Chers Amis,

Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle le confirme. La vie politique française est un champ de ruines. Le duel Macron – Le Pen est celui que les Français voulaient éviter. Le mouvement étudiant « ni Macron, ni Le Pen » est une autre illustration du danger de la situation actuelle. C’est pour cela qu’il faudra voter dimanche prochain. L’enjeu est de faire le bon choix pour la France.

Il est légitime de se poser la question du vote blanc. Beaucoup de Français ont le sentiment de devoir choisir entre la peste et le choléra. La responsabilité de voter est douloureuse, quand il ne reste que deux mauvais candidats. Il n’y a pas d’autre méthode que de comparer leurs programmes respectifs et d’opter pour le moins dangereux. Car l’histoire politique démontre que 95% des candidats mettent en œuvre leur programme et qu’ils en appliquent l’essentiel.

C’est pour cela que je voterai, à regret, mais en conscience, pour Emmanuel Macron dimanche prochain et que je vous invite à faire de même. Je connais le bilan du chef de l’Etat. Je sais qu’il est mauvais. Qu’il s’agisse du paysage politique ou de l’unité nationale, de la réforme de l’Etat, de l’état du système scolaire et universitaire ou de notre système de santé, de la sécurité publique, de la natalité, de l’immigration ou de l’intégration, la situation s’est encore dégradée depuis 2017.

Plus grave encore, nos libertés publiques ont été profondément attaquées et je ne me résous pas à voir la France tombée sous le statut de démocratie défaillante depuis deux ans. Comme beaucoup de Français, je regretterais profondément que notre pays ait été mal gouvernée pendant 15 ans.

Mais, laisser Marine Le Pen accéder au pouvoir, en votant pour celle ou en s’abstenant, serait tomber de Charybde en Scylla, sur le fondement de son programme. Il ne pourrait qu’accélérer le déclin de la France.  Il est par ailleurs incompatible avec nos valeurs de fraternité, de souveraineté et de liberté. Nous ne pouvons prendre le risque de plonger notre pays dans une telle crise.

Pour autant, le vote de dimanche prochain ne met pas un terme à notre engagement. Au contraire, il le fonde. Il y a plus que jamais urgence à reconstruire notre démocratie, notre état de droit et notre système  politique pour offrir à notre nation l’avenir qu’elle mérite.

Emmanuel Macron a commis, avec tous ceux qui l’ont rejoint par goût du pouvoir et des honneurs ou par intérêt personnel, une faute grave contre la France, qu’il renouvelle aujourd’hui, en détruisant la gauche, puis la droite républicaines et en prétendant vouloir rebâtir le système politique autour d’un grand parti central. Car le régime semi-présidentiel mis en place par la Vème République suppose, pour fonctionner durablement, l’existence d’une droite et d’une gauche républicaines fortes, de gouvernement, susceptibles de permettre la nécessaire alternance démocratique en se succédant au pouvoir.

Vouloir leur substituer un parti du centre, sans vision, ni convictions, aura inéluctablement pour conséquence de préparer l’arrivée au pouvoir des extrêmes, seules à pouvoir proposer l’alternance. C’est ce que nous voulons éviter en reconstruisant une droite républicaine moderne, au service de la France, des Français et du bien commun. Nous resterons par ailleurs, instruits par les cinq dernières années, plus attentifs que jamais à la défense des libertés publiques et des valeurs qui fondent notre nation. À tout moment, nous serons prêts, pour les défendre, à entrer en résistance, comme ont su le faire les héros de notre histoire.

J’ai confiance en notre pays et en notre peuple. Se préparer à endurer cinq nouvelles années de mauvaise présidence est douloureux. Mais la France millénaire en a vu d’autres. Et nous pouvons mettre utilement à profit les cinq prochaines années pour bâtir ensemble les fondations de son redressement futur. Nous le devons à notre jeunesse et aux générations qui nous succéderont.

Puisse la lumière de Pâques éclairer notre pays et le monde, tout particulièrement Vladimir Poutine, ainsi que son entourage, engagés dans une impasse.

Je vous souhaite à tous, ainsi qu’à vos familles, de belles fêtes pascales, en communion profonde avec nos frères et sœurs ukrainiens, victimes de la barbarie humaine.

Amicalement

François

François Vigne

Président de la France en marche

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