Chers Amis,

Après deux mois et demi d’attente, nous avons enfin un gouvernement. Certains ont déjà commencé à tirer à boulets rouges sur la nouvelle équipe, anticipant sa chute rapide. C’est pourtant notre responsabilité commune de la soutenir. Nous constatons déjà les dégâts de la beaucoup trop longue période d’intérim. Les défis auxquels notre pays est confronté imposent de s’unir pour les relever et permettre à notre pays de repartir de l’avant.

Quelles que soient les faiblesses du nouveau gouvernement formé samedi dernier, il nous revient de le soutenir. Le choix de Michel Barnier était le meilleur possible dans les circonstances actuelles. Je le connais bien. C’est un homme solide, fiable, serviteur du bien commun. Nous voyons les conséquences catastrophiques de la vacance gouvernementale de l’été sur la glissade accélérée des déficits publics. C’est pendant cette même période d’intérim, alors que Gérald Darmanin et Éric Dupont-Moretti étaient censés exécuter les affaires courantes, qu’est survenu le terrible calvaire de Philippine, à laquelle je rends un profond hommage.

Les défis sont immenses. Le gouvernement a un horizon trop limité pour tous les relever. Il doit en priorité s’atteler au redressement des comptes publics, tant celui-ci commande tout, du bon fonctionnement des services publics à l’influence européenne et internationale de la France, comme à la préparation de son avenir.

La dérive récente est invraisemblable. La dette publique a atteint 112% du PIB en juin ; le déficit est désormais annoncé à 6,2% de ce même PIB. Les hommes et les femmes de la précédente équipe gouvernementale, qui prétendent découvrir cette situation, ne sont pas crédibles. Tous les indicateurs le confirment. La France n’a pas de problème de recettes, ses prélèvements obligatoires étant déjà au niveau le plus élevé. Mais ses dirigeants politiques dépensent beaucoup trop !

C’est pour cela que Michel Barnier a eu tort d’affirmer que le rétablissement de la situation financière du pays pourrait imposer un « effort de justice fiscale ». Les chiffres démontrent que la France est en tête des pays où la redistribution sociale est la plus forte. Entretenir les Français dans l’illusion que notre pays ne ponctionne pas assez les plus favorisés est une erreur. Car c’est un mensonge qui empêche notre peuple de voir la réalité en face et d’adopter les bonnes mesures pour mettre un terme à l’appauvrissement national.

Comme l’a justement souligné François Asselin, le sujet qu’il faut traiter, c’est celui de la réduction des dépenses publiques. L’effort n’est pas tant à porter sur la baisse des dépenses de fonctionnement des services publics. Il y reste bien sûr des gisements d’économies, qui doivent être poursuivis sans relâche. Dans cette perspective, l’exécutif serait bien inspiré de s’attaquer à la surpopulation ministérielle actuelle. Mais les gains devront être réalloués en priorité aux dépenses d’investissement, qui n’ont pas été réalisées, ou aux augmentations de salaires nécessaires pour convaincre les jeunes talents de faire le choix de l’enseignement, de l’armée, de la police ou de la magistrature.

Les vraies économies à effectuer le sont dans les revenus de transfert, aides, allocations et versements en tout genre, qui constituent désormais l’essentiel de la dépense publique. Comme vient de le confirmer l’étude de Jean-Pascal Beaufret dans la revue Commentaire, plus de la moitié des 1000 milliards de dette publique supplémentaire, accumulée depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, est due aux retraites. Le président a, en cela, voulu favoriser le socle de sa base électorale. C’est l’un des grands problèmes de la démocratie, parfaitement identifié par Tocqueville. Elle pousse beaucoup d’élus à pratiquer le clientélisme pour acheter leur réélection. Il est urgent de mettre en place les dispositifs nécessaires pour briser cette mécanique infernale, avant qu’elle ne provoque la ruine de notre pays.

C’est d’autant plus indispensable que l’explosion des dépenses publiques s’accompagne de la dégradation des services qu’elles financent. L’incapacité du ministère des Finances à prévoir l’explosion du déficit budgétaire ou la multiplication des dysfonctionnements administratifs et judiciaires, qui ont conduit à la mort de Philippine, en témoignent. La majorité des Français en sont conscients, mais n’osent pas agir et préfèrent faire le dos rond. Comme l’a pointé Alexeï Navalny, « le mal, dans le monde vient de l’inaction des gens bien ». C’est cette masse silencieuse que nous devons réveiller et appeler à agir, au service de la France, de nos enfants et de nos petits-enfants.

Notre pays se trouve à un tournant de son histoire. C’est la fin d’une époque. Celle qui vient exige de la lucidité, de l’imagination, du courage et de la persévérance. C’est en rassemblant nos concitoyens dans cette perspective que nous offrirons à la France l’avenir qu’elle mérite.

Bon week-end à tous, en communion avec nos frères et sœurs libanais, pris sous le feu de la guerre

Amicalement

François

François Vigne

Président de la France en marche

lfm_2016