Chers Amis,
Il y a deux ans exactement, les troupes russes agressaient l’Ukraine et commençaient à y semer crimes et désolation. La résistance héroïque du peuple ukrainien, soutenu par les démocraties occidentales, a permis de briser l’offensive et d’éviter l’annexion, au prix de lourdes pertes humaines. Ce sacrifice nous oblige. Derrière l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ce sont nos propres frontières et nos libertés que nous défendons. À ce moment critique de la guerre, nous devons plus que jamais renforcer notre soutien à la nation ukrainienne afin de faire triompher le droit, la paix et la liberté contre les menées expansionnistes de Vladimir Poutine et de sa clique.
24 mois après le début de l’offensive russe, alors que la guerre semble partie pour s’éterniser, la tentation est grande de céder au découragement. Les suppôts du pouvoir de Moscou, tous ceux qu’il entretient et corrompt, veulent nous faire croire à une prochaine victoire russe et nous faire douter de la pertinence de notre soutien sur le thème du « à quoi bon ». Nous avons connu les mêmes situations pendant les Première et Seconde Guerres mondiales. Plutôt que de tomber dans leur piège, nous devons accroître notre soutien pour défaire le pouvoir russe et obliger ses armées à faire retraite.
Il en va de notre propre paix et de notre liberté. L’histoire l’a montré. Nos faiblesses encouragent la guerre et permettent aux dictateurs de donner libre cours à leurs sales desseins. Comme nous en avertit l’ancien lieutenant-colonel du KGG et député de l’opposition Guennadi Goudkov dans Le Figaro d’hier, la guerre russe contre l’Ukraine « n’est pas un conflit territorial, mais un conflit entre dictatures révisionnistes et démocraties garantes du droit. Poutine est le nouvel Hitler, et nous sommes en 1938. Si nous ne l’arrêtons pas, il avancera vers l’Otan. Je veux dire solennellement aux Européens que cette guerre est la dernière à laquelle ils ne participeront pas, si l’Ukraine perd… ».
C’est au nom de la même défense de la démocratie, du droit et des libertés que nous devons combattre la décision du Conseil d’Etat contre CNews. Il appartient à chaque citoyen de faire la part des choses et de choisir de regarder ou non cette chaîne, ainsi que les autres, comme il a le libre choix de ses lectures. Le rôle de l’Etat est de former les citoyens au libre-arbitre, de favoriser leur esprit critique et d’assurer le pluralisme des médias, en évitant leur concentration dans les seules mains du pouvoir en place ou d’une quelconque puissance économique. Il n’est pas de contraindre les chaînes de télévision à ficher les éditorialistes, chroniqueurs et autres invités en fonction de leurs opinions politiques présumées.
Ce n’est pas parce que le pouvoir panique face à la progression continue du Rassemblement national et sa probable victoire aux élections européennes que nous devons accepter de nouvelles restrictions de nos libertés et le musèlement des médias d’opposition. Il revient au contraire à l’exécutif de prendre les mesures nécessaires pour rendre inopérante la décision du Conseil d’Etat en consacrant, le cas échéant par la loi, la liberté éditoriale des chaînes de télévision. Les dernières décisions de la plus haute juridiction administrative, y compris celle sur le gel de la rémunération du livret A, ainsi que la baisse de la qualité de son recrutement, doivent nous faire réfléchir sur son rôle dans nos institutions. Le Conseil d’Etat juge plus souvent en opportunité, selon le bon vouloir du pouvoir en place, qu’en droit. Est-il raisonnable de lui laisser un rôle de juge des libertés ? Il apparaît de plus en plus que non.
Le problème de la baisse de la qualité du recrutement ne se limite pas au Conseil d’Etat. Il affecte plus généralement l’ensemble de la fonction publique, à commencer par l’Education nationale, ainsi que le personnel politique. Les meilleurs ne rejoignent plus la haute administration ou la carrière politique. Ils lui préfèrent, de façon très compréhensible, l’entreprise où ils trouvent plus de motivation, de liberté et de moyens. Le coup de rabot de 10 milliards d’euros, annoncé par le gouvernement dimanche dernier, leur donne raison. Plutôt que de freiner la politique de distribution électoralistes à tout va, l’exécutif préfère encore appauvrir ses services.
C’est pourtant en restaurant l’Etat, en nommant à sa tête des hommes et des femmes de qualité, capables de dynamiser, de responsabiliser et de motiver ses équipes, que nous parviendrons ensemble à assurer le redressement du pays. Cette véritable révolution, comme celle de notre vie politique, est à mettre en œuvre d’urgence pour sortir de la spirale actuelle de déclin et permettre le relèvement de la France, dans la vérité, la liberté et la poursuite du bien commun. Notre combat est là.
Bon week-end à tous, en communion avec nos frères et sœurs ukrainiens, ainsi que nos agriculteurs rassemblés, pour leur salon, à Paris
Amicalement
François
François Vigne
Président de la France en marche