La France finalise ses négociations avec la Commission européenne concernant la nouvelle recapitalisation d’Air France. Celle-ci est rendue nécessaire par les conséquences des restrictions sanitaires et des fermetures de frontières imposées pour lutter contre la pandémie. Nous devons refuser les restitutions de créneaux à Orly demandées par l’Union en contrepartie. Le soutien financier apporté à la compagnie nationale ne doit pas être conditionné par son affaiblissement.
La crise sanitaire l’a confirmé. L’existence d’une compagnie aérienne nationale est un élément essentiel de souveraineté. Quand nous avons dû rapatrier des Français bloqués à différents endroits de la planète par la crise sanitaire, c’est sur Air France et pas sur ses homologues étrangères et sur les low-costs que nous avons pu compter. C’est pour cela que notre pays doit soutenir Air France aussi longtemps et autant de fois que la durée de la pandémie l’exigera
Rien ne justifie de devoir rendre des créneaux à Orly, qui seraient ensuite dévolus à des concurrents, en contrepartie du soutien financier de la nation. Celui-ci ne constitue pas une béquille accordée à un acteur défectueux. Il vient corriger l’impact des mesures extraordinaires, contraires au principe de libre-entreprise et aux lois de l’économie de marché, sur l’activité du pavillon national.
Le fait que l’Allemagne ait accepté une concession analogue pour soutenir Lufthansa ne justifie rien. L’erreur allemande ne doit pas constituer un précédent et être renouvelée. C’est au nom de mêmes règles de concurrence mal comprises que nous avons affaibli beaucoup de nos industries stratégiques, dont les laboratoires pharmaceutiques, et que nous nous retrouvons aujourd’hui sans vaccin.
Il est urgent d’apprendre de nos erreurs et de ne pas les reproduire. Nous devons être prêts au bras de fer dans l’intérêt de la France et de l’Union. Si nous voulons sortir grandis et renforcés ensemble de la crise actuelle, c’est en stratèges que nous devons agir en dépassant l’approche à court terme qui a présidé depuis douze mois.
L’avenir se prépare aujourd’hui. Celui de notre pays passe aussi par celui d’Air France. Face à la crise séculaire que nous traversons, agissons en fondateurs du monde de l’après-crise. Dans un monde où l’actualité quotidienne démontre que nous devons nous battre et n’avoir aucune naïveté, dotons la France et l’Europe des atouts nécessaires pour lutter à armes égales et préparer un avenir meilleur pour nos enfants et petits-enfants.