Chers Amis,
Ce sont les habitants de Hongkong et ceux d’Istanbul qui montrent actuellement la voie en menant le combat pour la liberté et la démocratie. Ils méritent notre plein soutien. La victoire remportée le week-end dernier par les Hongkongais est une excellente nouvelle. Elle reste fragile. Leur nouvelle mobilisation requiert notre appui total. Je forme le vœu que les Stambouliotes fassent aussi triompher dimanche le droit et le pluralisme dans un pays très éprouvé. Ce serait une excellente nouvelle pour la Turquie, pour l’Europe et pour le monde.
Alors que les tensions irano-américaines menacent la paix du monde, alors que l’Union européenne montre la fragilité où la plongent la fragmentation du Parlement européen et le nombrilisme macronien, le combat de la jeunesse pour la liberté et la démocratie exige, partout où il est mené, notre soutien. Dans ce monde instable et souvent fou, nous ne pouvons rester indifférents. Nous le devons d’autant moins que les atteintes à l’Etat de droit se multiplient, dans des pays de plus en plus proches du nôtre et chez nous aussi.
Comme le soulignait François Sureau dans sa belle tribune au Figaro lundi concernant la proposition de loi visant soi-disant « à lutter contre la haine sur Internet », « nous sommes en train de devenir un grand pays démissionnaire. (…) S’opèrent sous nos yeux une conjonction étonnante, nouvelle, entre un gouvernement naturellement épris de tyrannie et un individu, qui n’est plus qu’à peine un citoyen, épris de confort individuel.».
Nous assistons au remplacement de la liberté par le culte des droits. Ce glissement est mortel. Il nous revient d’agir pour le stopper. Notre engagement est d’autant plus nécessaire que cette attitude de faiblesse préside actuellement à l’ensemble de l’action étatique. Le rapport parlementaire sur « les services publics face à la radicalisation » des députés Éric Diard et Éric Poulliat témoigne des lâches accommodements et des grands renoncements de l’Etat face à la radicalisation islamiste.
La dérobade est la même face aux agressions contre les magistrats, comme nous l’avons vu lors de l’attaque à Versailles de lundi dernier, et face à la dérive des comptes publics. La réforme de l’assurance-chômage mériterait notre bienveillance si elle s’accompagnait d’une baisse des dépenses publiques et d’une réduction des charges. Mais, une fois encore, il n’en est rien. Comme pour le rabotage du quotient familial, comme pour celui des allocations familiales, les prestations baissent, mais les cotisations restent les mêmes. Les Français en ont de moins en moins pour leur argent !
Cette politique nous conduit droit dans le mur. Le meilleur exemple en est le réseau routier. Après avoir laissé les routes nationales se dégrader, le gouvernement envisage sérieusement de confier leur entretien aux sociétés d’autoroute en contrepartie de l’allongement de la durée des concessions et de l’augmentation des péages. Comme à la fin de l’Ancien régime et faute de se réformer, l’Etat devient de plus en plus dépendant des nouveaux fermiers généraux que sont les concessionnaires d’autoroutes.
Cela ne peut pas continuer. Cela ne peut pas durer. La paupérisation de l’Etat est une voie sans issue. Nous constatons tous aujourd’hui les effets dramatiques de l’effondrement de la dépense publique destinée à l’éducation dans le PIB, passée de 6,3% en 1997 à moins de 5,4% en 2017, alors même que le nombre d’élèves augmentait légèrement.
Il n’y a pas de fatalité ! L’avenir est entre nos mains. Les solutions sont claires, même si elles sont exigeantes : travailler plus, réformer l’Etat en profondeur, investir dans l’éducation, les infrastructures, la transition énergétique, le digital, ainsi que les autres industries d’avenir, et innover massivement. Il y urgence comme vient de le montrer avant-hier l’effondrement de Natixis en bourse après l’annonce de l’affaire H20. Nous devons tous en avoir conscience. La crise est au coin de la rue.
Il est plus que temps de sortir des faux débats et des polémiques inutiles qui nous paralysent trop souvent. Ainsi pourrons-nous dépasser les nouvelles frontières de la connaissance partagée, de la pauvreté, de l’économie décarbonée, des problèmes non résolus de guerre et de paix et de l’intégration de tous dans une communauté nationale réunifiée.
Ensemble, nous pouvons y parvenir. Ensemble, nous pouvons gagner. Ensemble, nous allons gagner.
Bon week-end à tous
François Vigne