Chers Amis,

Nous devons avoir deux priorités : sortir au plus tôt de la crise sanitaire et reconstruire. Le reste est accessoire. Il faut tout mettre en œuvre pour placer la pandémie derrière nous, en accélérant notamment la vaccination, car partout la lassitude et le ras-le-bol montent, créant un climat défavorable. Il est tout aussi urgent de reconstruire. La crise sanitaire a constitué un véritable crash-test. Venant après plusieurs années d’ébranlement, elle a fini de mettre à nu les faiblesses de beaucoup de piliers essentiels de notre société, qu’il faut maintenant rebâtir sur du roc.

La dernière semaine fut le théâtre d’un nouveau fiasco public, celui de l’enseignement à distance. Alors que l’Etat a imposé aux élèves de rester à la maison pour suivre leurs cours, il s’est révélé incapable de leur assurer la disponibilité et la qualité de connexion indispensables pour leur permettre de poursuivre leur scolarité. Rien ne peut justifier une telle bérézina, alors que l’exécutif a disposé de 13 mois pour adapter les infrastructures et préparer l’ensemble de l’Education nationale à un tel scénario.

C’est, après le désastre des masques, du dépistage, des lits de réanimation et de la vaccination, une nouvelle démonstration de l’incapacité des pouvoirs publics à mettre efficacement en œuvre les politiques annoncées. Quand le gouvernement français claironne jeudi le franchissement du dix millionième vacciné, soit 15% seulement de la population, les Américains fêtent leur 110 millionième vacciné et la mise sous protection du tiers de leur peuple. C’est dire le chemin qu’il nous reste à réaliser et la nécessité de réussir beaucoup mieux. Les conséquences de ce décalage sont redoutables. Il fait prendre un nouveau retard scolaire à tous nos enfants. Il risque aussi de nous placer six ou douze mois derrière les meilleurs pour la sortie de crise.

Le remplacement de l’ENA par l’ISP annoncé jeudi par le chef de l’Etat constitue, dans ce contexte, une diversion. C’est un coup de communication pour permettre au futur candidat Macron d’affirmer qu’il aura réformé, alors qu’il ne devrait pas être en mesure de réaliser la réforme des retraites qu’il comptait afficher à son bilan. Mais la méthode et le contenu sont mauvais. Une fois encore, la décision est apparue solitaire, sans fondement solide. Et elle ne répond pas aux deux questions essentielles : quel État faut-il à la France pour prospérer au XXIème siècle et quelle formation devons-nous dispenser à ses futurs dirigeants pour rendre son administration efficace ? Ce sont ces deux défis qu’aurait dû adresser la réforme de l’Etat, plutôt que de se contenter de retarder de six ans l’entrée des jeunes fonctionnaires dans les grands corps administratifs.

Le maigre débat sur l’euthanasie, ainsi que les vaines polémiques sur l’abandon des rêves d’aviation où les budgets genrés constituent d’autres pertes de temps. Nos responsables politiques ne devraient pas se les permettre. Toutes leurs énergies, tous leurs efforts devraient être concentrés sur l’accélération de la vaccination, la mise en place des dispositifs de cours à distance, de réanimation et d’hospitalisation à domicile nécessaires pour assurer une sortie rapide de la crise sanitaire, ainsi que la préparation de la reconstruction.

Après treize mois de crise sanitaire et neuf années d’effondrement, il y a énormément à rebâtir. 68% des Français estiment que l’Etat n’a pas été la hauteur. 69% considèrent que l’Union européenne ne l’a pas été non plus. Notre peuple est plus fracturé que jamais, entre générations, entre habitants des métropoles et ceux des campagnes, entre catégories sociales, entre Covid-sereins et Covid-inquiets. Et beaucoup de nos institutions sont à terre, après avoir failli. Du Conseil constitutionnel à l’Education nationale en passant par la Poste, la SNCF et bien d’autres, elles sont toutes délégitimées pour ne pas avoir été à la hauteur de leur responsabilité. C’est la nôtre de les redresser pour leur permettre de servir à nouveau le développement de la France et celui des Français.

Cette reconstruction doit être multiple. Il faut refonder notre démocratie et redonner toute leur place à nos libertés fondamentales, si dangereusement abîmées. Il faut redresser l’Etat après l’avoir recentré sur ses missions prioritaires. Il faut assurer le redémarrage complet de notre économie et assainir nos finances publiques, les deux allant de pair. Il faut relever notre système scolaire et universitaire. Il faut reconstruire le lien social, si durement éprouvé par treize mois de distanciation sociale imposée. Il faut relancer notre effort de recherche. Il faut rebâtir l’Europe, qui a manqué à l’essentiel de ses missions et vient encore de trébucher lors du désolant sofagate d’Istanbul.

Tout ceci est nécessaire. Tout ceci est urgent. Mais tout ceci est à notre portée si nous y consacrons les efforts nécessaires et choisissons de le faire ensemble, comme un seul peuple et une seule nation.

Je voudrais, pour conclure, m’associer à la peine de nos agriculteurs et de nos vignerons, victimes des gelées tardives. Ils savent la nature bonne, mais capricieuse. Après des mois d’activité difficile pour assurer la bonne alimentation de tous leurs concitoyens, ils subissent une nouvelle épreuve. Ils méritent plus que jamais le soutien de notre collectivité. C’est cela aussi faire nation.

Bon week-end à tous, dans la préparation de la reconstruction

Amicalement

François Vigne

Président de la France en marche

 

 

 

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