Chers Amis,

Il n’y a pas de démocratie sans souveraineté. Car un peuple asservi ne peut se gouverner librement. Le général de Gaulle le résumait en affirmant : « la démocratie, c’est le gouvernement du peuple exerçant la souveraineté sans entrave. » L’actualité quotidienne démontre notre dépendance énergétique et alimentaire, comme les trois dernières années l’ont cruellement mis en lumière dans les autres domaines clefs du  sanitaire, du militaire et de la technologie. Il est prioritaire de desserrer cet étau. C’est en reconquérant notre souveraineté que nous pourrons assurer notre liberté et contribuer efficacement à la paix et à la marche en avant de l’Europe, comme du monde.

EDF a annoncé jeudi une nouvelle révision à la baisse de son estimation de production nucléaire pour. 2022. Cela confirme, si nécessaire, que notre indépendance énergétique relève aujourd’hui du passé. Cette perte d’autonomie nous fragilise. Elle menace l’avenir de notre industrie, alors que le rationnement est annoncé. Elle ralentit la transition énergétique, en nous imposant de recourir à de l’électricité importée à partir de sources carbonées, qu’il s’agisse de charbon ou d’hydrocarbures. Il est urgent de redresser la barre et de retrouver notre souveraineté électrique. Nous devons aller beaucoup plus vite que ne le propose le gouvernement.

Ceux qui prétendent que le salut viendra de l’Union se trompent. Nous ne pouvons pas nous en remettre à l’Europe. La visite du chancelier Scholtz en Chine en constitue une nouvelle illustration. La défense des intérêts nationaux continue de présider la politique des Etats de l’Union. Ne soyons pas naïfs. Protestations et pressions ne suffiront pas, comme elles ne nous ont pas permis d’éviter le piège de la dépendance énergétique dans laquelle la Russie et les erreurs allemandes nous ont fait tomber. Nous ne devons compter que sur nous-mêmes.

La déconstruction de la PAC depuis 15 ans, à l’instigation de certains États membres, ou celle de notre filière automobile en sont deux autres exemples. Il est sidérant de voir Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, multiplier les conférences de presse, depuis 48 heures, pour appeler les constructeurs automobiles à ne pas renoncer à la production de voitures thermiques et à assurer notre autonomie en la matière trois jours après l’adoption par la Commission de l’interdiction des ventes de voitures thermiques en Europe à partir de 2035…

Soyons juste. Notre pays n’est pas non plus toujours exemplaire. Il vient d’être confirmé que la police chinoise dispose de bureaux à Paris, comme dans d’autres capitales occidentales, pour y exercer le contrôle de ses ressortissants…. Le monopole de la police et de la violence légitime, selon la définition de Max Weber, est pourtant un attribut clef de l’Etat moderne. Avoir accepté une telle violation des principes fondamentaux de notre droit est un sinistre exemple de notre soumission. Il confirme la nécessité de changer en profondeur les comportements de nos dirigeants et les façons de gouverner pour remettre notre pays sur le chemin de la liberté et de la souveraineté, qui vont de pair.

Cette dernière n’est jamais acquise, ni définitive. Elle exige un effort constant dans tous les domaines, en particulier militaire, économique, alimentaire, technologique, sanitaire ou culturel. Elle est aussi une ascèse, une attitude constante de lucidité et d’adaptation, pour tenter de déterminer où se situe l’intérêt national, pour imaginer l’avenir, frayer avec les menaces, les ingérences sans jamais y céder. La souveraineté impose le souci constant de l’innovation, celui de développer des filières nationales, en articulant effort de recherche et mise en place de l’appareil de production nécessaire. C’est procédant ainsi que la France a pu conquérir son indépendance nucléaire ou électrique dans les années 60 -70 et qu’elle a permis à l’Europe d’y accéder dans le domaine spatial.

Car la recherche de souveraineté n’est pas synonyme de repli sur soi, bien au contraire. Elle ne se confond pas avec une indépendance dépassée. Comme le disait le même Charles de Gaulle, « l’indépendance, c’est la clochardisation ». Le réalisme, la prise en compte des circonstances et la recherche de l’intérêt collectif doivent prévaloir sur une conception étroite et dogmatique de l’intérêt national. C’est en mettant aussi notre souveraineté au service de l’Union que nous serons collectivement plus forts et assurons un avenir meilleur à nos enfants et petits-enfants.

Chers Amis, c’est notre responsabilité. Il nous revient, les yeux fixés vers l’horizon, d’apporter les réponses qui conviennent aux défis de notre temps dans le respect des valeurs qui fondent notre nation et font sa grandeur. Ainsi pourrons-nous transmettre aux générations futures le flambeau merveilleux de la liberté et construire la France que nous voulons, la France que nous aimons.

Bon week-end à tous

Amicalement

François

François Vigne

Président de la France en marche

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