Chers Amis,

La démocratie est un combat. Elle se construit au quotidien. Les dix derniers jours ont été rudes pour elle dans notre pays. Et il est clair que la France sortira politiquement essorée des trois derniers quinquennats. C’est sans attendre qu’il faut préparer la reconstruction de notre démocratie, en l’établissant sur du roc.

La vie politique française a été soumise à rude épreuve au cours des derniers jours. Le plus récent épisode fut, jeudi, la censure partielle de la loi immigration par le Conseil constitutionnel, qui l’a vidée de sa substance. Le problème est que la loi, dans version promulguée hier, est un texte, qui n’a aucune légitimité démocratique. Car les dispositions censurées par le Conseil constitutionnel sont celles sans l’ajout desquelles le gouvernement n’aurait pu obtenir le vote du projet de loi par le Parlement.

Pour respecter notre démocratie et les fondements de notre République, le Conseil constitutionnel aurait dû aller au bout de sa logique et censurer l’ensemble de la loi. Cela aurait placé chacun devant ses responsabilités et obligé le pouvoir à considérer l’opportunité d’une révision de la Constitution. Cette affaire confirme que les institutions ne valent que par les hommes et les femmes qui les animent. La composition actuelle du Conseil constitutionnel n’en fait malheureusement pas le rempart de la République qu’il devrait être. La promulgation précipitée de la loi par le chef de l’Etat confirme également sa difficulté à habiter cette fonction.

Le traitement par le pouvoir du drame de Pamiers, qui a entraîné la mort d’Alexandra Sonac et de sa fille Camille sur un barrage agricole, a représenté une autre atteinte à notre vie démocratique. L’exécutif et les médias qui en sont proches ont cherché à taire le fait que les trois occupants de la voiture ayant provoqué l’accident faisaient l’objet d’une Obligation de Quitter le Territoire Français. Cela pose d’abord la question de l’inexécution des ces décisions de justice par le gouvernement. Au regard de l’actualité des derniers mois, il est saisissant de constater la proportion de personnes frappées d’OQTF parmi celles impliquées dans les actes terroristes, criminels ou délictueux.

Cette affaire constitue aussi un nouveau témoignage du rapport difficile du pouvoir à la vérité. Comme justement souligné par Édouard Tétreau dans Le Figaro hier, le vice de notre système actuel réside « dans l’obsession de taire la vérité, de ne jamais donner, ni même produire le chiffre qui dérange, le fait qui fracasse les belles idéologies ou constructions juridiques. » Cette omerta sert de carburant à ce que nos gouvernants traitent trop facilement de populisme. En agissant de la sorte, l’exécutif constitue le meilleur soutien du Rassemblement national pour la préparation de sa prise de pouvoir.

Le projet d’inscription de l’avortement dans la Constitution est une autre illustration de la fatigue de nos institutions. Le président du Sénat a raison de rappeler qu’il n’a pas sa place dans la Constitution. Il est par ailleurs paradoxal que l’exécutif veuille constitutionnaliser de nouveaux droits pour les citoyens, alors qu’il ne respecte pas leurs droits constitutionnels.

Jamais, sous la Vème République, la liberté d’aller et de venir, la liberté d’entreprendre, la liberté d’expression ou la liberté d’association n’ont, pendant deux quinquennats, été aussi bridées, au prétexte de la lutte contre les Gilets jaunes, de la pandémie de Covid, de la persistance d’une menace terroriste ou d’autres trouvailles encore. Le maintien de l’ordre républicain ou la bonne articulation de nos libertés communes peuvent certes légitimer des restrictions. Mais il faut faire le triste constat que nous aurons eu, depuis 2012, à la fois la chienlit et moins de liberté.

Le plus gros problème de la période que nous vivons est sans doute le décalage entre le discours et les actes. C’est ce contre quoi se révoltent avec détermination nos agriculteurs. C’’est ce que dénoncent policiers et juges, s’agissant de notre politique d’immigration. C’est ce que ressent l’immense majorité des Français, comme le reflètent les sondages. Et c’est parce que nous comblerons ce fossé et ferons les choix de la vérité que nous pourrons demain faire triompher la démocratie, redresser notre République et donner à la France l’avenir qu’elle mérite. Notre combat est là !

Bon week-end à tous dans l’espérance, la détermination et la liberté

Amicalement

François

François Vigne

Président de la France en marche

lfm_2016