Chers Amis,
A cette heure, il y a 101 ans, la France s’apprêtait à sortir de la guerre en signant l’armistice avec l’Allemagne. Au terme de quatre ans d’un conflit terrible, qui a profondément meurtri notre pays et l’Europe entière, notre peuple et ses alliés pouvaient enfin célébrer la fin des combats et la victoire. Commémorer des événements déjà lointains pour les jeunes générations pourrait paraître vain s’il ne s’agissait pas de se souvenir pour mieux agir !
En ce 11 novembre 2019, je veux d’abord rendre hommage à tous ceux qui se sont battus pour que nous vivions libres, aux 1 400 000 morts et au cortège des blessés, amputés, brûlés, gazés, qui ont porté tout au long de leur vie les séquelles de leur combat pour la patrie. Leur sacrifice mérite notre profond respect.
Mais la meilleure façon de leur rendre hommage et d’honorer leur sacrifice est de nous occuper du présent et de l’avenir. Nous avons la chance de vivre la période la plus pacifique de l’histoire de notre continent. 74 ans se sont maintenant écoulés depuis le dernier conflit entre grandes puissances européennes.
Pour autant, rien n’est gagné. Comme l’a déclaré Angela Merkel samedi à Berlin en célébrant le trentième anniversaire du Mur, « les valeurs qui fondent l’Europe, la liberté, la démocratie, l’égalité et l’Etat de droit doivent toujours être défendues ».
Plusieurs menaces sont susceptibles de ramener la France, l’Europe et le monde en arrière. Comme l’ont montré les nombreux attentats qui ont frappé notre nation, ainsi que ses voisins depuis cinq ans, nous ne sommes pas immunisés contre les forces de l’obscurantisme et le terrorisme islamiste. L’offensive turque contre le Kurdistan syrien confirme que la guerre continue à tuer tout près de l’Europe. Et la crise des Gilets jaunes, comme les mouvements sociaux qui sont en train de se développer, témoignent de la fragilité de notre consensus national. Cette situation n’est pas propre à la France, comme l’illustrent la crise catalane ou les récentes élections régionales en Allemagne, mais elle est particulièrement aiguë dans notre pays.
Dans ce contexte, il est essentiel d’agir de façon responsable en veillant à ne jamais jouer avec les peurs, comme le font tous ceux qui instrumentalisent le sujet de l’immigration ou les organisateurs irresponsables de la marche d’hier contre la soi-disant islamophobie. Il nous revient aussi de rappeler la grandeur de ce qui a été accompli en Europe depuis les deux conflits mondiaux.
Rien n’a été facile. Des antagonismes ancestraux ont dû être surmontés. Il a été nécessaire de répondre à des questions complexes de souveraineté et de partage de responsabilités. Et, à chaque pas, il a fallu résister à l’envie de faire machine arrière. Mais la volonté d’établir durablement la paix en Europe et d’affronter ensemble notre destin nous a permis de surmonter ces difficultés.
Avec force et détermination, grâce à la puissance de nos idéaux et l’action déterminée de dirigeants visionnaires, à commencer par le général de Gaulle, Konrad Adenauer, Jean Monnet où Robert Schuman, nous avons scellé la réconciliation franco-allemande, mis fin à la guerre froide et fait triompher la liberté partout en Europe. L’Allemagne a été réunifiée. Nous avons accueilli au sein de l’Union les jeunes démocraties sorties du joug communiste. Même si la situation politique y reste fragile et mérite tout notre engagement, cette réussite constitue l’un des plus grands succès politiques et économiques de tous les temps.
C’est pour cela qu’au-delà des petites phrases inutiles et des discours sans lendemain, nous devons nous mobiliser pour éliminer les dysfonctionnements qui minent actuellement nos démocraties et l’Union européenne. L’heure est venue de mettre fin aux compromis frustrants qui concluent trop de conseils européens. Nous devons aussi supprimer toutes les strates bureaucratiques inutiles qui ralentissent la prise de décision et discréditent l’Union. C’est parce que nous saurons agir vite et bâtir enfin l’Europe nouvelle que nous lui donnerons un avenir.
Dans le même temps, il est urgent de dégager les ressources nécessaires pour financer l’effort de défense assurant notre sécurité, notre souveraineté et notre liberté. Au moment où des tensions graves se multiplient aux frontières de l’Europe, où la tentation autoritaire se développe chez plusieurs de ses membres et où le terrorisme islamiste continue à nous menacer, nous devons continuer à renforcer les moyens de nos armées.
Alors que le président de la République s’apprête à inaugurer le monument aux morts pour la France en opérations extérieures, il est essentiel de nous rappeler que les institutions internationales, les traités et les déclarations n’ont pas suffi à apporter la paix, la stabilité et la prospérité. Il a fallu le sacrifice d’hommes et de femmes en uniforme, désireux de servir leur pays jusqu’au bout. Car les soldats et les armes ont un rôle décisif à jouer pour préserver la paix.
En ce 11 novembre 2017, honorons notre histoire et la mémoire de ceux qui ont combattu pour notre liberté en choisissant un avenir meilleur. Surmontons nos divisions, avançons en nous appuyant sur les idéaux qui fondent notre nation et acceptons la responsabilité de laisser le monde plus prospère et plus pacifique qu’il nous a été donné. Ensemble, nous pouvons y parvenir ! Ensemble, nous y parviendrons !
Bon 11 novembre à tous
François Vigne
Président de la France en marche