L’affaire Cahuzac est une affaire d’Etat.
Jérôme Cahuzac a avoué aujourd’hui ce que tout le monde savait : oui, il avait un compte caché à l’étranger. Le président de la République et le Premier ministre feignent l’ignorance. Mais ils ne pouvaient pas ne pas savoir que le ministre du budget était un menteur. Il a menti éhontément au pays, pendant 5 mois et avec leur complicité, sur la prévision de croissance française pour 2013, la maintenant contre toute évidence à 0,8% avant de la réviser brutalement à 0,1%. Comment le président et le Premier ministre peuvent-ils aujourd’hui tenter de nous faire gober qu’ils ont cru sur parole un menteur aussi patenté ?
Le président de la République est exposé en première ligne. C’est lui qui, il y a moins de 15 jours, a permis à Jérôme Cahuzac – pour le préserver – d’annoncer lui-même sa démission en court-circuitant le Premier ministre, alors que c’est ce dernier qui aurait dû proposer au président de mettre fin aux fonctions de l’ex-ministre du budget aux termes de la Constitution. Et c’est ce même Jérôme Cahuzac qui était encore présenté il y a quelques jours encore comme le meilleur des ministres du gouvernement Ayrault. C’est dire !
Ce qui est en cause, ce sont les pratiques d’un système dans lequel le mensonge est permis tant qu’il n’est pas découvert. Ce qui est en cause, ce sont les pratiques d’un pouvoir qui veux taxer les hauts revenus à 75% contre toute rationalité et contre toute efficacité économiques, mais pratique à titre privé l’évasion fiscale.
Il faut changer les pratiques. Nous proposons de sanctionner toute fausse déclaration patrimoniale par un élu de son inéligibilité définitive, ainsi que de la confiscation des biens dissimulés, en rendant cette sanction d’application immédiate. C’est M. Dosière, député socialiste, qui réclamait en décembre 2010 à l’occasion de l’affaire Woerth de prévoir une sanction pour fausse déclaration de patrimoine. Comme il le soulignait, « le voleur de mobylette risque une peine plus sévère qu’un député fraudeur. Quand on est faible, la sanction est lourde ; quand on est puissant, la sanction est légère. Pour protéger une poignée de délinquants, on jette l’opprobre sur l’ensemble des élus de la nation. C’est inacceptable et indigne. »
On peut s’étonner que la nouvelle majorité élue au printemps 2012 n’ait rien fait sur le sujet depuis son élection. Plutôt que faire la morale aux entrepreneurs, comme prétendait le faire le député socialiste Pierre-Alain Muet il y a quelques jours, que les parlementaires socialistes commencent par se la faire à eux-mêmes et par moraliser leurs pratiques. Il n’est plus temps d’attendre. Pour préserver notre démocratie de l’antiparlementarisme et du populisme, il faut agir d’urgence.
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