Contrairement aux déclarations de plusieurs de nos gouvernants, l’année 2020 fut une année de recul pour l’Union. Comme l’a souligné Michel Barnier, le Brexit reste un échec collectif, malgré l’accord que le négociateur français a su négocier. C’est d’abord un échec pour la Grande-Bretagne, mais c’est aussi un échec pour l’Europe, qui se voit affaiblie par ce départ. Nous verrons dans l’avenir si cette fille prodigue revient sonner à la porte de la maison et ce que nous ferons. Notre intérêt commun est que le Royaume-Uni devienne le meilleur allié de l’Union.
La crise sanitaire a également mis l’Europe en échec. Si l’adoption du plan de relance a confirmé le très fort attachement de l’Allemagne à l’Union, cette dernière s’est globalement montrée incapable de définir une réponse commune face à la pandémie. Qu’il s’agisse des règles d’ouverture des frontières vis-à-vis des pays étrangers, de la circulation intérieure des citoyens de ses différentes Etats membres, des règles de tests ou de vaccination, c’est en ordre dispersé que l’Europe a affronté la crise sanitaire, rendant difficile la vie de ses ressortissants. Plus grave encore, la Covid-19 a montré une forte méfiance entre citoyens des pays membres de l’Union. Chaque pays a considéré que les ressortissants de ses partenaires constituaient des étrangers, potentiellement dangereux, n’hésitant pas à faire retomber un rideau de fer, réduisant à néant les concepts de citoyenneté européenne ou d’Europe politique auxquels certains nostalgiques du siècle dernier tentent encore de s’accrocher.
Sur le plan technologique aussi, la crise sanitaire a montré les faiblesses de l’Union. Si BioNTech a efficacement contribué au vaccin commercialisé par Pfizer, il reste qu’aucun grand groupe pharmaceutique européen n’a encore été capable de développer un vaccin et que l’Europe reste aujourd’hui dépendante dès Etats-Unis ou de la Grande-Bretagne pour la vaccination de ses ressortissants. L’Union n’a pas plus réussi à mettre en place des applications ou des outils communs pour répondre aux défis de la pandémie.
Ce constat d’échec, c’est sans plaisir, mais avec lucidité que nous le faisons. Il doit résonner comme un signal d’alarme et provoquer un réveil collectif. Le Brexit et la sortie progressive de la crise sanitaire sont une formidable occasion de changer et de remédier aux faiblesses de l’Europe.
La généralisation du vote à la majorité qualifiée, que certains ont encore voulu promouvoir hier, n’est pas la bonne réponse. Ce serait la meilleure façon de briser l’Union en poussant au départ nombre de ses Etats, dont les peuples ne supporteraient pas la remise en cause de leur souveraineté. Cela renforcerait encore la bureaucratisation de l’Europe et la distance qui s’accroît entre elle et les citoyens de ses Etats membres.
Ce qu’il faut au contraire, c’est rapprocher l’Union de ses ressortissants, en créant une Europe de la santé digne de ce nom, en soutenant nos grands laboratoires pharmaceutiques afin d’assurer notre indépendance sanitaire et en instituant une procédure d’urgence assurant que la fermeture des frontières ne puisse être décidée unilatéralement que si les partenaires n’ont pas proposé un dispositif cohérent dans les 24 heures suivant la demande.
Si nous voulons donner un futur à l’Union, l’heure est venue de la reconstruire en affrontant ses faiblesses et en imaginant des solutions nouvelles pour les résoudre. L’avenir est entre nos mains. À nous de lui donner celui que nous voulons !