps de tous nous réveiller. L’affaiblissement de la France et la mise en place d’une dictature molle ne sont pas des fatalités. Le futur est entre nos mains. À nous d’être à la hauteur !  À nous de prendre nos responsabilités !  À nous de gagner notre liberté, notre prospérité et notre unité ! Ensemble, offrons à notre pays et à l’Union l’avenir qu’ils méritent.

Bon week-end à tous

Amicalement

François Vigne

Président de la France en marche

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