Chers Amis,
Il y a vingt ans, nous assistions ébahis à l’effondrement des tours du World Trade Center sous l’action de commandos islamistes. Un monde s’écroulait. Nous ne savions pas du tout où nous allions. Beaucoup de choses sont intervenues depuis. Mais, vingt ans après, le nouveau monde reste à construire.
Cette reconstruction, nous la devons aux victimes de ces attentats barbares, comme à celles des attaques 13 novembre 2015, dont je tiens à honorer la mémoire, alors que vient de débuter le procès de leurs bourreaux. Ces attentats ont changé le monde. Ils nous ont fait perdre une part de notre insouciance et de notre gaité. Ils se sont aussi accompagnés de restrictions de nos libertés.
Jusqu’au 11 septembre 2001, nous ne subissions pas d’aussi longs contrôles avant de prendre l’avion. Les compagnies aériennes du monde entier n’avaient pas à transmettre nos données personnelles aux autorités américaines quand nous voyagions vers les Etats-Unis. Ces mesures, initialement présentées comme temporaires, n’ont jamais été levées. Elles n’ont pas empêché de nouveaux attentats d’être perpétrés, ni le retour des talibans au pouvoir. Les terroristes ont pour l’instant gagné une bataille. Ils ont fait reculer les libertés dans nos sociétés démocratiques, sans que nous parvenions à éradiquer la barbarie islamiste. Il nous revient maintenant de gagner la guerre.
Cette expérience défavorable doit nous servir de leçon. Nous ne devons pas commettre la même erreur avec le Covid-19. Après 18 mois d’expérience, il se confirme que la bonne stratégie eut été d’augmenter nos capacités hospitalières, plutôt que de confiner toute la population. Il est fondamental de lever dès que possible les restrictions aux libertés imposées par les autorités à l’occasion de la crise sanitaire, sans en maintenir aucune. C’est ce que vient de faire le Danemark, sans abandonner sa vigilance, en jugeant le virus sous contrôle après la vaccination de 73% de la population. A l’exécutif français de suivre rapidement cet exemple.
Reconstruire la France après les crises que nous venons de vivre, c’est aussi refuser la fuite en avant. Nous n’en prenons toujours pas le chemin. Le projet de budget présenté jeudi par l’exécutif confirme, que ce dernier a décidé de laisser filer les dépenses jusqu’aux prochaines élections, malgré les avertissements renouvelés de la Cour des comptes le même jour. Cette politique est malheureusement cohérente avec la ligne défendue par Gabriel Attal mercredi, selon laquelle le président de la République va accélérer… Loin d’être un gage de succès, l’accélération permanente mène à la sortie de route, comme l’ont prouvé les trois premières années du quinquennat d’Emmanuel Macron. L’exécutif serait bien inspiré de méditer l’aventure du mouvement futuriste italien du début du siècle dernier, dont l’exaltation de la vitesse et de l’accélération a conduit au fascisme.
Jacques Julliard a justement dénoncé lundi dans Le Figaro le recul de la démocratie depuis le début du siècle. C’est vrai bien sûr de la Chine de XI Jinping, de la Russie de Poutine ou de la Turquie d’Erdogan. Cela l’est aussi de l’Inde de Narendra Modi, de plusieurs pays d’Amérique Latine et, dans une moindre mesure, des démocraties illibérales de Hongrie et de Pologne. Il n’y a pas de fatalité. C’est en agissant avec vigueur pour renforcer les libertés, mettre à jour notre système politique et former l’esprit critique de notre jeunesse que nous éviterons un tel retour en arrière.
Relever ce défi suppose de ne pas rater l’échéance présidentielle du printemps prochain. Notre pays mérite mieux qu’un choix par défaut. Trois Français sur quatre ne souhaitent pas d’un duel Macron-Le Pen. Pourtant, les sondages les y préparent. Beaucoup de nos concitoyens craignent de devoir s’y résigner. La médiocrité de l’offre politique ne doit pas conduire notre peuple à un tel renoncement. Il nous revient de faire émerger et se développer une proposition crédible répondant à leurs vœux.
Une telle proposition devra intégrer la refondation du lien social au sein de notre nation. Deux tiers des Français constatent qu’il s’est dégradé depuis vingt ans. Ils souhaitent le revivifier, comme le voulait Jean-Paul Belmondo en se référant à la France gaie de sa jeunesse. Il nous revient, avec les autres forces avec lesquelles nous travaillons, de répondre à cette aspiration. Ainsi, serons-nous à la hauteur du sacrifice des victimes des attentats du 11 septembre 2001, du 13 novembre 2015, ainsi que de la mémoire de tous ceux qui ont œuvré pour que la France soit ce qu’elle est et que nous puissions vivre ensemble dans la concorde et la liberté.
Excellent week-end à tous
Amicalement
François Vigne
Président de la France en marche