Nous fêtons aujourd’hui l’Europe et le soixante-et-onzième anniversaire de la déclaration de Robert Schuman.

Si ’Union traverse une crise profonde, après avoir montré de nombreuses faiblesses au cours des 15 derniers mois, nous devons nous souvenir de l’appel de ce grand serviteur de la France, le 9 mai 1950, à dépasser les « vaines paroles » et à poser « un acte hardi, un acte constructif », celui de la construction de l’Europe à partir de réalisations concrètes « pour que la paix puisse vraiment courir sa chance ».

71 ans après, le résultat est là. Nous vivons depuis 1950 la plus longue période de paix et de prospérité de l’histoire européenne. Notre Union, si imparfaite, a également permis de faire progresser le droit, la démocratie et la liberté au sein de tous les États qui l’ont progressivement rejointe.

Même si l’Europe n’a pas été à la hauteur de l’ensemble des défis de la crise sanitaire, même si elle a en particulier failli dans le maintien de l’ouverture des frontières intra-communautaires et si elle a échoué à organiser une campagne de vaccination efficace, l’Union n’a pas fait que démériter depuis le début de la pandémie. Elle a adapté dans l’urgence ses règles pour permettre aux États membres de développer la gestion de crise qu’ils souhaitaient. Elle a favorisé la mise en place de coopérations sanitaires entre eux. La Banque Centrale Européenne a également joué son rôle pour assurer la liquidité interbancaire nécessaire et le soutien à l’économie.

Ces conquêtes sont essentielles. Il nous revient de les protéger et te les faire fructifier, en nous montrant intraitables face aux tous ceux qui font commerce politique des faiblesses actuelles de l’Union pour masquer leurs propres erreurs.

Car la plus forte menace pour l’Europe vient de ses dirigeants, de ses dysfonctionnements, de ses insuffisances et de ses lourdeurs comme le montre l’échec de la campagne vaccinale européenne. C’est la responsabilité de notre génération de transformer en profondeur l’Union pour lui donner un avenir.

Nous devons en particulier mettre un terme aux problèmes de gouvernance, aux dérives bureaucratiques et aux abus qui l’ont éloignée des peuples. Le sofagate n’aurait jamais dû exister. Il n’est pas acceptable de laisser des querelles d’ego entre dirigeants de l’Union nous affaiblir face à la Turquie ou à tout autre pays !

Il y a aussi urgence à s’attaquer à ses fragilités et aux faiblesses révélées au grand jour par les crises successives de 2008, de l’euro, de la Grèce, des migrants ou du coronavirus. Il n’est plus possible de reporter les décisions de sommets en sommets sans apporter de solutions aux préoccupations légitimes des peuples des pays de l’Union, comme le font les chefs d’Etat et de gouvernements actuels.

Mal guidés par leurs gouvernants, les Français placent aujourd’hui la construction européenne au dernier rang de leurs priorités. C’est une erreur. Car l’Union peut aussi nous aider à redresser notre pays.

La crise sanitaire a mis en lumière les faiblesses nationales : un système de santé défectueux faute d’avoir réalisé les investissements nécessaires et épongeant encore les conséquences de la réforme des 35h, un État hypertrophié, mais appauvri et totalement défaillant, des finances publiques toujours en pleine dérive qui ne nous offrent aucun ressort pour repartir, une réglementation et des pratiques syndicales incitant nos entreprises industrielles à délocaliser vers des pays plus accueillants.

Sur tous ces sujets, l’Europe peut nous aider à progresser. Les très mauvais résultats de la France dans la lutte contre le coronavirus montrent que nous devons nous inspirer de nos partenaires qui ont mieux réussi. La crise du Covid 19 confirme aussi que c’est en unissant nos efforts en matière de renseignements, de recherche, de production médicale sur le sol européen, de mise à disposition de lits ou d’équipements sanitaires que nous viendrons à bout de la crise actuelle et que nous éviterons les suivantes.

C’est aussi en assurant une bonne coopération entre nos nations et en unissant nos forces que nous gagnerons la bataille de la reprise. Cette dernière est clef. Si nous ne voulons enrayer notre déclin, nous devrons tout faire pour relancer la machine et sortir par le haut de la crise actuelle, tout en poursuivant la mise en œuvre de nos objectifs de transition énergétique et en renforçant la souveraineté de nos nations face aux visées des autres puissances, à commencer par la Chine.

Tout ceci est possible. Encore faut-il que nous le voulions et que nous agissions. Depuis quatre ans, Emanuel Macron a eu le tort de rester dans l’incantation et le discours. Il a également choisi d’agir en solitaire, cherchant à appliquer sa conception verticale du pouvoir à une Europe où collégialité et esprit d’équipe sont indispensables. Surtout, il a tenté de faire régler par nos partenaires les conséquences des largesses budgétaires qu’il s’est autorisé pour tenter de trouver une issue à la crise des Gilets jaunes et de la réforme des retraites, ainsi que de son incapacité à maîtriser nos finances publiques. Les conséquences sont claires. Au lieu de faire progresser l’Union, le président français actuel l’a fait reculer, tant son cavalier seul a agacé ses homologues européens.

L’heure est venue de changer d’approche. La force des fondateurs de l’Union fut, comme l’affirmait Robert Schuman, de dépasser les vaines paroles et de privilégier les réalisations concrètes. C’est cette dynamique que nous devons maintenant retrouver.

Notre responsabilité collective est de promouvoir et de construire une nouvelle Europe, une Europe de la santé, une Europe du médicament, une Europe du digital, bref une Europe de projets concrets et proche des préoccupations de chacun, une Europe sûre de ses valeurs, une Europe fière de ses succès, une Europe servante efficace du bien commun pour les peuples des États qui la composent, une Europe moderne, innovante et agile, débarrassée de ses lourdeurs technocratiques et claire sur ses ambitions comme sur ses objectifs. Dans cette nouvelle Europe, les jeunes auront toute leur place et l’ensemble des peuples, à commencer par le nôtre, de nouvelles raisons d’espérer.

Le 9 mai 1950, Robert Schuman appelait les Français, les Allemands et les autres pays de l’Union naissante à dépasser les « vaines paroles » et à poser « un acte hardi, un acte constructif », celui de la construction de l’Europe à partir de réalisations concrètes « pour que la paix puisse vraiment courir sa chance » ! C’est en faisant preuve, à notre tour, de hardiesse, de créativité et de détermination que nous pourrons vaincre la crise actuelle, donner un meilleur avenir à notre pays et offrir nouvelle jeunesse à l’Union, pour le meilleur intérêt de la France et tous les Français.

Ensemble, construisons dès aujourd’hui l’Europe de l’avenir, une Europe meilleure, l’Europe que nous voulons.

lfm_2016