Chers Amis,

Après plus d’un an de pandémie mondiale, il est temps de tirer un premier bilan. Avec près de 2 millions de victimes officielles à date et peut-être 2,8 millions en incluant les victimes indirectes et non déclarées, l’épidémie a représenté 3 à 5% des 60 millions de morts que compte notre planète chaque année. Cela confirme que le virus, s’il est diablement contagieux, reste heureusement peu létal. Il est indispensable de prendre toutes les précautions nécessaires pour limiter le nombre de victimes. Mais il est clair aussi que nous ne devons pas renoncer à l’essentiel pour une maladie qui ne menace pas la survie de l’humanité.

La pandémie a malheureusement représenté une part beaucoup plus importante, supérieure à 10%, des décès français. C’est pour cela que les fanfaronnades du Premier ministre sur sa bonne gestion de la crise étaient particulièrement mal venues jeudi soir. Certes, l’Allemagne fait face, depuis deux mois, à une forte hausse du nombre de victimes. Mais elle continue à afficher une mortalité presque deux fois moindre que le nôtre, malgré le plus grand âge de sa population. Nous pouvons aussi légitimement regretter que la France ne fasse pas partie des 10 pays qui vaccinent le plus contre la Covid, au contraire de l’Allemagne, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de l’Italie ou de l’Espagne.

Pour rétablir la confiance, qui continue à faire cruellement défaut, il est essentiel de dire la vérité aux Français. Jean Castex a eu tort de prétendre, avant-hier, que les chiffres confirmaient déjà l’effet positif du couvre-feu à 18h instauré dans certains départements depuis le 2 janvier. Il ne peut pas encore le savoir. Le fondateur du site CovidTracker, qui fait désormais référence, affirmait d’ailleurs le matin même que nous ne disposions pas des informations nécessaires. Il est également regrettable que le gouvernement fasse évoluer, dans le sens qu’il souhaite, les statistiques, la veille et le matin des annonces, pour justifier de nouvelles restrictions. La menace des variants britannique, sud-africain ou nippo-brésilien était suffisante aux yeux des Français.

L’exécutif français affirme sans cesse qu’il faut vivre avec le virus. Mais il fait l’exact contraire. Comme l’OMS l’a confirmé en début de semaine, nous n’aurons pas atteint l’immunité collective d’ici la fin de l’année. Et le retard pris par la France en matière de vaccination ne nous aidera pas à faire partie des premiers pays à l’atteindre. Pour autant, nous ne pouvons pas durablement continuer à enchaîner les périodes de confinement et à vivre, en permanence, sous la menace de nouvelles restrictions. Tout se passe comme si les Chinois ne nous avaient pas seulement exporté le coronavirus, mais aussi leur fameux supplice, auquel le pouvoir nous soumet désormais tous les jeudis.

Le rapport publié début janvier par le Conseil national de la productivité a confirmé les conséquences dramatiques du confinement et de l’interruption de la scolarité en présentiel sur le niveau et la formation des élèves, tout particulièrement les plus défavorisés. Ces effets seront durables. Ils sont susceptibles de marquer toute une génération. Notre responsabilité collective est de garder ouvertes les écoles et de tout faire pour éviter de retomber dans une scolarisation en mode distanciel. L’avenir de la France est en jeu.

Il faut, dans la même perspective maintenir les échéances électorales et ne pas reporter après juin les élections régionales et départementales. Les autres grandes démocraties ont réussi à préserver leur vie démocratique. Il n’y a pas de raison que la France ne puisse pas y parvenir. Les intérêts électoraux du parti présidentiel ne doivent pas l’emporter. La priorité à donner à ceux de notre nation et de la République impose à nos gouvernants de respecter le calendrier électoral.

Les événements du Capitole ont montré la fragilité de nos démocraties. L’heure n’est pas en saper les bases, mais au contraire à les consolider.  A cette fin, il faut rejeter le projet de loi présenté mercredi en Conseil des ministres pour perpétuer jusqu’au 1er juin l’état d’urgence sanitaire et jusqu’au 31 décembre le régime juridique le fondant. La liberté doit rester la règle et l’état d’urgence l’exception. C’est en tremblant que l’exécutif et les parlementaires doivent le renouveler pour des périodes courtes ne dépassant pas un mois, afin de permettre à la France d’en sortir au plus tôt.

Le rôle déterminant des réseaux sociaux impose de créer le cadre juridique permettant de soustraire la liberté d’expression au bon vouloir de leurs principaux acteurs. Quelles que soient les fautes de Donald Trump, son bannissement des réseaux sociaux représente, comme l’a reconnu le patron de Twitter, un dangereux précédent. Plus que la République des juges, nous devons craindre aujourd’hui la dictature de l’exécutif, la dictature sanitaire ou la dictature des réseaux sociaux. Notre responsabilité collective en d’agir en fondateurs et en constituants d’une nouvelle République, assurant l’avenir de la France et celui des libertés publiques chèrement conquises par les générations qui nous ont précédés.

En agissant ainsi, nous nous montrerons dignes de leur sacrifice et de la grandeur de notre pays. Nous construirons l’avenir que nous voulons pour nos enfants et petits-enfants. Notre programme est là. Ensemble, affrontons l’épreuve et prenons les moyens de transmettre intacts aux générations futures une France meilleure et ce don merveilleux qu’est la liberté.

Bon week-end à tous

Amicalement François Vigne

Président de la France en marche

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