Chers Amis,
S’il y a une bataille à mener aujourd’hui, c’est celle de la chasse aux idées reçues. Près de deux ans après l’élection d’Emmanuel Macron, elles reviennent en force. Les derniers jours furent l’occasion d’un nouveau festival avec l’impôt sur le revenu pour tous, les contreparties aux aides sociales, les allocations chômage des cadres ou l’Etat-pompier. Ce n’est pas avec des idées déjà archaïques en fin de XXème siècle que nous ferons progresser notre nation et l’Europe au XXIème ! Il est urgent de dépasser les anciennes rengaines, les mauvaises habitudes et les vieux poncifs pour faire gagner la France aujourd’hui et demain.
Derrière le recours aux idées reçues se cachent souvent des intentions populistes, électoralistes ou clientélistes, ce qui revient peu ou prou au même. Quand le Premier ministre ou le ministre de l’Economie prônent l’établissement de contreparties aux aides sociales ou promeuvent l’Etat pompier, c’est pour flatter l’opinion ou la caresser dans le sens qu’ils estiment être celui du poil. L’objectif est clair, mais l’effet désastreux, car ce subterfuge entretient les Français dans des faux-semblants.
Les contreparties aux aides sociales en sont un bon exemple. Il peut paraître de bon sens de demander à ceux qui reçoivent de la collectivité de lui donner en retour. C’est une erreur d’analyse. Si la prestation assurée par l’Etat, les collectivités publiques ou la Sécurité Sociale relève de l’assurance, comme c’est le cas pour les indemnités chômage ou les pensions de retraite, la contrepartie existe déjà. Ce sont les cotisations préalablement versées ou payées après le retour à l’emploi. Ajouter une contrepartie serait faire payer deux fois, sauf à ce que les cotisations aient été mal calibrées. Il en va de même pour l’assistance, que la collectivité nationale accorde à ceux qui sont en difficulté, souffrent d’un handicap ou d’une insuffisance de formation. Imposer une contrepartie revient à leur infliger une double peine.
La pratique montre au surplus que cela ne fonctionne pas. L’instauration récente d’une exigence de contrepartie à la fourniture d’une protection sociale pour les sans-emplois en Arkansas s’est déjà traduite par la perte de toute couverture santé pour 18 000 bénéficiaires, créant pour eux et toute la population un risque sanitaire majeur. De même, nos collectivités publiques se montrent incapables de fournir durablement des activités utiles et l’encadrement nécessaires à des personnes éloignées de l’emploi. Les exemples des territoires 0 chômeur dans plusieurs régions de France constituent une bien meilleure réponse aux problèmes posés par les chômeurs de longue durée. Elles font d’eux de nouveaux cotisants qui règlent ainsi l’écot que le pouvoir voudrait sinon leur imposer.
Il en va de même avec l’Etat pompier. Quand Bruno Le Maire fait, cinq ans après, du Montebourg et proclame qu’il « faut se battre pour chaque emploi industriel menacé », il a tort. Cette aventure est une erreur si les moyens sont disproportionnés par rapport aux bénéfices qui pourront en être retirés et si le combat est perdu d’avance. N’importe quel militaire d’expérience le confirmera. Ce n’est pas faire preuve de défaitisme, ni d’impuissance bien au contraire. Il est légitime de défendre l’économie nationale et d’imposer le remboursement des subventions à ceux qui en abusent ou ne respectent pas les règles. Mais, pour gagner la bataille de l’emploi, nous ne devons pas mener tous les combats. Il faut nous concentrer sur les bons !
La France a fait le choix de l’économie de marché. Sauf à opter pour le collectivisme, cela suppose d’accepter que les entreprises puissent créer et fermer des sites. Ceci rappelé, la politique de l’Etat pompier coûte une fortune à la collectivité française. En cela, elle grève les finances nationales et renchérit le coût du travail en France au détriment de tous les salariés et des chômeurs, à commencer par les plus fragiles. Les sommes déjà dépensées sur les sujets Ascoval ou Ford Blanquefort sont très importantes. Ce sont autant de moyens qui auraient pu être beaucoup plus efficacement mobilisés au service de la formation, de la reconversion des salariés victimes de ces fermetures et de la création de nouveaux emplois en leur faveur.
Nos gouvernants continuent à se montrer irresponsables, comme ils le sont trop souvent depuis près de 40 ans. Plutôt que celle des contreparties à demander aux bénéficiaires d’aides sociales, la bonne question est celle des contreparties offertes aux Français par l’Etat en face des 57% de dépenses publiques. Le compte n’y est plus ! En guise de réduction des dépenses publiques, l’exécutif actuel pratique la baisse des prestations plus que proportionnelle à la diminution de la pression fiscale et sociale. Cela revient à dire que les contreparties offertes aux Français baissent ou que les dépenses augmentent en réalité. C’est d’ailleurs bien ce que notre peuple reproche à Emmanuel Macron et son équipe. Une autre politique est possible et il convient de la mener.
Faire la chasse aux idées reçues pour permettre à la France d’aller de l’avant, c’est aussi analyser en profondeur les expériences étrangères quand elles échouent avant d’aller les reproduire bêtement. Dans cette perspective, nous devons tirer toutes les leçons de la légalisation du cannabis en Californie. Les chiffres qui viennent d’être publiés sont clairs. Elle n’a pas permis de lutter contre le trafic de drogue. Au contraire, le marché noir y est plus dynamique que jamais. La conclusion est limpide. N’attendons pas de la légalisation du cannabis promue par l’exécutif une solution au grave problème de la drogue subi par notre pays. Pour remporter enfin la lutte contre les trafiquants et stopper les méfaits de la drogue sur ses victimes, menons la véritable politique de prévention sur laquelle le gouvernement fait aujourd’hui l’impasse et entamons sans plus tarder l’indispensable reconquête des zones de non-droit, en y consacrant l’ensemble des moyens nécessaires.
C’est parce que nous choisirons ensemble la voie de la vérité, de l’imagination, de l’audace et de la persévérance contre celle de l’hypocrisie, des vieilles illusions, de la facilité et des grands discours que nous permettrons à notre nation, comme à l’Europe, de repartir de l’avant. Face aux défis de l’époque que nous sommes en train de vivre, n’ayons pas peur et montrons-nous à la hauteur de l’histoire, de la force et de la grandeur de la France. Nous en avons ensemble, avec notre peuple et notre jeunesse, tous les moyens !
Bon week-end à tous
François Vigne
Président de la France en marche