La trahison australo-américaine est grave. C’est un nouveau revers pour la diplomatie actuelle, qui illustre une nouvelle fois l’isolement présidentiel sur la scène internationale. L’annulation par l’Australie du contrat que nous avions signé pour la fourniture de sous-marins conventionnels confirme également que nous devons cesser d’être naïfs et ne compter que sur nous-mêmes dans un monde dur, où les risques sont multiples.

Le Premier ministre australien Scott Morrison a justifié l’annulation de la commande de sous-marins français par le fait qu’il s’agissait de sous-marins conventionnels, qui ne sont plus adaptés aux enjeux stratégiques nationaux. L’Australie considère en effet qu’elle devra intervenir davantage pour s’assurer que les voies de circulation maritimes restent ouvertures et s’impliquer plis largement dans la protection des autres pays de la région face à la Chine. Des sous-marins nucléaires plus rapides et plus autonomes seraient plus adaptés. Quand bien même cette contrainte serait avérée, rien ne justifie que l’Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni nous aient caché les préparatifs du pacte de sécurité Aukus, auquel ils travaillaient.

Cette trahison confirme que la France constitue pour les Etats-Unis un partenaire secondaire et que nous ne pouvons pas compter sur leur loyauté. Comme les autres pays, ils auront toujours pour principal guide leurs intérêts. Contrairement aux illusions de certains, Joe Biden ne pratique pas plus le multilatéralisme que Donald Trump. Arrêtons d’être naïfs si nous voulons assurer notre protection et ne plus être les dindons de la farce.

De même, le Royaume-Uni ne nous fera pas de cadeau. Albion sera d’autant plus perfide qu’elle est sortie de l’Union et que ses intérêts sont encore moins alignés avec les nôtres que par le passé.

Enfin, l’immense majorité des pays préférera toujours la protection du parapluie américain à celle que nous pouvons leur proposer. Nous ne jouons pas dans la même cour. Nous devons en tenir compte dans la définition de nos objectifs stratégiques.

Il y urgence à changer de braquet et à conduire une action diplomatique beaucoup plus efficace. Nous devons aussi dans l’immédiat montrer notre détermination et répondre avec vigueur à cet affront en mobilisant nos partenaires européens et ceux qui nous veulent du bien pour notre soutien. La crédibilité de la France est engagée.

lfm_2016