Chers Amis,

En écrivant ces lignes, je pense, comme beaucoup d’entre-vous, à Elisabeth II, à laquelle je veux rendre un vibrant hommage. Meme si nous ne sommes pas Britanniques, elle était devenue notre grand-mère commune et incarnait l’histoire. Si nous l’aimions et la respections, c’est aussi parce qu’elle avait choisi de ne pas jouir du pouvoir, mais de servir sa nation et son peuple. Dans les joies, comme dans les épreuves, elle savait tenir et se tenir. À l’heure où Emmanuel Macron s’apprête à pousser la légalisation de l’euthanasie, sa dignité, sa grandeur et sa simplicité face à la vieillesse doivent aussi nous guider.

Le général de Gaulle, qu’Elisabeth II affectionnait particulièrement, le rappelait. Les grands pays le sont pour l’avoir voulu. Et la fin de l’espoir est le début de la mort. Alors que la France vient de glisser de la 7ème à la 8ème place mondiale en termes de PIB, il nous revient plus que jamais d’agir pour assurer l’avenir et la grandeur de la France. C’est pour cela qu’il faut passer du discours apocalyptique du pouvoir actuel à une parole de vérité, de mobilisation et d’espérance.

La force et la grandeur de la France et de l’Angleterre reposent sur leur histoire, leur culture, leur armée, ainsi que leur contribution au développement de la démocratie et des libertés. Ces dernières sont aujourd’hui fragiles, menacées par la fatigue citoyenne, les dérives technologiques, la menace islamiste, ainsi que l’immobilisme et l’arrivisme de nos gouvernants. Notre devoir commun est de combattre tout ce qui les affaiblit. Dans cette perspective, nous devons résister aux tentatives de contournement démocratique que constitue le nouveau recours présidentiel aux conseils de défense ou au soi-disant conseil national de la refondattion.

Cette dérive, cette menace, nous les voyons également à l’œuvre chaque fois que le pouvoir prétend nous protéger. Cet objectif est au cœur de la communication de l’exécutif. Nous devons relire Tocqueville. Il faut « imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine (…) Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance. (…) Il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin la nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger. »

S’il n’était pas mort il y 163 ans, Alexis de Tocqueville aurait pu écrire ces lignes après les confinements et autres restrictions sanitaires qui nous ont été imposés ou en écoutant le discours des responsables de l’exécutif face à la crise énergétique à venir. Son avertissement doit nous servir d’alerte. Il nous revient d’agir face à tous ceux qui menacent la démocratie et les libertés. En la matière, l’Angleterre se tient pour l’instant devant nous. Son soutien aux résistants de HongKong, aux victimes ouïgoures du totalitarisme chinois, ainsi qu’à nos frères ukrainiens nous oblige. La France républicaine doit aussi redevenir un grand pays de liberté !

J’ai un immense respect pour l’Angleterre. Mais la France est, pour moi, un pays plus grand encore. La question nous est posée. Une nation qui est gouvernée comme la nôtre peut-elle demeurer une grande puissance, libre et souveraine ? En avons-nous le courage et la volonté ? Je suis convaincu que c’est le souhait de l’immense majorité de nos concitoyens. Encore faut-il que leurs chefs les conduisent et les rassemblent pour revenir ensemble, dans un environnement profondément renouvelé, sur le chemin qui monte, celui de la grandeur, de la démocratie et de la liberté. Cela suppose aussi que ces mêmes chefs s’inspirent, pour retrouver la confiance des électeurs, du comportement d’Elisabeth II. Son sens du service, sa dignité et son humilité sont très loin d’être des valeurs dépassées. Elles correspondent au contraire à ce qu’attendent nos concitoyens, à commencer par les plus jeunes d’entre eux.

Bonne fin de week-end et bonne semaine à tous, en communion avec nos frères anglais et ukrainiens, dans le recueillement, la détermination et l’Espérance

Amicalement

François

François Vigne

Président de la France en marche 

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