Le président de la République réunira mercredi à Paris sept chefs d’Etat ou de gouvernement et sept dirigeants d’entreprises digitales pour appeler à renforcer la législation contre la haine en ligne. C’est heureux. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Depuis cinq ans, les libertés publiques reculent dans notre pays du fait de l’incapacité de nos gouvernants à anticiper la menace du terrorisme islamiste, puis à gérer la crise des Gilets jaunes.

Dans ce contexte, les mensonges du ministre de l’Intérieur sur l’intrusion de la Pitié-Salpêtrière le 1er mai, après la révélation du fichage des Gilets jaunes blessés par les hôpitaux de Paris, ainsi que toutes les impostures et contrevérités de l’exécutif sur l’affaire Benalla, ont confirmé qu’un pouvoir faible représente une profonde menace pour une démocratie. Ordre et liberté vont de pair dans une République digne de ce nom.

Comme nous le voyons depuis un an et encore plus depuis le début de la crise des Gilets jaunes, il y a maintenant plus de six mois, la tentation est grande pour un pouvoir faible, incapable de maintenir la sécurité publique, de recourir au mensonge et de durcir la législation en adoptant des textes attentatoires aux libertés individuelles, pour masquer son impuissance et essayer de sortir de la nasse.

C’est le cas de la loi anti fake-news, qui devient encore plus liberticide quand le pouvoir en devient le premier producteur et quand il tente d’utiliser la nouvelle législation anti-casseurs pour limiter le droit des journalistes de couvrir les manifestations. Sans eux, nous n’aurions pas eu le fin mot de l’histoire de l’intrusion, inacceptable au demeurant, du 1er mai dans l’enceinte de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. La seule version aurait été la propagande mensongère de Christophe Castaner…

Nous devons être attentifs aux alertes des médecins et des journalistes sur les atteintes à nos libertés fondamentales qu’ils constatent actuellement de notre pays. Celles-ci ne sont pas l’apanage des pouvoirs hongrois ou bulgares. L’exécutif macronien est aussi concerné. Le fait que, ni le président de la République et son Premier ministre, ni la majorité parlementaire ne se soient désolidarisés des propos mensongers du ministre de l’Intérieur, confirme qu’il s’agit d’une stratégie assumée par un pouvoir aux abois incapable de mettre un terme à la crises des Gilets jaunes.

Le refus de la tête de liste du parti présidentiel aux élections européennes du 26 mai de débattre avec celle des Républicains est un nouveau signe de la dérive actuelle. Le débat et l’échange sont des fondements essentiels de la démocratie. Les alibis utilisés pour justifier cette dérobade sont inacceptables.

Face à cette situation dangereuse, c’est notre responsabilité collective de faire preuve d’une vigilance absolue face aux mensonges du pouvoir et à ses atteintes à nos libertés essentielles. Il nous appartient de faire vivre l’héritage des générations qui nous ont précédés et des droits essentiels qu’elles ont conquis pour nous.

Ensemble soyons les gardiens intraitables, les défenseurs infatigables et les développeurs innovants des libertés fondamentales qu’elles nous ont léguées  et qui font la gloire de notre nation.

lfm_2016