L’exécutif contre les institutions !
La semaine passée a témoigné d’une dérive profonde du pouvoir s’agissant du respect des institutions. Nous avons d’abord vu le chef de l’Etat appeler les présidents respectifs de l’Assemblée nationale et du Sénat pour leur intimer, au mépris de toute séparation des pouvoirs, d’obtenir le succès de la Commission Mixte Paritaire réunie au sujet du projet de loi sur l’immigration.
Il a après affirmé qu’il n’entendait pas décompter les votes des députés du Rassemblement national en faveur du projet de loi, définissant ainsi une catégorie de sous députés et traitant de même les citoyens qui les ont élus.
Il a ensuite, ainsi que la Première ministre et le ministre de l’Intérieur, déclaré qu’il comptait sur le Conseil constitutionnel pour censurer les dispositions du projet de loi, qui ne conviennent pas à l’aile gauche de la majorité… C’est une nouvelle atteinte à la séparation des pouvoirs et un manque de respect caractérisé pour ce que représente une loi au sein de notre République. Cela revient aussi à établir le gouvernement des juges en contradiction avec la vision verticale du pouvoir qu’Emmanuel Macron proclamait jusque-là. La confusion est totale.
Il ne faut pas s’étonner ensuite que les présidents des départements ayant une majorité de gauche, ou que la mairie de Paris décident de ne pas appliquer la loi sur leur territoire. Et comment demander aux citoyens de respecter la loi, même quand ils ne soutiennent pas, alors que les élus les plus éminents de la République, loin de montrer l’exemple, s’en affranchissent ?
L’article V de la Constitution confie pourtant au président de la République le rôle de gardien de la Constitution et du fonctionnement régulier des pouvoirs publics. Après avoir mis à terre notre système politique, le chef de l’Etat est en train de briser nos institutions. Il y a urgence à redresser la barre et à rendre à la fonction présidentielle la noblesse de son rôle.