Pénurie d’enseignants, pénurie de soignants, pénurie d’ingénieurs nucléaires, pénurie de conducteurs de bus ou de métro… Partout, l’Etat est en manque d’hommes et de femmes pour assurer le service public qu’il lui revient d’assurer. Tous les besoins étaient pourtant anticipables. Au-delà des problématiques de rémunération ou de conditions de travail, c’est l’incapacité des dirigeants de l’Etat à assurer leur rôle de manager qui explique la fuite des talents. Surmonter cette crise des vocations est beaucoup plus urgent que la réforme des retraites. Cela devrait constituer la première priorité d’Emmanuel Macron et de son gouvernement.

L’Etat est en crise du fait de nos gouvernants. Les pénuries actuelles d’agents publics sont d’autant plus injustifiables que les besoins des administrations publiques sont totalement anticipables. Ils dépendent avant tout de la démographie, parfaitement prévisible, et de la répartition de la population sur le territoire, dont les grandes évolutions sont connues.

Voir nos administrations publiques manquer de personnel démontre que l’exécutif n’a rien prévu et a failli à sa première mission, qui est d’assurer le fonctionnement régulier de l’Etat et des services publics. Plutôt que de s’agiter sur la réforme des retraites ou de celle de l’assurance- chômage, qui concernent d’abord le privé, Emmanuel Macron et son gouvernement devraient s’occuper en priorité de résoudre la crise de l’Etat et des services publics.

Nos gouvernants ont en commun de ne pas être des managers. Ayant le plus souvent exercé des fonctions de conseiller ou d’assistant parlementaire, ils n’ont, pour l’immense majorité d’entre eux, jamais exercer de responsabilités managériales. Leur focalisation sur l’actualité immédiate et la communication instantanée les empêche également de pendre la hauteur nécessaire pour anticiper les besoins. Ils ne consacrent enfin qu’une infime partie de leur temps au management des administrations, dont ils ont la responsabilité tutélaire.

Cela doit changer. La crise des vocations publiques obère l’avenir de la France. Elle nous place aussi dans une situation de dépendance dangereuse. Notre pays faisait, jusqu’à il y a 40 ans, figure de modèle pour la qualité de ses systèmes éducatif et hospitalier, de ses transports publics et de son appareil électrique. Nous sommes désormais à la traîne de la plupart des autres pays de l’Union, ce qui handicape notre compétitivité et la qualité de vie de nos concitoyens.

Il est urgent que les responsables de l’Etat redonnent un sens au métier des fonctionnaires et qu’ils permettent aux agents publics de retrouver leur fierté, ainsi que de s’épanouir. Cela doit devenir leur priorité. Et c’est sur leur capacité à redresser l’Etat et à le gérer sur la durée que les Français devront juger ceux et celles auxquels ils confient des responsabilités publiques. Il en va de l’avenir de la France, de sa souveraineté et de sa puissance. Après plus de 40 ans d’errance, l’heure est venue de reconstruire l’Etat et de doter notre pays celui dont il a besoin pour affronter les défis du XXIème siècle.

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