Chers Amis,
Les derniers développements sur le front de la pandémie le confirment. Nos gouvernants naviguent à vue. C’est pour cela que nous devons changer de politique contre pour le gérer le Covid sur le temps long. Face à la régression politique que nous sommes en train de vivre, selon les mots de Jürgen Habermas, il faut plus que jamais garder le cap en restant fermes sur nos valeurs et ce qui fait la grandeur de la France.
Le gouvernement a dévoilé jeudi les nouvelles mesures sanitaires. Il apparaît de nouveau que la vérité d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier et probablement pas celle de demain. On peine à expliquer scientifiquement pourquoi il ne faut plus que 5 mois d’intervalle entre les deuxième et troisième doses de vaccin et pourquoi les règles de fermeture de classe ont encore changé. Il y a deux mois encore le ministre de la Santé assurait qu’il n’y aurait pas de rappel nécessaire pour les moins de 65 ans et que la validité du pass sanitaire ne serait pas soumise à un éventuel rappel… Le gouvernement tente de justifier ses revirements par la virulence du variant delta. Mais ce variant est prévalent depuis décembre 2020, soit avant même que la campagne de vaccination initiale n’ait commencé…
Tout ceci doit appeler l’exécutif à l’humilité. Depuis la crise sanitaire, toutes ses prévisions et annonces ont été démenties a posteriori par les faits. J’écrivais en mars 2020 que l’histoire nous apprenait que les pandémies duraient en moyenne de 18 à 36 mois. Jérôme Salomon, directeur de la Santé publique, nous expliquait alors que nous allions réussir à contourner la pandémie en quelques mois et que nous parviendrons sans passer par l’immunité collective… Il a dû depuis faire amende honorable et changer de stratégie, comme tous les pays, hors Chine, qui avaient choisi la stratégie zéro Covid.
C’est désormais confirmé. Nous n’en avons pas encore fini avec la pandémie. Et le nouveau variant Omicron découvert en Afrique du Sud renforce cette certitude. Miser toute la stratégie sanitaire sur le vaccin serait une erreur, comme je l’écrivais en janvier dernier. Nous avons la chance que seule une petite partie de la population soit susceptible de développer des formes graves du coronavirus, à savoir principalement les personnes de plus de 65 ans ou ayant des facteurs de comorbidité, surpoids en particulier. Face à une pandémie qui dure, il est urgent de renforcer nos capacités hospitalières afin d’éviter tout risque de saturation.
C’est d’autant plus nécessaire que l’exécutif a déjà dépensé toutes nos munitions financières et qu’il continue à multiplier les cadeaux électoraux en profitant de la vacance du pouvoir en Allemagne. Nous avons déjà perdu deux ans. Ne tardons plus !
C’est également parce que nous avons laissé pourrir la situation que 27 femmes, hommes et enfants au moins ont perdu la vie en Manche cette semaine. Il a fallu que ce dramatique naufrage se produise pour que le gouvernement se mobilise enfin et appelle à l’aide l’Europe pour s’attaquer aux réseaux de passeurs. 7 personnes s’étaient déjà noyées au large de nos côtes depuis le début de l’année. Nous avons pris le risque de jouer avec la vie des migrants en les utilisant comme arme de dissuasion dans le conflit qui oppose Emmanuel Macron à Ben Johnson. Le pouvoir est schizophrène et hypocrite quand il justifie ses mesures de restriction sanitaire par la volonté de sauver nos vies et qu’il néglige celle des migrants. La vie de chacun d’entre eux vaut autant que la nôtre.
Fuyez la réalité. Elle revient au galop. La situation de la Martinique le démontre aussi. C’est parce que l’exécutif y a négligé les problèmes et que le ministre en charge a préféré concentrer son énergie sur la réélection d’Emmanuel Macron que l’île connaît la crise actuelle et que la vie des policiers s’y trouve menacée. Il est urgent de reprendre la situation en main.
Préparer l’avenir. Affronter la réalité. Rester fermes sur nos valeurs. Voilà ce que nous devons faire. Il est inacceptable que le France et les autres pays européens ne se soient pas opposée à l’élection du général émirati Ahmed al-Raisi, soupçonné de tortures, comme nouveau président d’Interpol. C’est une faute que nous regretterons dans le futur. Elle est d’autant plus grave qu’elle est commise dans un contexte d’affaiblissement de la démocratie. Le rapport IDEA publié en début de semaine confirme que le nombre de régimes basculant vers l’autoritarisme a dépassé en 2020 celui des pays allant vers plus de démocratie et que les Etats non démocratiques représentent désormais 45% des nations, soit trois fois plus qu’en 1990 !
Il faut lire l’interview de Juergen Habermas dans l’Obs de cette semaine. Ce qui manque aujourd’hui, ce sont des gouvernements, élus de façon démocratique, avec un vrai leadership et une vraie volonté de se confronter à ces enjeux, des gouvernements capables de convaincre des majorités de la pertinence de leur projet politique et ne craignant pas d’expliquer et de mettre en œuvre les mesures rendues nécessaires par la situation. Au lieu de cela, nous avons des gouvernants d’un style lisse, vendu sous le nom de pragmatisme ou de centrisme, qui se contentent d’une molle adaptation à l’intimidante complexité de problèmes ayant grand besoin d’être résolus. C’est la situation actuelle de notre pays. C’est ce que nous voulons changer en donnant à la France la gouvernance qu’elle mérite à l’occasion de la prochaine élection présidentielle.
La route est claire. Pour nous tous, n’y a pas d’autre raison, d’autre intérêt, d’autre honneur que de servir la France et son avenir.
Bon week-end à tous, dans la sérénité, la détermination et l’espérance
Amicalement
François
François Vigne
Président de la France en marche