Chers Amis,
Tous les sondages le confirment. Les Français attendent de l’exécutif de la lisibilité et de la cohérence. Le moins que l’on puisse dire est que le Premier ministre n’a apporté ni l’une, ni l’autre jeudi soir. La décision de reconfiner un tiers des Français, selon de nouvelles modalités, est une erreur. La faute d’Emmanuel Macron n’est pas de ne pas avoir reconfiné les Français plus tôt. Elle est de ne pas avoir pris les moyens d’éviter un nouveau confinement. Il existe pourtant d’autres solutions.
La majorité des Français n’ont rien compris aux annonces du Premier ministre jeudi soir. Ses propos alambiqués n’y ont pas aidé. L’intervention du porte-parole du gouvernement hier matin pour corriger le tir et annoncer que les coiffeurs resteraient finalement ouverts ou que les fleuristes pourraient fonctionner en click and collect confirme que les propos de Jean Castex n’étaient pas clairs. On cherche en vain la cohérence des mesures de ce nouveau confinement aéré. Il est difficile de penser que les clients se contaminent plus chez les antiquaires ou les chausseurs que chez les libraires, les disquaires ou dans les transports en commun, dans lesquels les risques d’attraper le coronavirus seraient très faibles selon le Premier ministre…
Si les Français ne trouvent pas de cohérence dans les annonces de jeudi soir, c’est qu’il n’y en a pas. Leur seule rationalité est de permettre au Premier ministre et aux membres du gouvernement de dire qu’ils ont pris des mesures afin de protéger leur responsabilité pénale.
Nous voyons une nouvelle fois les méfaits du principe de précaution et de protection gouvernemental. Car ce troisième confinement aura un coût. Un coût économique bien sûr, mais aussi un coût social important au vu des méfaits des précédents confinements et un coût éducatif. Rien ne justifie de placer en semi-distanciel les lycées qui ont réussi à rester en présentiel depuis septembre 2020. Une fois encore, le pouvoir choisit le nivellement au lieu de tirer la France et sa jeunesse vers le haut. S’il y a bien des élèves qu’il ne fallait pas priver de cours, ce sont ceux de première et de terminale qui préparent le baccalauréat et méritent de bénéficier d’une véritable scolarité.
En renconfinant les Français, selon des modalités au surplus ubuesques, l’exécutif a fait le mauvais choix. Il est d’ailleurs probable que beaucoup des habitants des zones concernées ne respecteront pas les nouvelles restrictions gouvernementales, comme ils ont pris l’habitude de le faire. Le nouvel exode des Parisiens hier et la mise en place de mesures de contournement par beaucoup confirment que ce nouveau confinement sera plus théorique que réel. Le gouvernement semble partager cet avis en estimant très limité son coût économique.
Pour soulager les tensions hospitalières, il aurait été beaucoup plus efficace de prendre les mesures suivantes, arrêtées avec de réels praticiens : (1) suspension pendant 15 jours de toutes les opérations de chirurgie non urgentes dans les zones de forte contamination, (2) séparation réelle des patients Covid et non Covid au sein des hôpitaux et cliniques, (3) gestion coordonnée au niveau régional des admissions à l’hôpital pour assurer leur bonne répartition et éviter toute saturation, (4) mise en place d’un centre de commandement opérationnel au sein de chaque région afin d’adopter une gestion en mode commando et (5) renforcement des moyens de Covidom pour assurer, partout en France, le maintien à domicile du maximum de patients Covid tant que leur hospitalisation n’est pas indispensable.
Il convient évidemment aussi d’accélérer la campagne de vaccination. Voir notre pays incapable de faire aussi bien, et de très loin, que le Chili, les Émirats Arabes Unis, le Royaume-Uni ou Israël devrait imposer à nos gouvernants une immense humilité. Contrairement à ce qu’ils semblent penser, la vaccination n’est pas un parcours d’endurance, mais une course de vitesse. La Cour des comptes a eu raison de dénoncer, dans son rapport annuel rendu public jeudi, le manque d’anticipation de l’exécutif et l’impréparation de l’Etat face la crise sanitaire. Le plus grave est qu’Emmanuel Macron et son gouvernement n’ont pas corrigé le tir depuis 12 mois. Comme me le confiaient des jeunes hier, l’exécutif n’a rien appris de ses erreurs depuis un an. Le conseiller du ministre de la santé en charge de la vaccination disait, entre Noël et le jour de l’An, qu’il occupait un emploi très « cool ». Nous en voyons les conséquences aujourd’hui. Il y a urgence à redresser la barre.
C’est la priorité. Nous devons prendre les moyens de dynamiser vraiment la campagne de vaccination. Les meilleurs exemples étrangers montrent que c’est possible. Au gouvernement de se montrer enfin efficace. Cela suppose d’arrêter de soumettre les décisions gouvernementales au principe de précaution. C’est à cause de lui que Paris a été la dernière capitale mondiale à mettre en service la 5G hier. C’est encore à cause de lui que nous n’avons pas de vaccin français ou européen. Ces échecs n’ont pas empêché la majorité parlementaire à l’Assemblée nationale de voter jeudi le délit d’écocide, ce qui montre qu’elle n’a toujours rien compris. L’erreur de la suspension de l’injection de vaccins AstraZeneca entre lundi et vendredi aurait pourtant dû leur servir de leçon. Nous avons perdu près d’une semaine. Le fait que l’Allemagne ou d’autres États européens se soient également mépris ne nous disculpe pas !
Il faut aussi prendre un temps d’avance et regarder devant nous. Comme l’a confirmé le rapport annuel de la Cour des comptes, il est indispensable de renforcer la capacité nationale en lits et en personnel de réanimation au regard du vieillissement de la population. Pourtant, la crise sanitaire n’a pas conduit les pouvoirs publics à augmenter les effectifs en 2020. C’est à cause de cela qu’un tiers d’entre-nous se retrouvent confinés. Dans une même perspective, il faut s’attaquer sans tarder à la crise de la SNCF, qui pourrait sinon exploser dès 2022.
Il y a donc énormément à accomplir, à réaliser sans tarder. Cela suppose de nous doter dès que possible de dirigeants capables, désireux de servir le relèvement de la France au lieu de leur carrière personnel. Regardons devant nous ! Plutôt que de perdre 14 mois à regretter d’avoir l’un des plus mauvais gouvernements du monde, projetons-nous sans attendre dans la vie d’après et préparons le renouveau. C’est notre responsabilité d’agir pour changer tout ce qui nous déplaît dans la conduite de l’action de l’Etat depuis 2012 et de remettre la France sur le chemin de l’espérance, de la grandeur et du progrès. Ensemble construisons l’avenir que nous voulons.
Bon week-end aéré à tous, avec une pensée très particulière pour tous nos concitoyens atteints de trisomie 21 que nous fêterons dimanche
Amicalement
François Vigne
Président de la France en marche