Depuis huit jours, appareil gouvernemental, lobbies en tous genres et machine médiatique se sont mis en branle pour préparer les esprits à la légalisation du cannabis. L’annonce de la probable expérimentation prochaine du cannabis thérapeutique a servi de prétexte.
Il y a 18 mois, l’exécutif avait justifié l’abaissement des peines applicables aux consommateurs de cannabis à des amendes forfaitaires par des raisons budgétaires et le besoin de libérer le temps des forces de l’ordre. Peut-être pressentait-il déjà la crise des Gilets jaunes…
Le principal argument, mis désormais en avant par le gouvernement, les lobbies et les médias, pour plaider la légalisation du cannabis est de nouveau financier. La poursuite de la pénalisation générerait trop de coûts et elle priverait l’Etat de recettes importantes.
Ces calculs ne tiennent pas compte des coûts à court et long termes, pour la santé publique, que risque d’entraîner l’assouplissement de la législation sur le commerce et la consommation du cannabis. Plus profondément, l’exécutif se trompe en abordant le problème du cannabis sous l’angle budgétaire. Les partisans de la dépénalisation font une erreur analogue en se focalisant sur l’angle judiciaire.
La seule vraie question qui devrait aujourd’hui guider l’action gouvernementale en matière de cannabis est celle de la santé publique, plus particulièrement celle de la jeunesse.
Nous sommes aujourd’hui, avec le Danemark, le pays européen où la consommation de cannabis est la plus développée. Il y a désormais dans notre pays 5 millions de consommateurs, dont 1,4 million est régulier. Près d’un Français sur quatre a déjà expérimenté le cannabis, dont un collégien sur dix et deux lycéens sur cinq. Selon l’étude 2018 de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), ce sont même 48% des jeunes de 17 ans qui ont déjà goûté le cannabis, 9% d’entre eux s’affirmant consommateurs réguliers…
Cette pratique précoce a des effets redoutables et durables sur la santé et la vie des jeunes. Il est prouvé qu’elle ralentit leur développement intellectuel et accentue les risques de troubles psychiques. Elle est un facteur de plus en plus fréquent d’accident de la route. Et les dernières études démontrent que la fumée du cannabis contient encore plus de substances cancérigènes que celle du tabac, tous effets que les promoteurs de la légalisation du cannabis ne contestent d’ailleurs pas.
Pourtant, une grande majorité de nos jeunes considèrent désormais le cannabis moins dangereux et plus sain que la cigarette. Bercée par les campagnes anti-tabac, l’interdiction de sa vente aux mineurs, ainsi que la prohibition de sa consommation dans les lieux publics, la jeune génération a une image fortement négative de la cigarette, mais perçoit l’initiation au cannabis comme une expérience positive…
Il y a urgence à corriger cette perception et à rétablir la vérité. Il faut rappeler à notre jeunesse et à tous les Français que si le tabac tue, le cannabis détruit encore plus et qu’il est de l’intérêt de tous de voir sa consommation disparaître.
Le succès de la lutte antitabac montre la voie. La politique publique cohérente et continue de lutte contre le tabagisme menée depuis une vingtaine d’années a permis un recul généralisé des usages de tabac, comme vient de le confirmer la dernière enquête de l’OFT. En trois ans, l’expérimentation du tabac a reculé de 8 points chez les lycéens, passant de 60,9 % à 53 % et son usage quotidien a chuté de 23,2 % à 17,5 %. Chez les collégiens de 4ème, le tabagisme quotidien a diminué de moitié par rapport à 2014, tombant de 5,6 % à 2,5 %. Le phénomène est le même chez ceux de 3e, avec une consommation quotidienne baissant de 12,3 % à 6,5 %.
Nous devons nous fixer pour objectif d’atteindre des résultats identiques dans la lutte contre le cannabis. Cela passe par une prévention active, claire et directe dans les écoles, les collèges et les lycées, la diffusion de messages publicitaires dans les médias, comme pour la lutte anti-tabac, et un rappel permanent par les responsables des dangers du cannabis. Il faut aussi que tous s’unissent, du sommet de l’Etat aux médias, pour casser les faux mythes associés, chez trop de jeunes, au consommateur de cannabis, celui du rebelle, comme celui de l’entrée dans le monde des grands et de l’accès aux plaisirs interdits.
C’est dans ce cadre de prévention et d’objectif d’éradication progressive de la consommation du cannabis, et dans ce cadre seulement, que doit être posée la question de la légalisation du cannabis thérapeutique et de ses modes de distribution.
L’heure est venue pour l’exécutif de prendre ses responsabilités et d’innover. Il est temps de sortir des vieux débats éculés sur la pénalisation ou la dépénalisation du cannabis pour mener une politique déterminée de prévention active permettant l’effondrement le plus rapide possible de sa consommation.
Ainsi aurons-nous fait un grand pas dans la protection de la jeunesse et choisi de privilégier ses intérêts plutôt que celui des trafiquants et des générations actuellement au pouvoir. Ensemble, faisons le pari de l’avenir de la France !