Chers Amis,
Mercredi dernier, la France avait le visage de son président, celui qu’il affichait lors de son arrivée sous la pluie sur les Champs-Elysées, un visage renfrogné, un visage courroucé, un visage désabusé. Près d’un an après le début de l’affaire Benalla, six mois après celui de la crise des Gilets jaunes, démotivés par une campagne européenne trop tardive, poussive et sans perspective, les Français sont fatigués et perplexes, manquant d’élan. Il est urgent de donner à notre pays un autre visage et une nouvelle espérance.
77% des Français de 18 à 25 ans prévoient de ne pas aller voter le 26 mai. Tout indique que l’abstention sera, toutes classes d’âge confondues, le grand vainqueur des élections européennes. Les gouvernants et dirigeants actuels en sont les premiers responsables. Leur choix de retarder l’entrée en campagne, de continuer à repousser le règlement des problèmes comme ils l’ont fait pour le Brexit et de s’abstenir de définir un projet clair et motivant pour l’Union ne produit pas d’autre résultat !
Dans cette perspective, le programme dévoilé mercredi seulement par le parti présidentiel va dans le mauvais sens. Avec 79 mesures et 9 priorités, il atteste de nouveau d’une dramatique incapacité à choisir et à définir de vraies priorités. En recyclant de vieilles idées comme celui d’une armée européenne qui supposerait une véritable supranationalité à laquelle personne n’est plus prêt aujourd’hui ou celui d’une convergence fiscale et sociale dont aucun de nos partenaires ne veut au regard des piètres performances économiques françaises et en proposant l’organisation d’une énième conférence pour relancer l’Europe avec des dirigeants, des experts et des citoyens tirés au sort…, le parti au pouvoir reste dans l’incantation et le discours, alors que les Français demandent de l’action et des résultats.
S’il y a une convergence que la France devrait rechercher aujourd’hui, c’est celle du plein-emploi. Le taux chômage national continue à dépasser les 8,8%, alors qu’il est passé sous la barre des 3,2% en Allemagne, des 3,9% au Royaume-Uni et des 3,6% aux Etats-Unis, malgré les difficultés auxquelles fait face chacune de ces nations. Cela confirme que notre pays n’a pas réglé ce problème essentiel, ni mis en œuvre l’ensemble des moyens nécessaires pour permettre l’emploi de tous et faire disparaître le chômage de masse.
Afin d’y parvenir, il est urgent de reprendre la maîtrise de nos finances publiques. Le double bonnet d’âne de notre nation au sein de la zone euro en termes de déficit budgétaire et de taux de chômage démontre que les deux sont corrélés. L’excès de dépenses publiques nuit au plein-emploi au lieu de le rendre possible. L’exemple de tous nos voisins, qui sont parvenus à faire baisser simultanément chômage et déficits, en témoigne : le combat du plein-emploi peut être gagné. Encore faut-il le mener vraiment, à rebours de la politique actuelle de renoncement et de dérapage budgétaires.
Vaincre le chômage suppose aussi d’accélérer la remise à niveau de notre système d’éducation et de formation. Il est primordial de remédier au grave problème de sous-qualification des Français les moins formés. La contre-performance de notre pays, rendue publique jeudi – concernant la capacité des individus à réaliser un usage complexe et diversifié d’Internet, à 50,3% contre une moyenne de 58,3% au sein de l’OCDE, et le nombre d’adultes ayant reçu une formation en technologies de l’information et de la communication au cours des derniers 12 mois, à 38,1 % contre 42 % – constitue un nouveau signal d’alerte. Il y a urgence à agir pour éviter le décrochage des Français et l’exclusion de ceux qui sont les plus éloignés de l’emploi, des systèmes de formation et des nouvelles technologies.
Ce combat pour l’inclusion de tous, en particulier des personnes porteuses d’un handicap, était celui de Jean Vanier, qui nous a quittés mardi et aurait mérité un beaucoup plus grand hommage de nos dirigeants. Comme il l’écrivait, il nous appartient de bâtir une société où chacun soit accueilli et honoré et trouve un lieu d’appartenance où il puisse développer ses capacités et ses dons et grandir vers une liberté et une autonomie plus grandes. La crise des Gilets jaunes montre l’acuité de ce défi. C’est en le relevant que nous ferons progresser notre pays, que lui nous permettons de repartir de l’avant et que nous retrouverons une espérance collective.
Cette semaine, il eut fallu que la France ait le visage éclairé de Jean Vanier. Nous sommes déterminés à lui rendre un même sourire ! Ensemble, donnons à la France l’avenir que nous voulons.
Bon week-end à tous
François Vigne
Président de la France en marche