Chers Amis,

Michel Barnier a raison. Comme il l’a dit cette semaine, «nous ne devrions pas faire semblant de négocier» avec Boris Johnson et ses équipes. Ce qui est vrai du Brexit l’est aussi de l’immigration. Emmanuel Macron ne devrait pas faire semblant de s’en saisir. Contrairement à ce qu’il a déclaré lundi, cela fait près de 40 ans que nous n’arrêtons pas d’en parler. Le problème n’est pas de regarder le sujet en face, comme le promettait déjà Manuel Valls il y a cinq ans, mais d’agir enfin,  en œuvrant simultanément dans quatre directions.

Nous devons affronter la question démographique et des migrations et lui apporter de vraies réponses, au lieu de gérer chaque arrivée de bateau dans la crise et l’urgence. Il faut, dans la même perspective, repenser et intensifier l’aide au développement, en Afrique tout particulièrement, pour y sédentariser les jeunes en leur y offrant un avenir. Il convient en parallèle de s’attaquer décisivement, avec tous les moyens nécessaires, aux passeurs, ainsi qu’au trafic de drogue, qui lui est lié, ainsi qu’à tous les bénéficiaires de ces activités odieuses. Nous devons enfin refonder notre modèle d’intégration qui a fait faillite et qu’il est urgent de rebâtir totalement.

Point n’est donc besoin de discourir. Le seul défi est d’agir. Les 29 premiers mois du quinquennat Macron augurent mal des prochains en la matière. En préférant la parlote à l’action, Emmanuel Macron n’a d’autre objectif que tactique, celui de renforcer le Rassemblement national et d’enfermer les Français dans un choix électoral stérile entre le parti présidentiel et celui de Marine Le Pen. C’est de la vieille politique, à l’ancienne, celle que nous subissons depuis 38 ans et qui nuit au pays tout entier.

Nous devons être tout aussi critiques sur la gestion présidentielle de l’équipe gouvernementale. L’annonce de la mise en place d’une application de surveillance par le président de la République de ses ministres, comme ses menaces à leur égard : « Si vous ne changez pas, je vous change », illustrent un management par la terreur, qui est inefficace, dysfonctionnel et dépassé. En déployant de telles pratiques, le chef de l’Etat gère mal ses ministres et il donne un très mauvais exemple à tous les dirigeants et managers de France.

Le rôle d’un chef n’est pas de surveiller et de menacer, mais de responsabiliser et de faire croître les hommes et les femmes dont il a la charge pour le meilleur service du Bien commun. Il doit aussi faire preuve de cohérence et de justice. Emmanuel Macron ne peut être crédible quand il affirme accorder la priorité aux résultats, alors qu’il maintient Christophe Castaner à la tête du ministère de l’Intérieur.

S’il y a un sujet à regarder en face, pour reprendre l’expression présidentielle, c’est l’échec de l’exécutif dans le domaine du maintien de l’ordre et de la protection des libertés publiques. L’affaire Steve Maia Caniço témoigne de sa faillite complète. Elle a fait une victime, un jeune de 24 ans qui méritait un autre avenir. La puissance publique a dysfonctionné, du début à la fin.

Les services municipaux et préfectoraux ont mal anticipé la gestion du maintien de l’ordre pendant l’événement. Les recherches ont mis beaucoup trop longtemps à être déclenchées avec l’ampleur nécessaire. Le Premier ministre n’aurait pas dû, fin juillet, dédouaner trop rapidement l’action de la police la nuit du drame sur le fondement d’un rapport inachevé et tronqué de l’IGPN. L’exécutif a tort aujourd’hui d’épargner la chaîne de commandement et de sanctionner un seul lampiste sur la base d’un rapport de l’IGA qui contredit celui de l’IGPN.

Tout le monde est perdant dans cette affaire. Steve Maia Caniço et sa famille d’abord, de façon dramatique, mais aussi la police, l’IGPN et l’Etat. Cette affaire les discrédite et accroît le fossé qui les sépare de plus en plus de nos concitoyens. Il y a donc urgence à changer de ministre, de politique et de façon de diriger la France.

J’ai une immense confiance dans notre nation et dans son avenir. Nous avons, grâce à notre histoire, grâce à notre héritage, grâce à nos valeurs, grâce à nos atouts, grâce notre peuple, un formidable potentiel. Encore nous faudrait-il avoir des dirigeants à la hauteur, des dirigeants qui ne cherchent pas à jouir du pouvoir et à l’accaparer, des dirigeants qui ne se contentent pas de surfer sur les modes et de sauter d’un sujet à l’autre sans les traiter, des dirigeants qui aient pour seul désir de servir notre pays, ainsi que l’avenir de nos enfants et petits-enfants.

Tel est notre objectif. Telle est notre ambition. Ensemble, construisons une France et une Europe meilleures.

Je forme mes plus vifs vœux de succès pour le XV de France ce matin à Tokyo. Allez les Bleus !

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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