Chers Amis,

Il y urgence à réémerveiller l’Etat. Il y a urgence à réveiller l’espérance de ses agents. La mobilisation des policiers mercredi, ainsi que celle des directeurs d’école et professeurs jeudi, illustrent la profondeur du malaise actuel. La semaine aurait constitué un simple voyage en absurdie, si elle ne s’était pas si tragiquement conclue hier par l’assassinat de quatre policiers au cœur même de la préfecture de police de Paris. C’est à eux que je veux d’abord rendre hommage. C’est pour eux aussi que nous devons nous battre en refondant l’Etat dont la France a besoin.

L’affaire née de l’incendie de Lubrizol à Rouen est une terrible illustration de la faillite des autorités publiques. Contrairement à ce qui a été dit, le vrai problème n’est pas le coup de projecteur qu’elle donne sur la défiance des Français à l’égard de leurs gouvernants, mais le naufrage dont elle témoigne de la communication d’un Etat empêtré dans ces mensonges.

Les Français n’ont pas cru aux paroles rassurantes du préfet, des ministres et du Premier ministre parce qu’elles n’étaient pas crédibles. L’Etat ne pourra retrouver la confiance des citoyens qu’en cessant de les infantiliser et en les prenant pour ce qu’ils sont, des hommes et des femmes intelligents, informés, doués de bon sens et capables de raisonner. Plutôt que d’affirmer des contre-vérités, comme cela avait déjà été le cas lors de l’affaire Steve Maia Caniço, le Premier ministre, ses ministres et le préfet auraient dû reconnaître leur ignorance sur la nature de la pollution et appeler à prendre les mesures de précaution nécessaires.

La réforme de la communication de l’exécutif est impérative. Il en va de même pour la réforme de l’Etat et de sa gestion des hommes et des femmes qui le servent. La marée de policiers réunie mercredi, tous grades et tous corps confondus, pour réclamer du respect, du soutien, de la reconnaissance et un nouveau sens à leur travail, ne disait pas autre chose. Après 30 mois d’immobilisme, ils n’ont plus besoin de discours. Ils veulent des actes.

Du sens, de l’éthique et de l’action, c’est ce que demandent aussi l’ensemble des directeurs d’école et professeurs, à commencer par les milliers qui ont fait grève après le suicide de Christine Renon, leur collègue directrice d’école à Pantin. La situation ne peut plus durer. Le gouvernement doit s’en saisir et agir enfin.

Il en va de même pour nos finances publiques. Le projet de budget rendu public il y a huit jours a confirmé le renoncement de l’exécutif à mettre en œuvre le rétablissement des finances publiques qu’il avait promis en 2017. Alors que notre nation vient de faire son entrée dans le club très restreint des pays dont la dette représente plus de 100% du PIB et que l’arrivée de la prochaine crise se précise, Emmanuel Macron, comme son prédécesseur, préfère laisser filer le déficit et en reporter la charge sur les générations suivantes. Ce n’est pas responsable !

Il est vraiment temps de regarder la réalité en face et d’arrêter de se voiler la face. Non, l’Etat français en fonctionne plus bien et n’est plus le modèle qu’il a été. Non, il n’est pas normal, ni acceptable que les pouvoirs publics continuent à laisser dériver les comptes publics. Non, nous ne devons pas non plus tolérer les déviances que nous constatons actuellement au plus haut niveau de l’Etat et qui menacent les libertés publiques.

Le projet dévoilé par Gérard Darmanin d’utilisation des données personnelles sur les réseaux sociaux pour traquer la fraude fiscale est liberticide et doit être combattu. Il faut également condamner le faux décompte des voix par Richard Ferrand lors du vote de la loi sur la PMA à l’assemblée vendredi dernier, comme l’attitude totalitaire de la ministre de la Santé balayant d’un revers de main les fortes réserves de l’Académie de médecine sur ce même projet de loi, ainsi que les obligations de la France au regard de la Convention Internationale des droits de l’enfant.

Il est plus que temps de renoncer aux mauvaises pratiques toujours en usage. La République n’aurait jamais dû présenter la candidature de Sylvie Goulard au poste de commissaire européen compte tenu des affaires dans lesquelles elle est empêtrée. Son audition par le Parlement fut un autre naufrage. Quelle que soit la réalité des faits reprochés, le bon sens et l’éthique de responsabilité auraient dû conduire nos gouvernants et à l’intéressée à renoncer. La France a tellement d’autres talents qui ne sont pas entachés des mêmes suspicions et qui pourraient mieux nous représenter !

Loin de nous désespérer, ce long florilège des dysfonctionnements actuels doit nous motiver. La France mérite mieux !  Il n’y a pas de fatalité. La refondation de l’Etat et le redressement du pays sont à notre portée. Ce n’est qu’une question de volonté, de vision, de sens de la justice et du bien commun, ainsi que d’éthique. C’est notre devoir d’agir, sans laisser personne sur le bord du chemin, pour permettre à notre pays d’affronter enfin les problèmes qui le minent, pour lui donner les moyens de repartir de l’avant, pour assurer la prospérité de tous et pour préparer un avenir radieux à nos enfants et petits-enfants.

Tout ceci, nous le pouvons ! Ensemble, mobilisons-nous er agissons pour que la flamme de la France brille de nouveau partout dans notre pays et sur le monde.

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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