Les élections d’hier en Catalogne ont donné une claire majorité des sièges aux indépendantiste renforcée par un taux de participation de 82% qui confère une pleine légitimité au scrutin.
Contrairement à ce qu’avait pensé Mariano Rajoy, Premier ministre espagnol, et tous ceux qui, d’Emmanuel Macron à Jean-Claude Juncker, avaient voulu minimiser la force du mouvement nationaliste en Catalogne, la dissolution du Parlement et les nouvelles élections n’ont pas permis de résoudre la crise catalane.
Ce résultat constitue pour eux, et en particulier pour le président français, un double signal d’alerte.
La crise actuelle est le fruit d’une lente dérive de près de 40 ans qui a mené la communauté autonome de l’autonomisme vers l’indépendantisme. C’est parce que le gouvernement espagnol a laissé pourrir le problème sans le traiter, comme le fait actuellement l’exécutif français en Corse, que nous en sommes là aujourd’hui. Il n’y a aucune fatalité, mais il est sûr que le peuple finit toujours par se venger quand les responsables politiques ne le prennent pas au sérieux.
C’est pour cela qu’il y a urgence à saisir le taureau par les cornes et à offrir un vrai projet politique au sein de la République à tous les Corses qui ont marqué leur désapprobation en s’abstenant massivement et en votant pour les autres listes que celles du parti présidentiel ou des Républicains.
Les élections catalanes sont également un avertissement pour l’Europe. Les dirigeants de l’Union ont traité par le mépris la crise ouverte par le référendum de 1er octobre 2017 et la déclaration unilatérale d’indépendance du 27 octobre dernier. Une nouvelle fois, ils ont créé un fossé entre l’Europe et les peuples des nations qui la composent.
Les élections françaises du printemps dernier avaient donné l’illusion d’un renouveau du sentiment européen. Leur résultat était pourtant très spécifique, lié à la politique absurde du gouvernement Hollande et à l’effondrement du vieux système politique français. Mais tous les autres scrutins, des référendums en Lombardie et en Vénétie aux élections autrichiennes, ont montré la force des sentiments nationalistes et régionalistes.
Face à cette situation, propice à toutes les aventures et à l’éclatement de l’Union, les gouvernants actuels restent aphones. C’est aujourd’hui leur responsabilité de retrouver de la voix et d’offrir aux peuples des nations qui composent l’Europe un véritable projet démocratique à la hauteur de leurs aspirations et de leurs légitimes revendications.