Chers Amis,
Où va la France ? Bienheureux qui peut le dire dans le brouillard actuel. Les derniers sondages confirment les contradictions de notre peuple. Plus des 2/3 des Français craignent que le second tour de la prochaine élection présidentielle oppose Emmanuel Macron à Marine Le Pen. Mais ils sont près des 3/4 à vouloir un autre choix. 2/3 d’entre-eux jugent le mouvement des Gilets jaunes justifié. Mais ils sont la même proportion à souhaiter des nouvelles réformes. Pour sortir de l’impasse où ces contradictions nous conduisent, il est urgent de donner à la France un nouveau cap et une nouvelle espérance.
Le constat est unanime. La situation sociale française est explosive. Retraites, hôpitaux, immigration : les craintes, rejets et révoltes sont de nouveau en train de se cristalliser avec un risque de coagulation de tout. La peur domine l’actualité : celle du premier anniversaire des Gilets jaunes ce samedi à Paris, celle d’une grève longue des transports publics à partir du 5 décembre, et bien d’autres. L’impatience grandit aussi face à la lenteur de la réaction des pouvoirs publics à l’égard du défi climatique, de la montée des féminicides ou de la multiplication des morts violentes dans les banlieues. Face à cela, l’exécutif apparaît pusillanime, vacillant, traumatisé par les violences de l’hiver dernier.
L’erreur du pouvoir a été de croire qu’il suffirait de recourir aux notions d’égalité et de couple récompense / prise de risque. Mais les Français savent que la réalité est plus complexe, que l’égalité de droits ne suffit pas à créer l’égalité de chance, que le profit individuel n’est pas toujours la récompense d’une prise de risque supérieure et qu’il peut y avoir, pour chacun, des accidents de parcours. C’est l’angle mort de la politique menée depuis 2017, ce décalage entre la théorie et la réalité, ce fossé qui sépare la posture technocratique et la vraie vie.
La perspective et la méthode doivent changer. Les hésitations actuelles sur la réforme des retraites sont aussi anxiogènes pour les Français que le tourbillon des premiers temps du quinquennat. Jean-Paul Delevoye a raison de s’opposer au recours à la facilité de la clause de grand-père. Si la réforme est nécessaire, si elle est possible, si elle est juste, il n’y a aucune raison d’en laisser la charge à notre seule jeunesse et aux générations qui vont nous succéder. Ils subiraient dans ce cas la double peine : celle de notre dette d’une part et celle de retraites beaucoup moins favorables d’autre part.
La déstabilisation des corps intermédiaires, l’Ubérisation des syndicats laissent le pouvoir seul face aux colères sociales. Il faut savoir citer les choses, affronter les problèmes sans hypocrisie. Mais détruire n’a de sens que si c’est pour mieux reconstruire. Nous constatons chaque jour les méfaits des coups de boutoir stériles de Donald Trump contre le multilatéralisme. Décrédibiliser l’OTAN est tout aussi improductif, tant qu’on a rien d’autre à lui substituer.
Il est temps de retrouver une vraie vision, un vrai cap, une vraie méthode. C’est d’autant plus indispensable que les Français demandent de nouvelles réformes, comme le montre le sondage paru hier. C’est d’autant plus nécessaire qu’il reste tant de choses à faire.
Comme vient de le démontrer Patrick Artus, deux raisons expliquent que la France souffre d’un redoutable manque de moyens pour ses soldats, pour ses policiers, pour ses juges et pour beaucoup des ses services publics, alors que ses dépenses publiques sont les plus élevées de tout l’OCDE en proportion du PIB. La première est le poids des retraites, plus élevé qu’ailleurs, ce qui rend leur réforme absolument indispensable ; la seconde est la faiblesse de la productivité du travail dans le secteur public, 20 % plus basse chez nous que dans le reste de l’OCDE ou le reste de la zone euro. C’est pour cela qu’il est urgent d’entreprendre enfin la réforme de l’Etat.
Le temps est à l’action. C’est notre responsabilité. Nous ne sommes pas là pour nous contenter de commenter ! Face aux changements du monde et à tous les défis auxquels ils nous exposent, il nous revient d’agir pour construire la France, l’Europe et le monde que nous voulons. Ensemble, offrons leur l’avenir qu’ils méritent.
Bon week-end à tous
François Vigne
Président de la France en marche