Chers Amis,

Ne baissons pas les bras face aux charlatans de la politique et à ceux qui veulent profiter des préoccupations et des craintes des oubliés du système ou qui se perçoivent comme tels. Le combat est engagé. Il nous revient de le gagner pour assurer un grand avenir à la France, à l’Europe et à la liberté. Cela suppose d’écouter la colère du peuple et de lui apporter des solutions. Tout reste à faire en la matière !

Le plus grave dans la crise italienne est moins la situation elle-même que la réponse, ou plutôt l’absence de réponse européenne. Les rares voix qui se sont exprimées l’ont fait pour dénoncer le populisme ou formuler l’idée stupide, et fondamentalement anti-démocratique, d’un nouveau vote pour obtenir une majorité pro-européenne. Mais, ce sont au total, des dirigeants pétrifiés et une Europe aphone dont nous avons eu, une nouvelle fois, le spectacle.

Si la classe politique italienne a ses responsabilités dans la crise actuelle, en particulier parce qu’elle n’a pas réalisé l’indispensable réforme de l’Etat, l’Europe a aussi les siennes. Elles sont grandes. C’est notamment parce que l’Union a manqué de solidarité dans la crise des réfugiés et parce qu’elle ne s’est toujours pas montrée capable de lui fournir une réponse crédible, pas plus qu’à l’appauvrissement des classes populaires, que le peuple italien a exprimé sa colère et a donné la majorité aux partis anti-système. Ce n’est pas en ignorant ou en refusant son vote que l’Europe pourra retrouver l’adhésion et le soutien des électeurs italiens.

Il faut que l’Union renoue avec les peuples. Elle doit cesser d’en avoir peur et d’apparaître comme l’ennemi du vote libre ou de la volonté populaire. Face au choix de la nation italienne, la bonne réponse eut été de lui dire, oui, nous nous sommes trompés, oui, nous avons mal géré la crise des migrants, oui, nous allons rapidement lui apporter une vraie réponse, oui, nous allons plus fondamentalement réformer les institutions, mais oui aussi l’Europe a des règles que vous devez respecter si vous voulez continuer à lui appartenir et en bénéficier. Vous pouvez bien sûr en sortir, mais ce sera votre responsabilité et à vos risques et périls.

Le pire est que l’Union continue dans la même direction. Le projet de budget européen révélé jeudi prévoit une baisse de la Politique Agriculture Commune de 12% sur la période post-Brexit, dont 8% pour les subventions directes au bénéfice des agriculteurs ! L’Union voudrait les précipiter dans les griffes des partis anti-européens qu’elle ne s’y prendrait pas autrement.

Il y a bien sûr des éléments à réformer dans la PAC. Et il faut financer les nouvelles dépenses liées aux enjeux de défense, de migration et de digitalisation. Mais les agriculteurs ne doivent pas être les victimes collatérales du Brexit, auquel ils ne peuvent rien. Concernant les économies à réaliser, c’est d’abord dans les dépenses de fonctionnement de l’Union qu’il faut trancher. Sacrifier cette politique fondatrice commune qu’est la PAC nous conduirait droit dans le mur, alors que les enjeux de souveraineté, de sécurité et de qualité alimentaire, comme d’aménagement du territoire et d’impact environnemental, sont plus que jamais d’actualité.

C’est notre responsabilité de faire échapper notre pays et l’Europe à la loi des trois générations. Il y eut le temps des fondateurs avec de Gaulle, Gasperi, Adenauer, Monnet ou Schumann, l’époque des développeurs avec Giscard et Schmidt. Nous sommes maintenant à la troisième génération, celle des dilapideurs. Pour éviter qu’ils ne continuent à ruiner l’héritage commun, il est urgent de changer de braquets. Il ne s’agit plus de discourir, de ressasser les vieilles mêmes propositions de budget ou de ministre de la zone d’euro, mais de remplacer les dirigeants de l’Union, d’affronter de façon décisive les vrais problèmes, à commencer par celui des migrants, et d’innover avec des projets forts suscitant l’adhésion des peuples d’Europe.

Il en va de même pour notre démocratie. Il est urgent de la réinventer, de la refonder et de la relégitimer auprès du peuple tout entier pour qu’elle ne rime pas demain avec ploutocratie ou démocrature, mais qu’elle devienne une nouvelle démocratie, plus efficace, plus légitime et plus forte. Cela implique de s’attaquer vraiment aux défis de la réforme de l’Etat, de la fracturation territoriale et sociale, de l’intégration des musulmans et de l’élimination des zones de non-droit. Ainsi pourrons-nous remettre la France sur le chemin du progrès et de l’unité.

C’est notre devoir et notre responsabilité. Ensemble, construisons l’avenir que nous voulons pour nos enfants, pour la France et pour l’Union !

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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