Chers Amis,
Le vote italien de dimanche dernier doit nous alerter. Il ne suffit pas de prétendre gouverner au centre et d’enchaîner les projets de réformes, comme l’avait fait Matteo Renzi, ou de mener une politique pro-business, à l’instar de ses successeurs, pour éviter la tentation des partis antisystème.
On peut choisir de s’étourdir à la réforme jusqu’à l’overdose. En huit jours, nous avons eu successivement les annonces de la réforme de la SNCF, de la réforme de la formation professionnelle, de la réforme du régime d’incarcération, de la réforme constitutionnelle, de la réforme de la licence à l’université, de la réduction à 80 km/h de la vitesse maximale sur les routes nationales et départementales ou d’un nouveau plan sur l’égalité hommes-femmes. L’objectif est clair : annihiler toute opposition en jouant l’effet de saturation et la succession des effets d’annonce. Mais les Français ne suivent plus et le résultat est là : la confiance continue de s’étioler.
Oui, il y urgence à agir. Mais il y a aussi urgence à prioritiser et à expliquer !
Huit Etats du nord de l’Europe, à savoir l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Finlande, l’Irlande, les Pays-Bas, le Danemark et la Suède, n’ont pas dit autre chose en appelant l’Union, en écho aux propositions d’Emmanuel Macron, à privilégier l’achèvement des réformes en cours plutôt que les discours. Comme l’a dit le ministre des Finances finlandais, « il ne faut pas mettre en œuvre des réformes plaisantes ou des quasi-réformes, mais être honnête et savoir quelles réformes résolvent vraiment les problèmes que nous avons ». Ces huit pays ne sont gouvernés ni par des majorités eurosceptiques, ni par des europhobes. Certains d’entre eux sont des pays fondateurs ou très anciens membres de l’Union. Leur appel doit être entendu.
Pour le chef de l’Etat français, l’état de grâce est terminé. C’est vrai en France. C’est vrai aussi au sein de l’Union européenne. C’est pour cela qu’il est urgent de se concentrer sur l’essentiel, à commencer par la réforme de l’Etat.
Clémenceau disait : « il est plus facile de réformer autrui que soi-même ». C’est sans doute pour cela que le président de la République et son Premier ministre ont tant de mal à s’attaquer à la transformation de l’Etat. Il est frappant de constater que, pour la réforme de la formation professionnelle, comme pour le nouveau plan sur l’égalité hommes-femmes, rien ne soit prévu pour l’administration publique. Il est pourtant clair que cette dernière est tout sauf exemplaire et qu’il est prioritaire de faire d’elle un modèle en matière tant de formation professionnelle que d’égalité hommes-femmes.
Qui trop embrasse, mal étreint. Il est à craindre que la boulimie réformatrice de l’exécutif manque l’essentiel et n’amène que des changements superficiels, comme l’ont fait les ordonnances travail. L’autre risque de la réformite actuelle est qu’elle aboutisse à une recentralisation massive au profit des administrations parisiennes.
Personne ne peut contester la nécessité de remédier aux dysfonctionnements des collectivités territoriales ou de la gestion paritaire et de rendre leurs acteurs enfin responsables. Mais ce n’est pas en reconcentrant tous les pouvoirs au sein d’une bureaucratie centrale, comme le gouvernement est en train de le faire avec la mise à mort de la taxe d’habitation ou de la réforme de la formation professionnelle, que nous rendons le système plus efficace et moins dispendieux.
Nous réussirons les réformes nécessaires et éviterons à la France la menace des extrêmes parce que nous atteindrons un double objectif : efficacité et grandeur de l’Etat d’une part, prospérité et progrès social d’autre part. Comme le disait le général de Gaulle en 1963, « un peuple comme le nôtre ne prodigue pas son labeur afin d’en rester à ce qui est acquis déjà. Le progrès est aujourd’hui notre ambition nationale. Progrès démographique, progrès économique, technique, scientifique, mais aussi progrès social, ce qui veut dire : amélioration nouvelle de la condition de tous, et en particulier des moins favorisés ».
L’actualité du propos reste entière et c’est cette même ambition d’un progrès partagé pour la France, pour l’Europe et pour tous les Français qui fondent notre projet. Tout cela est entre nos mains. Ensemble, nous pouvons construire une France meilleure !
Bon week-end à tous
François Vigne
Président de la France en marche